Le lendemain, je me réveillais avant tout le monde – chose vraiment rare – et me levais pour aller m'habiller et me brosser les dents. J'ouvris discrètement l'armoire de Sky – qui m'avait conseillée (et même forcée) de prendre ses vêtements plutôt que les miens.
J'empoignai ce qui me tombait sous la main et filais dans la salle de bain. Une fois tranquille dans cette petite salle rassurante, je regardais quelles victuailles j'avais réussi à dénicher dans cette penderie remplie à ras bord.
Il s'agissait d'un slim noir taille haute et d'un pull en laine beige ample. Parfait, ça ferait totalement l'affaire. Je me déshabillais et enfilais ce que j'avais dans les mains. Très rapidement, je vis que mon haut était aussi doux que du poil à gratter et je l'enlevai. Déjà fatiguée au petit matin et ayant la flemme de sortir chercher autre chose, je mettais mon t-shirt de pyjama et enfilais le pull au dessus.
Je me lavais ensuite les dents et sortis un eye-liner de la trousse à maquillage de Kelly. Je dessinais le trait fin que Blondy – alias Sky – m'avait appris à tracer et appliquais un peu de baume sur mes lèvres gercées.
Je m'attelais ensuite à une tâche très désagréable et de ce fait très difficile : l'enlèvement des pansements enfantins dont était tartiné mon visage. Celui en plein milieu de mon front fut très simple à décoller, en revanche, ceux sur mes joues me procurèrent bien plus de problèmes...
Je maudissais chacun de mes mouvements et jurais à peine le scotch de cet outil de martyre se décrochait d'un millimètre. Désespérée après n'avoir seulement réussi à retirer que la moitié de chaque morceaux de plastique qui ornaient mes joues, je levais les yeux vers mon reflet et l'image qui s'offrit à moi me fit éclater de rire : ma tête dégageait un agacement intense et les deux bouts de papier pendouillaient à mes pommettes de manière totalement ridicule.
Sentant l'impatience prendre le dessus sur ma raison, j'attrapais les pansements des deux poings et tirais violemment. Un gémissement mourut dans ma gorge et je passais aussitôt mes mains sous l'eau du lavabo pour les plaquer contre mes plaies.
Une fois la douleur apaisée, je regardais dans le miroir l'état dans lequel je me trouvais – non sans ressentir une terrible appréhension – et découvris vraiment soulagée que mes blessures n'étaient pas si terribles que ça.
Bien sûr les écorchures n'étaient pas magnifiques mais elles restaient fines et formaient déjà des croutes. J'aurais limite pu faire croire que c'était des griffures de chat.
J'attrapai alors un peu de fond de teint et en appliquais délicatement sur ma peau meurtrie. Peu à peu, les traces disparurent et je semblais seulement un peu plus bronzée qu'à la normal.
Peut être que les entailles conservaient un léger relief mais cela restait vraiment discret – du moins à la lumière artificielle qui baignai l'endroit. Je me mis une touche de parfum et sortis, fraiche et dispose pour cette journée compliquée.
Dès que la porte s'ouvrit, je recevais en pleine face l'air froid qui habitait la chambre. En effet, les fenêtre étaient grandes ouvertes et le lit du haut était vide. Je me retournais et découvris la mignonne petite bouille d'une jolie brunette. Kelly était ce genre de filles qui avait beau être réveillée à trois heures du matin par un sceau d'eau glacée alors qu'elle s'était couchée il y a à peine une heure, gardait sa beauté fracassante.
Je distinguais aux fines lignes violacées qui caressaient ses joues qu'elle venait de se réveiller. Ses cheveux étaient coiffés en un chignon à la va-vite qui lui allait à merveille. Elle portait un débardeur et un jogging. Elle était en pleine contemplation de son écran et je me raclai la gorge pour signaler ma présence.
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AVRIL [Édité chez Hachette]
Teen FictionAvril intègre Schooltime, un internat au fin fond du Texas. Elle est nouvelle, timide, et se retrouver isolée de cette façon ne fait que l'impressionner plus encore. Cependant Avril est curieuse et, comprenant que l'internat dissimule un terrible se...