Je ne compris pas tout de suite qu'il s'adressait à moi mais lorsque ses pas se rapprochèrent à une allure qui m'indiquait qu'il courait, le doute n'était pas permis.
Mon instinct de survie prenant le pas sur ma raison, je m'élançais entre les arbres, m'enfonçant avec une rapidité surprenante dans les bois.
Néanmoins, malgré ma vitesse je sentais sa présence, je savais qu'il me poursuivait. Il devait être à une dizaine de mètres, j'espérais de toutes mes forces qu'il ne pouvait pas me reconnaître.
Je détalais à travers les arbres, poussée par ma peur. Je n'avais aucune idée d'où je me dirigeais mais cela n'avait pas d'importance, il fallait que je fuis, il ne fallait pas qu'il découvre qui j'étais !
C'était une certitude : je ne savais pas qui il était toutefois je n'avais aucun doute sur sa nature malfaisante, c'était comme un pressentiment.
Je galopais toujours dans ce lieu lugubre et je compris vite - au vu du paysage qui m'entourait - que s'il me rattrapait maintenant, s'en était fini de moi. Nous étions totalement isolés et personne ne pourrait entendre mes hurlements stridents. Je devais me débrouiller seule. Je devais tenir. Je devais survivre !
Le décors qui s'offrait à moi rendait la situation encore plus sinistre. Je traversais cette forêt noire où la vie ne semblait plus exister. Les branches qui me surplombaient me faisaient penser à des doigts crochus qui cherchaient à m'emprisonner dans une cage d'où je ne pourrais plus jamais m'échapper.
J'étais perdue, terrifiée et peu entrainée, mes chances de victoire étaient plus que minces... Le ciel était gris, comme s'il reflétait mes propres sentiments, un gris pluvieux, proche des larmes qui menaçaient d'exploser au coin de mes orbites. Ce gris m'entourait et diffusait un brouillard dense autour de ma petite personne. Je tournai deux secondes la tête et vis que je ne pouvais distinguer que ce qui se trouvais à seulement quelques mètres de moi.
Je compris aussitôt à quel point l'homme était proche: je le voyais clairement, courant vaillamment à travers cet enfer. Il paraissait près à tout pour m'attraper. Heureusement, j'étais aussi prête à tout pour lui échapper...
Cela faisait presque un quart d'heure que je courais à en perdre haleine et soudain, la fatigue commença à se faire sentir au creux de mes entrailles. Elle se forma autour de mes muscles déjà légèrement engourdis par la froid hivernale. Mon souffle était saccadé et je commençais vraiment à désespérer: il était évident que je ne pourrais plus tenir longtemps...
- Arrête toi ! Fit sa voix.Je ne répondais ni ne réagissais, il ne fallait pas qu'il découvre mon identité et pour cela je devais à tout prix garder ma bouche close et courir.
Je continuais mon ascension slalomant entre le arbres, ils me donnaient l'impression d'être des obstacles, près à me faire tomber dès que je ne serai plus assez concentrée. Toute la nature semblait s'être retournée contre moi et je ne savais pas du tout vers où je devais me diriger.
C'était un cauchemar, mes jambes ne me soutenaient plus qu'à moitié et je déambulais de cette vaste étendue fanée qui peu à peu semblait se refermer sur moi comme un cercueil...
- Tu ne vas pas pouvoir aller bien loin, continua-t-il.Il semblait indéniable pour lui comme pour moi que je ne disposais plus de beaucoup de temps avant que mon épuisement ne prenne le dessus. Je ne m'arrêtais pas, mais je sentais malgré moi que je ralentissais sous le poids de mes muscles en coton. Il se rapprochait et j'étais à présent seulement animée par ma volonté de subsister, je refusais de mourir aujourd'hui, ce n'était pas une option envisageable. Je n'étais pas prête à faire le grand saut ! Et pourquoi ? Parce que j'avais entendu une conversation que je n'avais même pas comprise !
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AVRIL [Édité chez Hachette]
Teen FictionAvril intègre Schooltime, un internat au fin fond du Texas. Elle est nouvelle, timide, et se retrouver isolée de cette façon ne fait que l'impressionner plus encore. Cependant Avril est curieuse et, comprenant que l'internat dissimule un terrible se...