Villains With The Scabbed Wings

Chapitre 32 : Marilyn

Depuis que Hanna m'avait envoyé ce message, j'étais assez fébrile et quand elle m'avait donné un lieu et une heure de rencontre, je l'étais davantage. J'aurais pu trouver n'importe quel prétexte pour ne pas me pointer. Peut-être qu'il en serait mieux ainsi, mais malheureusement, elle avait raison, nous devions parler. Il fallait enfin qu'on termine notre relation en de bons termes. Même éloignés de cette manière nous nous détruisions. Le fantôme de notre ancien couple était encore bien trop présent...

À contrecœur, je partis en direction du parc. J'allais la revoir après des mois d'absence où tout le monde l'avait considéré comme morte, moi-même y compris. Cette situation était bien trop perturbante. Qu'allais-je bien pouvoir lui dire en la voyant ? Pourrions-nous parler comme si de rien n'était ? Voulait-elle encore quelque chose de moi ? Et je ne savais rien... Je n'arrivais même pas à concevoir cette rencontre. Mon esprit est embrouillé, parasité par de bien trop nombreuses questions.

En franchissant l'entrée du parc, je la remarquai immédiatement. Elle n'avait pas changé, elle était toujours aussi élégante et ses boucles noires mettaient en valeur son teint blafard. D'un pas hésitant, je m'approchai d'elle et quand son regard croisa le mien, elle m'adressa un timide sourire. Je m'assis à ses côtés en espérant qu'elle soit la première à parler. Pendant quelques instants, on se fixait, incapable de prononcer quoi que ce soit. La situation était bien trop étrange pour que nous agissions naturellement...

— J'aurais dû venir plus tôt, annonça-t-elle, brisant enfin la glace.

— Ce n'est pas grave, rétorquai-je maladroitement.

— Je n'ai laissé aucune trace de mon départ, c'était assez inquiétant. Mais j'avais besoin de prendre du temps pour moi, de prendre du recul...

— On avait tous les deux besoin d'une pause.

Elle hocha la tête. En effet, rester à proximité ne nous avait causé que du tort à cette époque.

— Et tu as fait quoi pendant ce temps ? demandai-je avec hésitation.

— Eh bien... Je suis retournée vivre chez mes parents. Je voulais vraiment m'éloigner de tout. Ce n'était pas facile... mais désormais, j'ai trouvé un certain équilibre dans ma vie... Et je suis désolée pour ce qu'il s'est passé entre nous.

— Non, c'est moi qui suis désolé, la corrigeai-je aussitôt.

— La veille de mon départ, j'ai dit des atrocités qui n'auraient jamais dû être prononcées...

— Ça a été le cas tout le temps et pour moi aussi...

— Je n'espère pas qu'on se remette ensemble après ça, affirma-t-elle, déterminée. Ce n'était pas bon pour nous, peu importe les sentiments qu'on avait l'un pour l'autre. Je ne voulais pas juste rester sur ces dernières paroles... Et je voulais voir ce que tu es devenu, si tu avais réussi à te détacher de tout ça.

Elle sourit et jamais je ne l'avais vue aussi heureuse. Ça faisait plaisir de la voir ainsi. Elle avait réussi à surmonter tout ça. J'en étais presque admiratif.

— Ma vie n'a pas vraiment changé, lâchai-je en haussant les épaules. Enfin, je suis toujours dans la musique et on fait comme on peut avec le groupe...

— J'espère que tu auras du succès. Tu le mérites vraiment.

— Merci... Et toi, tu as des projets ?

— Pas vraiment. Je réfléchis encore... Je ne suis pas sûre d'avoir les moyens pour faire des études.

La tension entre nous commençait à s'envoler petit à petit, mais je doutais que ce soit suffisant pour que nous restions en contact. Dès que je la voyais, les évènements du passé ne cessaient de remonter à la surface et la culpabilité les suivait rapidement. Notre dernière dispute ne pourra jamais s'effacer de ma mémoire. La violence avait pris le dessus de nos actes et elle avait fini par me souhaiter de mourir. Après ça, elle était partie précipitamment et j'avais prétendu me réjouir de son départ. Mais quand elle avait disparu les jours suivants, j'avais compris que j'avais beaucoup trop merdé cette fois-ci...

— Je ne resterai pas à Los Angeles par contre, affirma-t-elle, un brin triste. C'est trop compliqué encore...

Elle non plus ne pouvait se détacher du passé. Le temps pouvait guérir quelques blessures, mais il n'effaçait jamais tout. Malheureusement, nous avions beau nous réconcilier, ça ne serait jamais suffisant. Hanna et moi, c'était terminé depuis longtemps. Il valait vraiment mieux qu'on reste à l'écart l'un de l'autre, c'était ce que j'en avais conclu après quelques minutes de discussion et j'avais pris la décision de ne plus la revoir, ça nous éviterait de retomber dans les mêmes pièges. Je lui avais annoncé mon choix, elle l'avait compris et pensait qu'il valait mieux qu'il en soit ainsi.

À la fin de notre discussion, nos chemins s'éloignèrent et cette fois-ci, c'était bel et bien la dernière fois. Mais je ne regrettais pas celle-ci. Au moins, tout était clair...