Chapitre 5

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Je ne sentais plus mes jambes, il m'était impossible de bouger, n'arrivant pas à ouvrir ne serait-ce qu'une paupière. Une force invisible me forçait à rester cloué au sol. Ma respiration se faisait de plus en plus rapide et je ne pouvais m'empêcher de paniquer. Un rire moqueur se fit entendre, résonnant dans mes oreilles. Je sentis une présence humaine puis je réussis enfin à ouvrir les yeux.

    Il faisait très sombre, je distinguais à peine les murs qui m'entouraient. Je calmais ma respiration, prenant de grande inspiration. Je humais l'air à plein poumon, mais je dû me retenir de ne pas vomir. Cet air putride sentait le moisi et la mort, comme si des milliers de cadavres jonchaient le sol. Mes yeux me piquaient, me brûlaient et je ne pus retenir quelques larmes. Je fermais les yeux, frottant vigoureusement mes paupières. La voix angélique de la jeune femme retentit dans le passage. Elle répétait une phrase à mi-voix dans une langue que je ne connaissais pas. Surprise, je rouvris les yeux et des milliers de lucioles apparurent devant moi. Des fourmillements parcouraient mon corps, me donnant le feu vert pour me relever. Je me remis lentement sur pieds, étirant tous les membres de mon corps.

    L'odeur de moisi et de cadavre qui planait avait disparu, laissant place à une odeur de rose et d'herbe fraîche. Je regardais tout autour de moi, humant un air pur et parfumé. La verdure avait enseveli les murs du passage et des petits buissons fleuris jonchait les côtés du chemin en pierre. Devant moi se tenaient deux passages identiques, l'un allant à droite et l'autre à gauche. Il commençait à faire affreusement chaud lorsqu'un bruit retentit. Je tendis l'oreille, essayant d'en trouver l'origine. On aurai dit des petites gouttes d'eau, comme si un robinet était en train de fuir. Je passais machinalement ma langue sur mes lèvres, la soif me gagnant à chaque minute qui passait.

    Soudain, la voix s'arrêta et les lucioles commencèrent a disparaître. Prise au dépourvu, je mis à courir en direction du chemin qui se trouvait à gauche. Je ne voyais plus rien, mes mains s'écorchaient contre les parois rocheuses et mes vêtements se déchiraient à leur contact. Je vis une lumière au bout du passage ce qui me poussait a accéléré le pas. Mon pied se prit dans un buisson et je m'étalais de tout mon long sur le sol devenu brûlant. Surprise, je me relevais rapidement, frottant mes vêtements et regardant tout autour de moi. Je poussais un petit cri aigu quand j'aperçus ce qui se tenait devant moi.

    Un énorme puits de lave se tenait au centre de cette pièce étrange, les murs en terre cuite formant une sorte de dôme. Je me retournais vers le passage, voulant m'enfuir, mais de la verdure aussi dure que du béton l'avait déjà recouvert. L'hologramme de la jeune femme apparut devant moi et pointa le puits de lave du doigt. Qu'est-ce qu'elle me voulait ? Je ne pouvais pas poser seul un pied dans la lave, c'était physiquement impossible. Je me mis à suffoquer, l'air devenant rare à cause de la chaleur insoutenable qui régnait. Ma tête commença à tourner, je m'assis contre le mur de terre et regardais attentivement le puits de lave.

    Quelque chose d'étrange scintillait au centre de la lave, je plissais donc les yeux pour en distinguer les traits et me levais pour m'en approcher. C'était une petite pierre bleue aux reflets mauves qui faisait environ la taille de ma paume. Elle ressemblait étrangement à la pierre du choix, une légende parmi les légendes. Mes parents m'en avaient parlé lorsque j'étais petite, cette pierre venait d'un ancien peuple. On racontait que seul l'élu capable de réunifier un peuple était en mesure de la toucher. Si quelqu'un d'autre venait à la prendre dans ses mains, il mourrait instantanément. L'élu qui la possédait serait capable de détruire, mais aussi de créer, tout cela n'était qu'une question de choix. On racontait également que la pierre était cachée dans de la lave en fusion et que seul l'élu pourrait la traverser afin d'obtenir la pierre du choix. Pourtant, ce n'était qu'une vulgaire légende, cela ne pouvait pas être vrai, cela ne pouvait pas exister.

La rive du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant