La rive du temps

Chapitre 9

La chaleur écrasante me tapait sur la tête et me rendait de plus en plus assoiffée. Malgré les arbres qui nous protégeaient, les rayons du soleil arrivaient à filtrer les feuillages denses. J'allais choper une insolation, c'était certain. Nous marchions depuis deux bonnes heures et je n'en pouvais plus, mes jambes tremblantes à chaque pas effectué. Manu répétait sans cesse que l'on arrivait bientôt, mais je n'en voyais pas la fin. Je m'arrêtais de marcher, à bout force. Manu me saisissait fermement le bras et me hissa sur son dos avec facilité.

- Qu'est-ce que tu fais ? m'étonnai-je.

- Je te porte, ça ne se voit pas ? rétorqua-t-il.

- La marche va être ralentie si tu me portes ! affirmai-je en rigolant.

- C'est mieux que de s'arrêter, affirma-t-il.

            Je lui demandais de me poser à terre, ne voulant pas qu'il supporte trop de poids alors que son poignet droit était cassé. Il me déposa au sol dans un rire et nous continuèrent notre marche sous un soleil de plomb. Une lueur brillait dans les yeux de Manu, mais elle n'était pas semblable aux autres. C'était une lueur d'espoir comme si le cauchemar était enfin fini.

            Manu passa son bras à travers un gigantesque buisson, il l'écarta en deux et je m'aventurais maladroitement de l'autre côté de son feuillage. Un mur imposant et infini stoppa ma marche frénétique. Il était construit en pierres grises et fissurées par le temps, la taille du mur devait être d'une vingtaine de mètres. C'était une vraie montagne, mais que pouvait-il bien cacher ? Manu me regarda, la lueur dans ses yeux s'intensifiant à la vue cette enceinte de pierre.

- Meyara, nous voilà sur l'autre rive, s'exclama-t-il dans un rire nerveux.

- Manu, je ne voudrais pas briser tes rêves, mais il n'y a pas de porte ! Est ce qu'on doit escalader ou quelque chose dans le genre ? ironisai-je.

- Bien sûr qu'il y a une porte, voyons Mey. Il faut juste être patient et chercher ! rétorqua-t-il.

- Qu'est-ce que tu veux chercher ? Ce mur s'étend à l'infini, impossible de trouver une porte à moins de la chercher pendant des jours, soufflai-je.

- Si on doit chercher pendant des jours, on le fera ! On est à deux doigts d'y être ! m'encouragea-t-il.

- Et puis d'abord, qu'est-ce qu'il y a derrière ce mur ? le questionnai-je sans prendre la peine de lui répondre.

- Ça, tu le découvriras par toi-même.

            Je n'eus pas le temps de répondre, Manu était déjà parti à la recherche de la porte d'entrée. Je ne pensais pas qu'on aurait a chercher une porte, pas après tout le chemin parcouru. Je m'étais imaginé accueilli à bras ouverts dans une grande ville. J'avais faim, soif, j'étais exténuée par cette marche et ce soleil écrasant. Je ne désirais qu'une seule chose, un lit confortable afin de dormir pendant de longues heures.

            Je poussais un long soupir en m'approchant du mur qui cachait je ne savais quel secret. On aurai dit l'ancienne grande muraille de Chine. Je me souvenais qu'elle avait entièrement été détruite pendant la guerre des Rebelles. Les combattants l'avaient assailli pour au final la détruire à coup de dynamite. C'était les dernières images nous parvenant de Chine. De terrible et violente images qui étaient restées cloîtrées dans un coin de ma tête. La muraille de Chine était un de mes monuments préférés et je regrettais amèrement sa destruction.

            Je balayais ce souvenir d'horreur et de sang et m'intéressais au contenu de cette enceinte. Je me demandais ce qui se cachait derrière ce mur, peux être une grande ville ? Dahlia était la protectrice de la rive du temps. Pourtant il n'y avait rien à protéger, ce mur suffisait largement. Je le regardais de plus près et cherchais une prise sur la paroi rocheuse afin d'escalader le mur. Je n'en trouvais aucune, le mur étant lisse et impossible à gravir.