Le déjeuné passa sans accrochage, même si je surprenais de temps à autre les regards assassins de Chloé. Bientôt, nous nous levâmes pour déposer nos plateaux. On se dirigea ensuite dehors, sous le soleil qui ne réchauffait rien du tout en cette saison. Je grelottais, vêtue uniquement d'une chemise et d'une jupe et j'espérais vraiment que nous n'allions pas nous attarder ici.
Cependant j'avais la drôle d'impression que les garçons n'étaient pas du tout dans le même état d'esprit, car l'un d'eux piqua le sac de Chloé qui commença à lui courir après en lui hurlant de le lui rendre. Les autres se placèrent en cercle autour d'elle et se balancèrent l'objet au-dessus de sa tête sans jamais lui donner. Ils étaient tous morts de rire, sauf moi qui commençai vraiment à me demander si je n'étais pas atteinte de Parkinson. Soudain, alors que mes dents claquaient, une veste s'abattit sur mes épaules et sans même me retourner pour voir qui me l'avait confiée, je l'enfilai et serrai les bras autour de ma poitrine, soupirant de soulagement.
- Ça va mieux ? Fit Sa voix au creux de mon épaule.
Je hochai timidement la tête.
- OK alors j'y retourne.Je le regardai s'éloigner pour attraper le sac qu'on venait de projeter un peu plus loin. Il était tellement beau... J'enfouissais ma tête dans sa veste. Et il sentait tellement bon... Comme j'aurai aimé à ce moment là qu'il me prenne dans ses bras et... NON. Non non non et non. Pas de ça. Je secouai brusquement la tête et clignai des yeux.
Ce mec t'as traité de bourge qui réclame l'attention de tout le monde !
Oui mais il m'avait empêché de tomber après, ça pouvait être vu comme une excuse non ?
Il flirte avec toutes les filles ! Il flirte avec Chloé !
Bon je devais vraiment l'éviter. Ce mec n'était pas du tout mon genre et je savais très bien que si je commençai dès le premier jour à m'intéresser à lui, je n'en souffrirai que davantage.Leur jeu dura environ une demi heure, puis, une fois son bien récupéré, Chloé proposa à toute le bande d'aller sur la pelouse, près de la forêt. Dès que j'entendis sa proposition, je ne pensai plus qu'à une seule chose : l'examen. Je levai la tête, à la recherche de cet endroit sans le trouver : autour de moi s'étendait un vaste parc de graviers avec, ça et là, des bancs et des tables en bois. Derrière nous se trouvait un grand escalier en pierre qui nous permettait de rentrer dans l'établissement. Le groupe s'avança alors vers la gauche, là où la forêt était le plus proche. Je les suivais silencieusement, légèrement angoissée par la densité des arbres et leurs formes maléfique en cette saison. Plus on s'approchait et plus mon souffle était embué. Bientôt, on entra dans ce lieu effrayant où les arbres dénudés semblaient prêts à nous emprisonner de leurs doigts brisés. Les autres marchaient devant moi, sans se rendre compte à quel point ce coin était glauque. Ils riaient et ce son ne faisait qu'intensifier la peur qui montait au fond de mon être. Ils paraissaient tous si naïfs à se chamailler alors qu'ils s'enfonçaient dans cette zone sombre et malfaisante. Le chemin continuait et la lumière disparaissait. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine.
Soudain, j'entendis un bruit derrière moi. Je me retournai, terrifiée par ce que j'allais découvrir. Mais il n'y avait rien. Je m'arrêtai alors de marcher, de bouger, de respirer même. J'étais un boule de nerfs, prête à partir en courant dès que le bruit retentirait de nouveau. Ma concentration était telle, que ce fut seulement au bout d'environ cinq minutes que je réalisai - non sans horreur - que le silence s'était fait autour de moi et que mes amis n'étaient plus là. Ils n'avaient apparemment pas vu que je m'étais arrêtée et avaient continué leur trajet, m'abandonnant à mon propre sort dans ce paysage lugubre. Ma respiration se fit alors précipitée. Je respirais trop vite, trop fort. Je le savais ! Je savais que je devais me calmer, que réagir de cette façon n'arrangerait pas les choses, mais c'était plus fort que moi... J'étais seule. C'était ce que je redoutais le plus au monde : la solitude. J'avais toujours eu cette peur, encrée au fond de mon âme. Et maintenant, je me retrouvais au milieu d'une forêt sinistre, n'ayant pour compagnie que le bruit de ma respiration sifflante.
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AVRIL [Édité chez Hachette]
Novela JuvenilAvril intègre Schooltime, un internat au fin fond du Texas. Elle est nouvelle, timide, et se retrouver isolée de cette façon ne fait que l'impressionner plus encore. Cependant Avril est curieuse et, comprenant que l'internat dissimule un terrible se...