Chapitre 28 : Chris

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Dans la journée, j'avais tenté de recontacter Mizuho. Dans le fond, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réponde. En fait, je pensais qu'elle allait m'ignorer et faire comme si de rien ne s'était jamais passé. Rapidement, elle mit court à tous mes a priori lorsqu'elle me répondit en milieu d'après-midi. Elle me proposa de nous retrouver dans un bar pour discuter. Je n'en espérais pas grand-chose, mais c'était toujours mieux que rien.

Arrivé sur les lieux, le temps commença à défiler et je ne la voyais toujours pas. Elle m'avait probablement posé un lapin, tout comme me le suggéra Marilyn que je croisai par hasard dans le bar. Il était en compagnie d'Ashley, tous deux passant du bon temps. Au moins, il y en avait qui s'amusait par là...

Je les abandonnai rapidement et sortis du bar en espérant pouvoir apercevoir Mizuho. Finalement, avoir une réponse de sa part avait été bien trop espéré. J'aurais dû m'en douter...

À contrecœur, je me résignai à rentrer chez moi. Après tout, je n'avais pas d'autres choix. Cependant, lors de mon trajet, je fus interpellé par quelques cris. D'habitude, j'aurais continué ma route en prétendant que ce n'était rien. Sauf que ces cris me paraissaient bien trop familiers pour que je les ignore... Le cœur serré, je m'approchais de l'origine. Petit à petit, je distinguais deux voix : l'une était masculine et l'autre... il s'agissait de Mizuho. Voilà pourquoi sa voix ne m'était pas inconnue.

En arrivant face à elle, je la découvris à terre, en pleurs, et Ronnie se tenait debout, les poings serrés, ne remarquant même pas mon arrivée.

— Mais c'est quoi ce bordel ? m'étonnai-je.

Ronnie se tourna alors vers moi et je pus constater quelques traces de sang sur son poing droit. Quant à Mizuho, il m'était impossible de la voir, elle gardait la tête baissée. Elle devait vraiment être dans un piteux état pour refuser de lever la tête.

— Dégage, ce ne sont pas tes affaires ! éructa-t-il avec mépris.

— Non toi dégage ou j'appelle les flics ! rétorquai-je.

Il voyait bien qu'il n'avait pas le choix et il finit par partir. Immédiatement, je m'accroupis pour aider Mizuho à se lever, mais elle refusa mon aide et se leva d'elle-même. Je pus alors apercevoir qu'elle avait le nez en sang.

— Mais pourquoi il a fait ça ? lui demandai-je, inquiet.

— Ne cherche pas à comprendre et laisse-moi tranquille, soupira-t-elle.

Elle tenta de s'en aller, mais je la retins, lui prenant le poignet.

— Je peux faire quelque chose ? Je t'en supplie, je ne peux pas te voir dans cet état... Si tu veux, j'ai ma voiture, je peux te ramener chez toi...

Elle sembla assez hésitante et baissa son regard. Soudainement, elle abandonna son image de femme forte et se laissa être faible quelques instants.

— Je peux me nettoyer chez toi ? me demanda-t-elle timidement.

— Bien sûr, acquiesçai-je en relâchant son poignet.

Silencieusement, elle me suivit jusqu'à ma voiture et assez rapidement nous arrivâmes chez moi. Je lui montrai la salle de bains et le matériel nécessaire.

— Si tu veux, tu peux rester manger ici, lui proposai-je.

— Ça ne te gêne pas ? s'enquit-elle d'une voix tremblante.

— Absolument pas, prends le temps qu'il te faut...

— Je ne voudrais pas abuser de toi, rétorqua-t-elle en haussant des épaules.

— Tu n'abuses pas de moi, ce n'est pas ton genre. Et tu as besoin d'aide. Si je peux être cette aide, ça me fait plaisir.

Elle m'adressa un timide sourire et s'empara d'un morceau de coton tandis que je vins en cuisine pour préparer quelque chose à manger. N'ayant pas grand-chose, j'optai pour de simples pâtes.

Et je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui avait bien pu se passer pour qu'elle se retrouve dans un tel état. Et dans le fond, ça m'inquiétait terriblement, surtout parce que mes sentiments étaient toujours bien trop présents pour ignorer sa douleur...

Villains With The Scabbed WingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant