Les deux heures qui suivirent furent des plus longues de ma vie : Dean ne cessa de parler en menaces à peine voilées et en insultes déguisées pendant que Jeff ne m'accordait aucun regard et se concentrait sur Chloé.
Honnêtement ? J'étais tellement préoccupée par son attitude que c'est lui qui me fit le plus souffrir, et non pas Dean. Le petit EMM dut se rendre compte qu'il ne me faisait aucun effet parce qu'au milieu de la deuxième heure, il finit par se taire – et je pris plus d'un quart d'heure à le réaliser, c'est pour dire.
Non, parce que je n'en avais rien à faire qu'il me prenne pour une folle, qu'il me traite de « salope qui fout tout en l'air » ou encore de « grande malade qui aurait mérité que son avion se crash », c'était prévisible et presque cliché de sa part. De toute façon, sur certains points, j'étais même de son avis. Et puis il ne représentait pas de vrai danger au milieu de la classe. Vraiment pas. Alors que Jeff, il représentait un véritable danger pour ma santé mentale.
Il était là, à faire des mamours avec Chloé qui n'hésitait pas à me lancer des sourires victorieux. Géant. J'avais envie de la trucider. Et pendant ces deux heures interminables, je peux vous dire que les scénarios pour la torturer et lui infliger une mort lente et douloureuse dans ma tête s'étaient succédés. Mais au final, quand la sonnerie retentit, je n'avais rien fait et ils se levèrent tous deux et se dirigèrent vers la sortie sans demander leur reste. Je n'eus droit à rien d'autre de la part de Jeff qu'une froide ignorance.
Aïe.
Bon sang, mais c'était quoi son problème ? Comment pouvait-il m'embrasser, passer une heure à flirter avec moi puis se jeter dans les bras de ma pire ennemie ? Cela n'avait aucun sens ! Je rangeai lentement mes affaires, prise dans mes pensées, cherchant une raison qui justifierait les actes du latino sans jamais rien trouver.
Si bien que je ne me rendis compte que trop tard que la classe était vide et que le silence régnait. Un silence de plomb, preuve qu'il n'y avait plus personne dans un rayon plutôt large. C'était normal, tout le monde devait se rendre à la cantine pour la pause... Mal à l'aise – me rappelant surtout que chaque fois que je me retrouvais seule, ça finissait de la pire des manières – je me glissai entre les tables à la hâte et sortis de la salle au pas de course.
Plus vite je retrouverais la foule, plus vite je serais en sécurité. Je serrai mon sac contre ma poitrine en arrivant au premier rang et longeai le bureau du prof en courant presque.
Mais alors que je dépassais la porte, quelque chose s'accrocha à mon coude et me plaqua vivement contre un mur, si fort, que j'en perdis mon sac qui tomba bruyamment sur le sol.
- Mais qu'est-ce que...
- Enfin seuls, me souffla-t-il dans l'oreille.
Et ces simples mots suffirent à hérisser la totalité des poils de mon corps.
Merde.
- Dean ? T'es toujours là ? Demandai-je d'une voix faussement assurée ;
- Bien-sûr que je suis toujours là, j'attends ce moment depuis au moins six mois.
Je décidai de ne pas répondre et d'attendre, me redressant dans toute ma grandeur pour montrer que je n'avais pas peur. Malheureusement, même du haut de mon mètre 70, je ne lui arrivais pas au dessus du menton. Pour l'effet intimidant, c'était raté.
- Je t'ai manqué princesse ?
- Pas spécialement, marmonnai-je, pour lui comme pour moi.
À vrai dire, j'avais oublié le sujet " Dean " après avoir quitté l'internat. De toute façon, il ne m'avait pas embêtée depuis longtemps et je savais que ce n'était pas lui qui avait mis le feu au CDI. Aussi, il ne représentait pas la plus grande des menaces et mon cerveau l'avait comme occulté.
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AVRIL [Édité chez Hachette]
Teen FictionAvril intègre Schooltime, un internat au fin fond du Texas. Elle est nouvelle, timide, et se retrouver isolée de cette façon ne fait que l'impressionner plus encore. Cependant Avril est curieuse et, comprenant que l'internat dissimule un terrible se...