AVRIL [Édité chez Hachette]

Chapitre 9

La suite de l'après-midi passa sans encombre : j'étais dans une sorte de transe due à ma punition. J'assistai donc aux autres cours et parlai avec mes colocataires sous un mode « robot ». Tous mes gestes étaient automatiques.

Je fus présentée à de nouvelles classes et heureusement pour moi, je ne me retrouvais aucune fois isolée. J'étais le plus souvent en compagnie de Sky même si quelques rares fois, l'heure se déroulait avec Kelly.

Quand la cloche de la fin des cours retentit dans les couloirs, une peur sourde entoura ma gorge dans un étau glacé. C'était le moment. Je lançai un regard à mon amie qui m'avait promis de m'accompagner à la salle et de m'y chercher une fois terminé.

Kelly nous fit la bise et parti, prétextant qu'elle avait un devoir important à rendre demain. Je me retrouvai donc seule, en compagnie de la belle blonde qui illuminait l'établissement de sa gaieté. Elle me parlait d'Adam, de son cours préféré, des vacances... Elle ne voyait pas du tout que me visage avait considérablement pâli et que je marchais de plus en plus lentement.

Aussi, quand j'arrivai à la porte, elle recommença à toquer de toutes ses forces ce qui réussi à m'enfoncer encore plus dans ma détresse. On attendit un moment et, comme la porte ne s'ouvrait pas, Sky tourna la poignée.

Ce que je découvris me coupa le souffle : des tables étaient éparpillées dans la pièce et les élèves à l'intérieur s'envoyaient des avions en papier ou écoutaient de la musique. Je cherchai un professeur du regard et aperçus un surveillant, au fond de la classe. Il avait posé ses pieds sur le bureau et portait un casque tout en lisant un bouquin. Il ne prêtait aucunement attention aux étudiants qui mettaient un bazar pas possible.
- Finalement on dirait que je n'ai pas besoin de venir, déclarai-je ;
- Et pourquoi ça ? Demanda ma camarade d'un air suspicieux ;
- Tu vois toi-même que personne ne vérifie notre présence !

La jeune fille secoua la tête devant ma réplique faisant virevolter sa crinière blonde.
- Ça c'est ce que tu crois !
Elle allait continuer de m'expliquer lorsque ses yeux captèrent quelque chose qui sembla la rassurer. Sans reprendre là où elle s'était arrêtée, elle s'adressa à une personne derrière moi.
- Je peux te la confier pour l'heure ? Tu me la ramène quand tu veux, dit-elle sur un ton de plaisanterie.

Mais à qui était-elle en train de parler ?
- Sans problème, susurra une voix.

Merde.

Apparemment mon ange-démon m'avait retrouvé... Je me tournai lentement, me persuadant que si je prenais assez longtemps, il pourrait disparaître... Mais quand je me retrouvai face à lui, je dus me rendre à l'évidence : il était bel et bien devant moi.
- Bon ba à tout à l'heure vous deux ! S'écria Sky en s'en allant.

Je n'eus même pas le temps d'ouvrir la bouche que déjà la porte claquait. Aïe, ça faisait mal...
- Comme on se retrouve ! Lança Jeff avec une lueur amusée dans le regard ;
- Ouais, à croire que tu me poursuis... bougonnai-je ;
- Si c'était le cas on ne serait pas là en ce moment, chuchota-t-il.

Je hoquetai de surprise, pourquoi avais-je la désagréable impression que cette phrase avait un double sens que je ne parvenais pas à décrypter ? Quoi qu'il en soit, j'allai passer une heure avec lui alors il allait falloir que je m'entraine à ne pas réagir à ses provocations.

Je haussai les épaules en guise de réponse et m'éloignai de lui pour aller m'asseoir sur une des seules tables qui n'avaient pas été déplacées au milieu de la pièce. À mon grand désespoir, il me suivit.

À peine avais-je posé les fesses sur ma chaise qu'il en attrapait une pour la placer de l'autre coté la table, en face de moi. Il s'y assit à califourchon : le dossier vers moi et ses coude appuyés dessus. Pendant que je sortais mes affaires, je sentais son regard me transpercer tellement il était intense.