Chapitre 38

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On se tenait côté à côte devant la porte du Temple sacré. Aucun de nous deux n'osait faire le premier pas, aucun de nous deux n'osait faire un seul geste. Aaron avait perdu son sourire, le sacrifice de Manu lui ayant arraché. Je pris une grande inspiration, saisissant sa main et je marchais en direction de la porte. Le maître hocha la tête d'un air approbateur, accompagné de Dahlia et Manu. Je leur souriais, continuant d'avancer vers la gigantesque porte trônant en face de nous. Que nous attendait il à l'intérieur ? Ma pierre chauffait contre ma peau, l'odeur de mer salée se faisait de plus en plus présente. Les lucioles nous accompagnaient vers notre destination. On s'arrêta devant cette imposante porte en acier. Il y eut un court instant, puis un grincement suivit. La porte s'ouvrait sous nos yeux, dévoilant une pièce vide et sombre. On échangeait un regard lourd de sens, puis dans une dernière inspiration, on s'engouffra dans le Temple sacré.

La porte se referma subitement derrière nos pas, me faisant sursauter et lâcher la main de Aaron. On ne voyait strictement rien, impossible pour nous d'avancer. Un bruit familier me fit lever la tête, regardant tout autour de moi. On aura dit de l'eau, de l'eau qui se déchaînait, comme un tsunami dévastateur. La pièce s'illumina, nous présentant un long couloir au mur de pierre menant à un ciel nuageux, sombre, une pleine lune le peuplant. Le cours d'eau se faisait de plus en plus fort, comme s'il se rapprochait. Aaron fit un pas à travers ces murs et la pièce se mit à trembler. Une vague faisant six fois notre taille déferlait dans notre direction. Mon sang se glaça dans mes veines, je me retournais vers la porte qui était malheureusement fermée. La vague fonçait tout droit sur nous, elle allait nous broyer les os, nous plaquer contre cette maudite porte.

J'échangeais un dernier regard plein d'espoir avec Aaron. Il m'ordonna d'appeler mes flammes, affirmant d'avoir une idée pour nous en sortir. Je lui répondis d'un hochement de tête appelant mes flammes d'un cri de détresse intérieur. Aaron créa une barrière d'eau pile au moment où elle allait nous tomber dessus. Je le regardais, le remerciant et lui souriant avec admiration. Il repoussa la vague, écartant les bras dans un hurlement de rage. Je modulais mes flammes, attendant que la vague revienne nous attaquer. Je devais l'avaler sans lui laisser le temps de s'échapper. L'eau bouillonnante se jeta dans notre direction, tandis que je l'enveloppais de mes flammes concentrant toute ma puissance. Aaron renforça ma prise, créant une prison d'eau tourbillonnante autour de la vague. Dans une inspiration, je resserrai l'étau formé autour de ma proie, et dans une expiration, je la pulvérisais, fermant mon poing. La vague disparut sous nos yeux.

On échangea un regard victorieux, hurlant et rigolant d'une joie intense. Des lucioles apparurent et on traversa le couloir ensemble, main dans la main. Aaron avait retrouvé son sourire et ses yeux pétillants, cela me faisait chaud au cœur. Plus on avançait, plus les murs du couloir de pierres se recouvraient de plantes et de mousses. Le parterre était jonché de fleurs qui embaumaient l'air, survolant l'odeur salée et chaude qu'avait laissée la vague. L'humidité se faisait de moins en moins présente, laissant place à un climat plus doux.

Après plusieurs minutes de marches à nous extasiées sur la beauté des lieux, on arriva dans une petite pièce. Des lianes fleuries tombaient du plafond et jonchaient les murs qui nous encerclaient. Un puits de lumière illuminait un socle posé sur une estrade, trônant au milieu de la pièce. On s'approcha lentement du socle, montant les marches de l'estrade. L'étrange socle possédait deux emplacements destinés à nos pierres. Aaron sortit sa fleur du choix et je fis de même avec ma pierre. On échangea un regard triomphant tout en déposant délicatement nos pierres. Le socle réagit immédiatement à leur contacte, laissant échapper une fumée mauve.

Soudain, deux personnes apparurent devant nous, tels des spectres. Je portais la main à mon sabre, mais Aaron m'empêcha de le dégainer. Un homme et une femme se tenaient derrière nos pierres respectives. L'homme passa lentement sa main dans ses cheveux blonds puis il se replaça bien droit derrière ma pierre, faisant ressortir sa carrure imposante. Il posa ses yeux noirs sur moi, ne me souriant pas.

La rive du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant