Chapitre 7 : Ashley

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Marilyn m'avait prévenue que le prochain concert aurait lieu samedi. Quatre jours à tenir, ça allait être insoutenable. Mais c'était aussi quatre jours pour me permettre de m'améliorer. Je travaillais chacun de mes accords jusqu'à les maîtriser à la perfection. Je ne voulais pas être défaillante, peu importe ce que je devrais faire. Je me devais d'être prévoyante.

Alors que j'étais en pleine concentration sur ma guitare, je fus interrompue par l'arrivée de Jeordie. Je me retins de soupirer, je m'attendais déjà au pire venant de sa part.

— Salut Ashley ! lança-t-il enthousiaste. Tu joues encore ?

— Toujours, répondis-je sans vouloir paraître malpolie.

— Les voisins vont te détester, me fit-il remarquer d'un air amusé.

— Ça ne me changera pas de d'habitude, ironisai-je.

Nous rîmes en même temps. Mais seulement pendant un court instant jusqu'à ce que son visage se durcisse soudainement. La discussion n'allait plus être dans la même ambiance, c'en était certain. Il allait sûrement encore me reprocher les événements de la veille. Pas étonnant.

— Hier, tu es partie avec Marilyn. Vous nous avez abandonnés, me sermonna-t-il.

— Tu ne vas pas en faire tout un plat j'espère, lâchai-je assez amusée qu'il le prenne aussi mal.

Je n'avais pas envie de me battre avec lui, surtout pour ce genre de raison aussi futile. Même si j'aurais dû me douter qu'un ennemi ne tarderait pas à pointer le bout de son nez.

— Non, certainement pas, rétorqua-t-il d'un ton calme.

Je fus immédiatement rassurée et lâchai un bref soupir. Cependant, mon soulagement fut de courte durée lorsqu'il reprit la parole :

— À ta place, je ferais attention à Marilyn, me prévint-il en reprenant un ton grave. Il te semble être quelqu'un de cool, sympa. Je sais même qu'il t'a proposé de nous aider. Tu devrais lui demander ce qui est arrivé à Hanna. Si tu savais, tu changerais d'avis.

Son discours était troublant. Il voulait que je méfie de Marilyn sans oser me dire les vraies raisons. Pourquoi refusait-il de tout me révéler ? Était-ce horrible à ce point ? Ou se foutait-il juste de ma gueule en espérant en retirer quelque chose ? Je n'allais pas me gêner pour le lui demander clairement. Nous n'allions pas tourner autour du pot pendant une éternité tout de même.

— Tu dis ça pour rigoler ? demandai-je avec le sourire en espérant que ce soit le cas.

— J'aurais vraiment aimé que ce soit une blague. Si seulement ça l'était...

Son ton était dur. Il était vraiment sérieux. Pourtant, je n'arrivais pas à le croire.

— Arrête, tu me fais marcher ! ripostai-je souriante.

— Je te jure que c'est vrai, insista-t-il. Je ne sais même plus où est Hanna. Elle a dû finir dans un asile.

Son visage ne faillit pas et ses traits se creusèrent. Jamais il ne m'avait semblé aussi concerné. Mais je n'y croyais toujours pas. Jeordie ne me semblait pas être ce genre de personne, autrement dit, capable de vraiment démonter son ami derrière son dos.

—Laisse tomber, capitulai-je sans vraiment lui donner raison pour autant. J'en parlerai avec lui.

Il semblait toujours aussi sûr de ce qu'il avançait peu importe ce que je disais. Je n'avais nullement envie de continuer à lui parler.

— De toute manière j'ai autre chose à foutre, ajoutai-je comme un prétexte pour m'enfuir.

Prenant ma guitare sous le bras, je rentrai chez moi pour l'empêcher de continuer cette discussion.

J'avais quelques doutes à propos de sa sincérité. Après tout, je ne connaissais qu'à peine Marilyn et tout ça était bien trop beau pour être vrai. Était-ce trop précipité ? Retombais-je dans les mêmes pièges ?

Quand on parle du loup...

Je reçus un message de Marilyn sur mon portable.

«J'ai hâte de te voir samedi. Ça promet d'être amusant.»

Je me forçai à sourire. Ça n'annonçait rien de bon surtout. Et voilà maintenant que je m'inquiétais et tout ça à cause de la jalousie de Jeordie ! Ne pouvait-il pas se taire des fois ?

J'avais vraiment besoin de me changer les esprits, ce pourquoi je m'étais dirigée vers le centre commercial le plus proche. Je ne voulais plus penser à ça. Mais impossible quand je me dis qu'il me fallait une nouvelle tenue pour samedi.

En fouillant parmi les rayons d'un magasin qui convenait parfaitement à mon style, je trouvai enfin une petite robe en dentelles qui marquait la taille avec délicatesse. De plus, elle était légère et ne deviendrait pas encombrante en fin de journée. Mon choix était fait, même si mon cœur ne cessait de se serrer à l'idée ce qui pourrait vraiment se passer samedi.

Oui, je craignais le pire... tout comme le meilleur...


Villains With The Scabbed WingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant