Chapitre 19 : Ashley

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Encore une fois, je me retrouvais avec un frigo quasiment vide. J'étais donc contrainte de faire quelques courses. Cependant, l'argent commençait à manquer, surtout parce que les concerts ne rapportaient pas assez, voire rien du tout à cause de notre comportement. Tant pis, j'allais devoir prendre le minimum en espérant tenir la semaine avant ma prochaine rentrée d'argent.

Je quittai donc ma demeure en route vers un magasin, laissant Spooky dans sa boîte à chaussures trouée. Lui aussi devait sûrement mourir de faim. Je lui trouverai quelque chose par la même occasion.

Après avoir rangé mes clés dans la poche, je levais mon regard pour apercevoir Chris, souriant.

— Tu sors ? demanda-t-il d'une douce voix.

— Oui. Je comptais faire des courses, répondis-je d'une voix hésitante. Et toi... Qu'est-ce que tu fais devant ma maison ?

— Je venais te rendre visite mais si tu t'en vas...

Je me sentis soudainement stupide. Une part de moi me conseillait de le faire rentrer pour pouvoir discuter et une autre part de moi – ou plutôt mon estomac – me hurlait de me rendre dans l'épicerie la plus proche pour remplir un tant soit peu ce foutu frigo.

— En fait, je n'ai plus rien à manger et–

— Je peux te conduire jusqu'à l'épicerie si tu veux, proposa-t-il d'un ton adorable.

Je fus alors obligée d'accepter, ne pouvant résister à son sourire qui creusait quelques fossettes.

Aussitôt, je montai dans sa voiture et bouclai la ceinture alors qu'il démarrait le moteur.

— Dis donc, tu es bien sérieuse toi, lança-t-il, amusé.

— Comment ça ? m'étonnai-je.

— Dès que tu es rentrée, tu as mis ta ceinture comme si c'était primordial.

— Bien sûr que ça l'est ! rétorquai-je, abasourdie.

Il me gratifia d'un air moqueur puis commença à conduire, se retenant de rire. Cependant, je le voyais bien qu'il allait rapidement exploser.

— Vas-y, marre-toi puisque tu en meurs tant d'envie ! ironisai-je.

— T'es mignonne Ashley, lâcha-t-il d'une manière insouciante.

Je tentai de lui jeter mon faux regard le plus sombre, mais vainement, nous finîmes tous deux par en rire aux éclats.

Le court trajet fut, par la suite, ponctué des mêmes taquineries, comme si nous étions tous les deux des gamins laissés sans surveillance.

Une fois arrivés devant l'épicerie, nous nous étions calmés même si nos sourires étaient encore gravés sur nos visages.

— Alors, tu as besoin de quoi ? demanda-t-il.

— Quelque chose à manger et qui ne soit pas cher, admis-je, presque honteuse.

— Toi aussi tu galères question argent ?

— Je n'ai pas trouvé de travail en ville pour l'instant... Je n'ai que l'argent du groupe.

— Je suis dans le même cas, avoua-t-il d'une voix grave. Personne ne veut de quelqu'un tatoué et percé. Ils préfèrent quelqu'un qui s'étrangle avec sa cravate.

— C'est aussi parce que je ne veux vivre que de la musique... et c'est vraiment pas évident.

— Si c'était simple à avoir, ça ne vaudrait certainement pas le coup, déclara-t-il, sûr de lui.

J'acquiesçai silencieusement. Tout ce qui touchait de près ou de loin à l'art paraissait inatteignable. Mais j'étais bien trop ambitieuse pour me laisser abattre. Je ne demandais pas non plus d'être une star à la renommée internationale. Non, je voulais juste pouvoir composer, chanter, jouer à longueur de journée sans avoir à me dire que j'avais besoin d'argent. Je voulais juste supprimer ce besoin.

Chris fit alors un pas vers moi, ce qui me détacha du cours de mes pensées, et m'adressa un regard plein de malices, comme s'il avait quelque chose derrière la tête.

— Quand je manque d'argent, j'ai une solution.

— Tu fais la manche ? plaisantai-je.

— Non ! Disons que je me sers dans le magasin.

Il siffla un bref instant, faisant mine d'être innocent alors que mon visage se décomposer.

— Tu voles ? m'offusquai-je.

— Je n'ai pas vraiment d'autres choix, tenta-t-il de se défendre en passant une main dans sa nuque, gêné.

Il était vraiment mal à l'aise et en le voyant ainsi, je compris qu'il ne faisait pas ça parce qu'il avait envie, mais que, malheureusement, il y était contraint. Il devait sûrement espérer que ce ne soit qu'une solution temporaire.

— Je vais te montrer comment faire ! s'exclama-t-il, assez enjoué.

— Non, non, non, non ! Je ne veux surtout pas être mêlée à ça !

Malgré mon désaccord, il me prit fermement par le poignet et me conduisit à l'intérieur du magasin. Je le suivis à travers les rayons, le cœur serré. Je n'étais vraiment pas ce genre de personnes contrairement à ce que certains pourraient penser à cause de mes tatouages et de mes cheveux...

— Qu'est-ce qui te tenterait ? demanda-t-il.

— Je... je ne pense vraiment pas que ce soit une bonne idée, lâchai-je, toujours aussi mal à l'aise.

— Détends-toi un peu ! Il ne se passera vraiment rien de grave ! Et les règles sont faites pour être transgressées. Rock'n'roll n'est-ce pas ?

Je ne pus m'empêcher de pouffer. Son argumentaire ne tenait pas la route mais il avait au moins eu le mérite de me calmer et même de me pousser à le suivre.

En deux trois mouvements, il glissa quelques produits dans son sac accroché en bandoulière de même avec mon sac à main. Nous n'avions pas abusé sur les quantités et avions seulement pris le nécessaire.

Finalement, nous osâmes prendre quelque chose que nous paierons : deux bouteilles de bière. L'alcool était assez onéreux mais nous n'avions aucun moyen de le voler sans prendre trop de risques. En même temps, c'était prévisible quand il fallait demander à ce quelqu'un nous ouvre l'étagère et nous serve.

Une fois sorti de l'épicerie, nous n'échangeâmes aucun mot, seulement quelques rires, et nous nous glissâmes dans la voiture, les sacs remplis.

— Plus jamais je ne referai ça ! tentai-je d'articuler malgré mon rire.

— Je disais la même chose la première fois, lança-t-il sur le ton de la plaisanterie.

De nouveau, les taquineries reprirent le dessus jusqu'à la fin du trajet. Rapidement, nous arrivâmes devant ma maisonnette et nous nous calmâmes lorsque notre regard croisa celui de Marilyn sous le porche.

— Qu'est-ce qu'il fait là ? demanda Chris en fronçant les sourcils.

— Aucune idée. Mais il semblerait que ce soit la journée des visites.

J'avais comme l'impression que le visage de Marilyn s'était refroidi et c'était assez perturbant. Un mauvais sentiment me submergea alors. Y avait-il de nouveau un problème ?

————

Voilà donc un nouveau chapitre avec beaucouuuuuup de retard. Vraiment désolée. J'ai eu peu de temps en ce moment et comme c'est ma première vraie fanfic, ce n'est pas toujours évident. Enfin, j'espère que vous me pardonnerez et je vais essayer d'écrire le prochain trèès rapidement. ^^

Villains With The Scabbed WingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant