Chapitre 3

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- oui je pars pour l'aéroport maintenant, le chauffeur va m'y déposer....Ian? Il n'a pas donné signe de vie depuis hier soir... non je ne sais pas où il est et à vrai dire je m'en fiche! Il peut bien être écrasé sous les roues d'un camion que j'en aurai rien à faire!...si je reste avec lui c'est pour son frique tu le sais bien. S'il me quitte mon père ne me donnera même pas un centime et tu le sais bien, il est très radin avec moi...Ian me verse de l'argent chaque mois sur mon compte en banque. Comme je ne travaille pas ça m'aide pour mes dépenses, les tiennes aussi par conséquent...c'est un grand avocat tu sais, expert en affaires criminelles...
- Soraya! Soraya!
- bon je dois te laisser, mon imbécile de soeur m'appelle. Faut croire qu' elle ne peut rien faire sans moi...on se retrouve à mon hôtel dans 5h comme convenu. Je t'embrasses bébé.
Soraya raccrocha juste au moment où sa soeur entrait dans sa chambre, un air paniqué sur le visage.
- qu'est-ce qui se passe Sorya? Pourquoi tu fais cette tête? Je vais en voyage pas en guerre quand même!fit-elle remarquer en prenant son sac à main et en traînant derrière elle sa valise.
- tu ne peux pas partir Soraya. Ian a eu un grave accident. Il est à l'hôpital en soins intensifs il a besoin de toi l'informa sa jumelle.
- un accident? Ça alors! Il a fait fort pour m'empêcher de partir le p'tit con!ragea-t-elle en jetant furieusement son sac par terre. Il n'aurait pas pu avoir son accident quand j'aurais été dans l'avion? Mais non! Monsieur a jugé bon de gâcher mes vacances!
- ton mari est probablement en train d'agoniser et toi tu te plains pour tes vacances?murmura Sorya choquée.
Theodora entra en coup de vent dans la pièce, le même air affolé sur son visage que sa soeur avant elle .
- Soraya Ian est...
- sur le seuil de la mort je sais!coupa-t-elle abruptement. Bon vous me conduisez à l'hôpital oui ou non?
XXX
Brandon se leva et rangea le dossier dans le 3ème tiroir du classeur. Il retournait s'asseoir lorsque son portable vibra contre sa hanche. Il le sortit de sa pochette et répondit.
- allô
- Brandon c'est Theodora.
- je sais chérie ton nom s'est affiché sur l'écran dit-il en souriant. On vient de se quitter non? Pourquoi cet appel? Je te manque déjà?susurra-t-il d'une voix coquine.
- tu me manques toujours même quand tu es tout près mon amour. Mais je ne t'appelles pas pour ça. Il s'est produit quelque chose de grave ce matin.
Au ton sérieux qu'employait sa femme Brandon se crispa et la pressa de répondre.
- qu' est-ce qu' il y a Theo? C'est Annabella? Elle va bien?
- oui elle va bien. Il s'agit de Ian.
- Ian?
-oui. Il a eu un accident ce matin vers 7h30. Il a été amené aux urgences vers 8h. Il est dans un sale état le pauvre.
- que s'est-il passé?
- il semblerait qu' un camion lui soit rentré dedans alors qu' il revenait à la maison. Il est encore inconscient et les médecins nous répètent sans cesse que son état est stable. Ça va faire 2h qu'ils sont au bloc. Je suis inquiéte car il a perdu beaucoup de sang. J'étais passée sur les lieux de l'accident et la police est encore là. La voiture est totalement bousillée! C'est un miracle qu' il s'en soit sorti.
- ça alors! J'arrive tout de suite. Dans quel hôpital êtes-vous?
Il nota l'adresse et se releva.
- j'arrive ma chérie. À tout de suite.
Il raccrocha et enfila sa veste. Alors qu' il sortait de son bureau, sa secrétaire l'appela.
- monsieur Copperfield?
- plus tard Cora.
- monsieur c'est qu' il y a une personne qui désire vous parler. Il...
- j'ai dit plus tard Cora!répéta-t-il plus fort en attendant que les portes de l'ascenseur s'ouvrent.
- tu n'as même pas de temps à consacrer à un vieil ami?
La cabine s' ouvrit, mais Brandon n'y entra pas. Il se retourna lentement et croisa le regard de celui qui se disait son ami.
- wayne? Que fais-tu ici?
- je suis venu te voir répondit le dénommé Wayne avec un drôle de sourire. Ça fait tellement longtemps! Je passais par là tout à fait par hasard et je me suis dit, tiens, pourquoi ne pas rendre visite à mon ami Brandon?
- tu n'es pas mon ami Wayne, tu ne l'as jamais été répliqua Brandon avec un regard méprisant. Qu'est-ce que tu veux? Je suis pressé!
- tu m'accordes 5minutes?
- pas une de plus.
- mais bien sûr.
Seb sortait remettre un dossier à taper à la secrétaire lorsqu'il vit son beau-frère faire entrer un homme à la tête pas très nette dans son bureau. Curieux, il s'approcha du bureau de la jolie Cora et posa la question qui lui brûlait les lèvres.
- Cora?
- oui monsieur Freizer?
- saurais-tu par hasard qui est cet homme qui vient d'entrer dans le bureau de mon cher beau-frère?
Il lui dédia son plus beau sourire. Ça marchait à tous les coups! Effectivement, elle ne tint pas sa langue plus de 10secondes.
- il s'appelle Wayne Douglas. C'est un ami de monsieur Copperfield.
- un ami?répéta Seb ahuri.
- oui ça m'a paru étrange à moi aussi. Mais il m'a dit qu' il est un vieil ami de l'époque du lycée.
- voyez-vous ça! Bon Cora j'ai du travail. Imprime-moi ça s'il te plait. J'en ai besoin aujourd'hui même.
XXX
Brandon regarda l'homme assis devant lui avec une haine non dissimulée. Lui qui avait laissé un passé désastreux derrière lui, voilà qu' il remontait à la surface sans prévenir.
- ben ça c'est tout un bureau!s'exclama Wayne avec un sifflement admiratif. Tu as grimpé vite mon ami! C'est toi le patron d'cette boîte?
- non.
- mais tu dois occuper un poste important vu la taille de cette pièce! Tu as même une vue géniale sur...
- venons-en au fait!l'interrompit Brandon. Que veux-tu?
- eben...la vie n'a pas été facile avec moi comme tu peux l'voir mon pote...
- je ne suis pas ton pote.
-...il se trouve que j'ai perdu mon job la semaine dernière et ma femme...
- ça ne m'explique toujours pas ce que tu fiches ici répliqua Brandon d'un ton coupant.
- j'vais droit au but alors. J'ai besoin d'frique!
- j'avais pas deviné!railla Brandon.
- j'ai quelque chose qui t'appartiens et que je suis sûr que tu voudrais récupérer.
- ah oui?
Wayne sortir de la poche intérieure de sa blouse trouée un petit carnet à la peau brune et aux pages froissées. Brandon se redressa vivement sur son siège.
- où as-tu eu ça? Réponds!ordonna-t-il en se levant.
- peu importe où je l'ai eu. Le fait est que ce journal a de l'importance pour toi... j'ai essayé de l'ouvrir pour lire son contenu mais j'ai pas pu...j'ai pas la clé.
- rends-le moi!exigea Brandon en essayant de lui prendre des mains.
Wayne le mit hors de sa portée et se leva en riant.
- pas si vite mon ami. Combien es-tu prêt à me payer pour le journal de ta chère maman?
XXX
Brandon entra dans l'ascenseur sans se retourner. Le journal de sa mère en main.
Seb s'aperçut que l'homme d'apparence grossière s'apprêtait à partir lui aussi et hâta le pas pour le rattraper.
- hé! Hé!... Wayne?...Wayne Douglas?
- qu' est-c'que vous m'voulez?s'enquit l'intéressé qui s'était retourné d'un air méfiant.
- bonjour. Je me présente, Seb Freizer, le beau-frère de Brandon.
- bonjour.
- dites-moi mon ami, que venez-vous de remettre à Brandon? Ça semblait important dit-il mine de rien.
- c'est le journal intime de sa mère.
- ah! Et que contient-il?
- c'est un interrogatoire ou quoi!?
- écoutez, je veux juste savoir qui est réellement Brandon. C'est quelqu'un de très... secret et j'ai peur pour ma soeur qui l'a épousée sans vraiment le connaître vous comprenez?
Wayne regarda Seb droit dans les yeux. Élégant, friqué, belle gueule, ce dandy lui paraissait aussi inquiétant qu' une vipère.
- pas besoin de faire semblant avec moi mec. Qu' est-ce que vous avez contre Brandon? Vos intentions sont pas claires vis-à-vis d'lui j'suis prêt à le parier.
Comme il s'y attendait, le jeune homme le regarda avec une drôle de lueur dans le regard. C'était à vous donner des sueurs froides. Un grand sourire s'afficha sur son visage et il se rapprocha de lui.
- si vous collaborez avec moi,dit-il, je vous paierez bien, très bien même.
- que voulez-vous savoir?
- tout...sur le passé de Brandon. Venez dans mon bureau...nous avons beaucoup à nous dire...mon pote.
XXX
Lorsque Ivan entra dans la salle où l'on donnait ordinairement des cours de rattrapage, il la trouva vide, à l'exception de la señora Suarez qui l'attendait, assise derrière le bureau, les jambes croisées, un air impatient sur le visage.
- tu es en retard...tu aurais dû me dire que tu voulais rater tes prochains examens je ne me serais pas donné la peine de perdre mon temps à t'apporter mon aide!
-pas besoin de s'énerver quand même dit-il calmement en fermant la porte derrière lui. J'aurais pas été si en retard si vous m'aviez averti que les cours auraient lieu en salle de retenue et non dans la classe répliqua-t-il en s'asseyant à un bureau en face d'elle.
Cette dernière ajusta ses verres et acquiesca.
- tu as raison. La directrice m'a annoncé que cette salle était libre au dernier moment ,j'ai pensé que tu en avais été informé.
- ben non...par quoi on commence?demanda-t-il en sortant ses livres.
- ok. Vamos a conjugar los verbos en ar-er-ir, al subjuntivo. Dame un verbo en ar.
- quoi? Je veux dire...qué?
- un verbo en ar répéta la señora.
- un verbo en ar? Voyons...euhm...trabajar?
- o terminar, mirar, etc. Y la terminacion es?
- euh...no...no sait pas.
- ça va pas être facile soupira-t-elle en ôtant ses verres.
Une heure et quarante minutes après, Ivan reposa son crayon et poussa un soupir de soulagement.
- enfin! C'est terminé!
- pas encore. Nous allons poursuivre avec la chimie.
- déjà? Allez prenons une pause, implora-t-il. Travailler sans une pause d'au moins 5 minutes c'est carrément de la torture!
La señora Suarez leva les yeux au ciel et finit par accepter.
- seulement 5 minutes.
- adjugé!s'écria-t-il en riant.
- tu sais, l'espagnol c'est très facile. D'ailleurs tu comprends ce que je dis dans cette langue. Si tu t'appliquais plus en étudiant les verbes et en faisant plus de lecture tu pourrais améliorer ton vocabulaire; cela t'aiderais beaucoup.
- peut-être, admit Ivan en glissant les doigts dans ses cheveux. Pourquoi avez-vous choisi d'enseigner la chimie? Les atomes et l'espagnol sont deux choses très différentes.
- Je sais. L'espagnol est la langue de mon pays. J'ai grandi avec. Mais la chimie est une matière qui me passionnait lorsque j'étais à l'école. Puisque j'excelle dans les deux, pourquoi ne pas faire profiter aux autres de mes talents?
- oh mais je suis sûr que vous excellez dans bien d'autres domaines murmura-t-il en la reluquant.
- pardon?
- je...je me demandais à quel âge vous vous étiez mariée et pourquoi vous n'avez pas décidé de faire carrière dans le mannequinat au lieu d'enseigner à des gosses qui se fichent de ce que vous dites.
- si tu mettais la même énergie à réussir tes examens qu'à poser autant de questions je suis certaine que ton bulletin scolaire s' en porterait bien mieux.
Ivan sourit et mit les deux mains derrière sa tête en la regardant avec des yeux pleins de malice.
- tu as l'air d'un adorable petit lutin des bois lui fit-elle remarquer en ouvrant le manuel de chimie.
- ça veut dire que vous ne me répondrez pas?insista-t-il.
- ça veut dire que les minutes sont écoulées. On se remet au travail.
- non. Ça fait à peine deux minutes et douze secondes que nous sommes en pause calcula-t-il en regardant l'heure à son poignet avant de remettre la main derrière la tête.
- tu es très curieux je trouve.
- c'est dans les gènes!
- tu ne vas pas me lâcher hein?
- vous devinez juste.
Isabelle mordilla distraitement la gomme de son crayon et plissa les yeux en regardant cet adorable garnement la fixer avec convoitise. Il avait un regard brûlant et d'un vert superbe. Un regard fait pour déclencher chez elle des picotements désarmants comme c'était le cas à présent. Secouant la tête, elle soupira bruyamment et remplaça son crayon par une plume.
- ouvre ton livre au chapitre 6.
Ivan obéit en poussant un soupir de déception. Il essayait juste de faire la conversation. Pourquoi se fâchait-elle? Il fit la moue avant de se plonger dans son bouquin. Elle lui expliqua avec toute la patience dont elle était capable les notions qu' il n'avait pas comprises. Après avoir repris avec lui deux chapitres, elle lui donna des exercices à faire. Pendant qu'il travaillait, elle sortit un roman de son sac à main et reprit sa lecture où elle s'était arrêtée la veille.
- vous raffolez des harlequins historiques? C'est si frivole et ridicule!
La señora Suarez referma son livre et plissa les yeux en le regardant.
- que veux-tu au juste? As-tu...
- oui j'ai terminé avec les exercices. Si vous n'avez rien d'autre à me donner à faire ou à m'expliquer pourquoi ne pas parler? Par exemple, ce livre que vous lisez ne vous apportera rien d'autre que des rêveries de fillette. Vous êtes une femme mûre, vous devriez laisser ces trucs d'adolescente de côté.
- trucs d'adolescentes? Rêver n'est pas un crime, les romans sont là pour traduire une réalité et pour nous faire rêver je ne vois pas en quoi c'est mal. Que sais-tu sur...
- ma grande soeur en lisait avant la coupa-t-il. Elle en a des tonnes... des ducs, des ladies, des vicomtes...c'est ridicule. On a changé d'époque! Le XVIème ou le XVIIème siècle est passé. Maintenant on à Hulk, Thor, Iron man, Spring brakers, Teen Wolf...
- ça se voit que tu es encore un enfant.
- vous n'aimez pas regarder des films? La comédie, les séries, les mensonges, le surnaturel, la violence, l'action, le sang, le sexe?énuméra-t-il en appuyant sur le dernier mot.
Isabella esquissa un sourire en coin avant de placer un signet dans son livre et de le remettre dans son sac.
- tu peux rentrer chez toi Ivan.
- quoi? Déjà?
- oui. On poursuivra avec deux autres chapitres de chimie jeudi prochain et la récitation des verbes en espagnol au subjonctif et à l'imparfait...au revoir Ivan.

La famille FreizerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant