La rive du temps

Chapitre 36

Je hurlais leurs prénoms de tout côté, mais personne ne me répondait. Ils avaient disparu, ils avaient tous disparu ! Je me retrouvais seule dans un endroit qui m'était inconnu, je ne savais pas où aller, je ne savais pas quoi faire. Je ne possédais ni vivre, ni kit de survie, ni trousse de secours, seulement mes armes. Je dégainais mon sabre et les gravures s'illuminèrent instantanément, éclairant légèrement autour de moi. Mon cœur battait la chamade, je ne souhaitais qu'une seule chose, c'était retrouver mes amis sains et saufs. Pour cela, j'allais devoir chercher en terrain inconnu.

- Allez tu l'as déjà fait des milliers de fois, respire un bon coup. Voilà, ça va aller, pensai-je à voix haute.

Soudain, un rugissement qui n'avait rien d'humain retentit sur la gauche. Je tournais nerveusement la tête dans cette direction, mais la lumière qui émanait du monde au-dessus ne me permettait pas de voir ce qui approchait. Je me mis à courir dans la direction opposée, terrorisée par ce qui pouvait se diriger vers moi. Je n'y voyais quasiment rien, illuminée par le peu de faisceaux de lumières présents, mais également par les gravures de mon sabre. Ma tête heurta un arbre et je m'écroulais au sol portant mes mains au visage. Un cri strident m'arriva aux oreilles, je regardais tout autour de moi à la recherche d'une bonne cachette. Mon regard se posa sur le petit creux présent dans le tronc d'arbre dans lequel je m'étais cogné il y a à peine quelques secondes. Le cri se rapprochait de plus en plus, je n'avais pas le choix. Je saisis l'écorce et tirai un bon coup dessus afin d'agrandir le creux, je me logeais à l'intérieur avant de reposer délicatement l'écorce sur le tronc d'arbre.

Le cri de plus en plus strident se rapprochait lentement de ma cachette de fortune. J'entendais des bruits de pas juste à côté de mes oreilles, je fermais aussitôt les yeux. Je stoppais ma respiration me posant une main sur la bouche et priais qu'il ne me remarque pas. L'étrange créature se rapprochait encore plus de ma médiocre cachette, la respiration saccadée comme si elle venait de courir, reniflant chaque recoin de l'arbre dans lequel je me situais. Je me retrouvais coincée ici, en position de faiblesse, attendant sagement qu'il me trouve. Je devais faire quelque chose. Je pris mon courage à deux mains, prenant une grande inspiration puis je concentrai mon pouvoir en moi.

Je n'eus pas le temps de faire un seul geste, ni même un seul bruit que la créature se déroba et continua sa route dans un sens opposé au mien. Je poussais un long soupir de soulagement, la main posée contre l'écorce, attendant le moment propice pour me dégager de cet endroit peu confortable. Je patientais plusieurs minutes avant de me décider de sortir de cet enfer. Il faisait encore très sombre et mon sabre n'éclairait presque pas mon chemin. Je marchais donc à l'aveuglette, restant sur mes gardes, analysant chaque bruit que je percevais.

Subitement, une main s'abattit sur ma bouche. Je me dégageais de l'emprise que l'étranger exerçait sur moi, me retournais et frappais dans le vide. Aaron leva les mains en l'air tout en esquivant mon coup de poing. Il était vivant, j'esquissai un sourire, les yeux mouillés de larmes. Je voulus le prendre dans mes bras, mais il me plaqua violemment contre un mur, me chuchotant de ne pas bouger. Je lui répondis d'un hochement de tête, regardant tout autour de moi. Une créature apparue juste devant nous, elle poussa un cri semblable à celle qui m'avait poursuivi. Mon sang se glaça dans mes veines, mon rythme cardiaque s'accélérait.

Je ne pourrai la décrire tellement cette bête m'était inconnue, ses petits yeux écartés nous fixaient sans pour autant nous voir. La créature reniflait tout autour d'elle, essayant de déceler notre présence. Elle tourna son énorme tête au museau allongé sur la droite, renifla encore, puis sur la gauche. La bête poussa un cri strident, puis se mit à courir dans une nouvelle direction, ses longues griffes raclant le sol à chaque foulée.