Chapitre 35 : Ashley

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Quand je peinai à ouvrir les yeux et que Marilyn m'annonçait par message qu'il s'apprêtait à venir, je savais d'ores et maintenant que la journée serait compliquée. Surtout parce que j'avais un peu trop bu la veille...

Rapidement, je pris une douche en espérant que ce soit suffisant pour me réveiller, mais absolument pas. Même un bon café n'y ferait rien. J'allais devoir faire avec. Alors, je m'entraînai sur ma guitare, tranquillement installée dans mon garage en attendant l'arrivée de Marilyn. Il allait probablement venir à pied et d'ici quelques minutes, il serait là.

Notre rencontre me revint brièvement à l'esprit. J'avais frotté ces cordes, je m'étais laissée emportée par la musique de la même manière... et il apparut dans mon champ de vision quand je levai la tête. Il était là et je ne pouvais m'empêcher de lui sourire. Il en fit de même et pendant un instant, je me mis à douter sur notre relation et ce qu'il pourrait en advenir. Mais je repoussai immédiatement cette pensée, ne voulant pas me perdre dans ce genre de réflexions...

Il s'approcha de moi tandis que je posai délicatement ma guitare et me levai. Étant assez heureuse de le croiser, je le pris dans mes bras. Il n'y avait rien de plus satisfaisant que quelqu'un avec qui partager sa passion. Sans lui, ma vie serait bien triste...

— Je t'avais proposé de composer une musique ensemble, ça te dit qu'on s'y mette vraiment ? me proposa-t-il.

Immédiatement, ma réponse fut affirmative et à l'aide de mon unique guitare, on réfléchissait à des accords adéquats en fonction des paroles que nous écrivions au fur et à mesure. Au début, nous étions assez perdus dans la masse de sujets que nous pouvions aborder. Nous avions voulu parler de nos vécus, mais nous avions été incapables de trouver un terrain d'entente. Puis nous avions finalement opté pour parler d'une relation dangereuse sans la romantiser. Nous n'avions pas précisé s'il s'agissait d'une liaison amoureuse ou d'une amitié, ni même le genre de nos personnages. Nous étions juste deux personnes coincées dans une relation qui ne nous correspondait plus et que nos sentiments étaient bien trop forts pour tout rayer d'une traite.

Petit à petit, nous développions la relation entre les deux protagonistes, ignorant la finalité de tout ça. Puis après quelques instants de réflexion, il m'était évident que tout ça devait mal finir. Alors les derniers accords graves et les paroles déchirantes conclurent la musique. Nous avions passé toute la matinée dessus, mais nous avions déjà un premier jet.

Aucun d'entre nous n'avait faim et nous avions bien trop envie de poursuivre cette expérience. Il s'empara de ma guitare et nous nous entrâmes au chant. La musique avait toujours eu un impact très puissant sur moi, mais cette fois-ci, c'était différent. Je vivais plus que jamais la situation. Je comprenais totalement les sentiments que je sentais et le désespoir était bien trop intense pour que je retienne mes larmes. Oui, c'était la première fois que je pleurais en chantant, mais ce n'était pas n'importe quelle musique. Ces paroles, elles provenaient de ma propre plume...

Marilyn était lui aussi dans tous ces états. Nous n'avions pas composé qu'une musique, nous avions laissé échapper de nombreux sentiments, tous ceux que nous avions gardés durant des années... Et comme toujours, la musique nous permettait de décompresser. La musique était notre échappatoire.

Le temps passait de plus en plus vite... et il était temps de faire une pause, au moins pour la soirée. Tout était devenu beaucoup plus léger et nous discutions de tout et de rien autour d'une assiette de pâtes. Jamais nous n'avions été aussi complices et lorsqu'il s'approcha de la porte d'entrée, nous hésitions à nous séparer.

— Je pense qu'on devrait jouer cette musique lors de notre prochain concert, annonça-t-il maladroitement.

— Ça serait une excellente idée. En plus, les autres pourront y mettre leur propre touche.

— On verra ça lors de la prochaine répétition, rétorqua-t-il, souriant.

Pendant un instant, il me fixait et je craignis qu'il m'embrasse ou qu'il laisse sous-entendre quoi que ce soit. Mais heureusement, il me salua et partit, ce qui me rassura immédiatement. Vraiment, je ne savais toujours pas quoi penser de notre relation...

Villains With The Scabbed WingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant