Chapitre 4 : Marilyn

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Nous étions prêts à monter sur scène. Aucun imprévu n'allait nous y empêcher cette fois-ci contrairement aux précédentes. Du moins, je le croyais jusqu'à ce que Chris s'approche de moi, le regard inquiet. Visiblement, rien n'était facile, certainement pas dans ce domaine.

— Je sais ce que tu vas me dire, soupirai-je avec une pointe de déception. Le propriétaire a changé d'avis ?

Il hocha la tête. Il n'était pas le seul à être désespéré. Bientôt tout le groupe sera dans le même état. 

— Il a entendu parler de nos précédents concerts, expliqua-t-il. Il m'a clairement dit que nous serions une honte pour son bar. 

— Merde... Ils se font tous passer le mot en ce moment. 

C'était toujours la même chose. On nous proposait un concert puis une fois que les propriétaires avaient eu vent des précédents, on était directement déprogrammés. Ça n'arrivait pas tout le temps, mais bien trop souvent. Quand on était un petit groupe en train de débuter, c'était assez handicapant.

— Je vais prévenir Andy qu'il ne vienne pas pour rien, lâcha Chris sur le point de partir. 

Aussitôt, il s'éclipsa, téléphone à la main. Un bref soupir. Ça ne promettait rien de bon encore une fois. 

Il fallait également que je prévienne Jeordie. Aussitôt, je l'appelai. Après de longues sonneries agaçantes, il finit par répondre. Pourquoi prenait-il autant de temps à chaque fois ? Sûrement le genre à perdre son portable...

— Marilyn, y'a quelque chose qui ne va pas ? s'inquiéta-t-il.

— On a été déprogrammés... Encore...

— Quoi ? mais c'est pas vrai ! s'emporta-t-il avec peu de crédibilité.

— Malheureusement, ça l'est, confirmai-je d'un ton sec. 

— C'est con... Je viens d'arriver avec Ashley. 

Évidemment qu'il allait la ramener ! Pourquoi en étais-je même étonné ? Je le savais qu'il allait me faire ce coup. 

Je raccrochai subitement et les rejoignis à l'extérieur. Immédiatement j'aperçus la déception dans le regard de chacun. 

— Du coup on fait quoi ? me demanda Jeordie naïvement. 

— Eh bien... On se casse. On n'a pas à rester ici. 

— On n'a qu'à manger ensemble, proposa-t-il. Ashley avait faim justement. 

Elle s'interposa aussitôt, plutôt gênée :

— Ne vous tracassez pas pour moi, je vais me démerder toute seule. Je ne voudrais pas vous embêter. 

— Mais tu ne nous embêtes pas, rétorqua Jeordie d'un ton enjôleur. 

Je levai les yeux au ciel. Ne remarquait-il pas à quel point sa subtilité était inexistante, voire même carrément lourde ? Il avait de la chance qu'elle en sourit et même en rit. Elle était bien trop polie. À sa place, je l'aurais sûrement repoussé. À moins qu'elle s'intéresse vraiment à lui.

— Je me sentirai quand même de trop, répliqua-t-elle courtoisement. 

Finalement, elle essayait bel et bien de le repousser, mais c'était vain. Il ferait mieux de la laisser tranquille, elle ne semblait pas très à l'aise. Après tout, elle venait tout juste d'emménager. Je pris alors la parole pour la sauver :

— Jeordie, tu devrais voir Chris pour ranger le matériel, lui ordonnai-je d'un ton ferme. 

Il me jeta un léger regard assassin pour sous-entendre que j'en paierais un jour les frais, puis ils s'en alla. J'étais désormais seul avec Ashley. 

— Je crois qu'il commençait à vraiment devenir lourd, lançai-je en essayant d'en rire. 

— En effet, répliqua-t-elle tout sourire. 

Je vis vraiment à quel point elle était soulagée. J'avais prévenu Jeordie, mais il n'avait pas voulu m'écouter encore une fois. 

— Je suppose que tu as faim. On va manger quelque chose ? lui proposai-je amicalement.

— Et les autres ? demanda-t-elle en les cherchant du regard.

— On va leur faire une petite surprise. 

Elle laissa échapper un bref rire à cette idée. Qu'est-ce que j'aurais fait pour voir leur tête quand ils remarqueraient ? Il y avait de quoi s'amuser pendant un bon bout de temps.

— Sérieusement, tu vas abandonner ton groupe ? 

— Je ne les abandonne pas. Je sais très bien qu'ils vont se venger en commandant une pizza ensemble. 

Son sourire ne faillit pas et elle repoussa une mèche rouge de son visage. Elle semblait vraiment en confiance alors qu'on ne se connaissait qu'à peine. 

— Tu connais un endroit sympa ? me questionna-t-elle.

— Pas tellement et vu les moyens que j'ai, je ne suis pas exigeant.

— Je ne suis pas exigeante non plus, ajouta-t-elle un arquant un sourcil.

Parfait. En réalité, je ne connaissais aucun lieu, ou du moins, rien de bien prestigieux, juste des cafés ou des fast-food, mais ça serait suffisant pour un bref repas.

Ensemble nous quittâmes les lieux pour nous diriger vers un endroit quelconque où nous pourrions juste manger sans nous soucier du reste...


Villains With The Scabbed WingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant