On était tous les trois devant la porte d'entrée, chacun possédant un sac à dos rempli de nourriture, de vêtements propres, d'armes en tout genre et de balles. Je voyais bien que Dahlia n'était pas sereine à l'idée de laisser le village sans surveillance, mais je ne pouvais pas réussir cette tache sans elle. Aaron, lui, était complètement excité à l'idée de partir. Il ne tenait plus en place. Moi, je réfléchissais beaucoup trop, il fallait que je me concentre sur mon objectif.
Je fis signe à l'un des gardes d'ouvrir la porte. Plusieurs hommes hurlèrent des ordres et la porte d'entrée s'ouvrit en grand. On prit une grande inspiration et j'étais le premier à mettre un pied en dehors du village. Je respirai l'air frais et balayais le paysage du regard. Des plaines. Une forêt. Quelques ennemis. Voilà ce qui nous attendait.
Les autres me rejoignirent quelques secondes plus tard. Dahlia poussa un long soupir.
- J'espère que ça en vaut la peine, lança-t-elle en prenant la tête du groupe.
Aaron la dévisagea, mais la suivit tout de même. Ces deux-là n'allaient pas être faciles à vivre. Je pensais savoir où se trouvait Mey, difficile à trouver lorsque l'on n'en connaît pas le chemin, facile à trouver lorsque l'on en connaît le code.
*
J'avais les poignets en sang, ces menottes me serraient beaucoup trop. Je ne pouvais même pas me toucher le visage. J'étais suspendu au mur, menotté comme Jésus cloué sur sa croix. J'avais comme l'impression que mes muscles avaient fondu, que mes os s'étaient brisés. Mon œil droit me faisait énormément souffrir. J'avais un cache-œil dessus, de temps en temps on me le désinfectait avec du sel, je hurlais de toute mes forces. Je me souvenais encore de la lame qui l'avait frôlé ou alors touché. Je ne pouvais plus pleurer de cet œil. Mes vêtements étaient en lambeaux. J'avais encore les marques du fouet et les plaies faites par son couteau. Mais le produit cicatrisant faisait bien son travail. Il n'avait pas souhaité me tuer.
Chaque soir, j'avais le droit à quelques gouttes d'eau. Et, si je ne faisais aucun bruit de toute la journée, j'avais le droit de le voir. Il m'amenait un peu de pain, rarement du chocolat. J'allais mourir ici. Khalis avait rempli mon corps de marques indélébiles, mais il était manipulé. J'aimais lorsqu'il me parlait, même si je ne lui parlais pas. Je ne lui en voulais pas, j'en voulais à Kira. Lui, je ne l'avais pas vu depuis ma venue ici. J'ignorais ce qu'il voulait de moi.
Il y avait un règlement dans ma cellule. Il était affiché juste devant mes yeux. J'étais contrainte de le lire chaque matin, à l'aube. Je le connaissais par cœur désormais. Il y avait 10 règles. Je lui avais dit qu'elle se ressemblait. C'était une erreur. Elle ne se ressemblait pas. Règle 1 : Écouter Kira. Règle 2 : Se laisser torturer par Khalis. Règle 3 : Accepter la nourriture venant uniquement de Kira. Règle 4 : Ne jamais contredire Kira. Règle 5 : Ne pas faire de bruit. Règle 6 : ... J'avais oublié. Je perdais la tête ici.
Il n'y avait aucune fenêtre. Impossible pour moi de compter les jours qui passaient. J'avais de plus en plus de mal à ne pas faire de bruit la journée. Mes poignets me faisaient mal. Ils étaient infectés. Mes cicatrices m'horrifiaient. Je détestais cet endroit. Je ne pouvais pas m'échapper.
On avait enfin décidé de changer mes menottes. J'avais crié. J'avais les poignets cassés. Il m'avait désinfecté. J'avais dû les passer à l'os-reparo. J'avais encore crié. J'avais pleuré. Manu n'était pas là. J'avais pu me changer. Je m'étais regardé dans un miroir. J'avais des cernes noirs. J'avais atrocement maigri. Les vêtements étaient trop petits pour moi. Il m'avait attaché de nouveau. J'avais froid dans ma cellule. Je pensais à Manu. J'aimerais qu'il vienne me chercher. Je pleurais de mon seul œil valide. Je faisais du bruit. Je n'aurai pas de nourriture ce soir.

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La rive du temps
ParanormalLa rive du temps Tome 1. Meyara est une fille peu commune, possédant deux cœurs, élue d'une prophétie et habitant le démon du feu en elle. Elle a perdu ses proches et tous ce qu'elle aimait. Elle est contrainte de fuir le gouvernement qui a créer un...