Chapitre 19

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J'ai vraiment envie de vous dire qu'après cette réponse pour le moins éloquente, j'ai réagi comme une héroïne de roman. Vraiment. Genre, je me suis levée d'un air solennel, j'ai appuyé les mains sur la table et j'ai lancé un : « je commence quand ? ». Ce serait génial.

Le truc, c'est que je ne me considérais pas spécialement comme le personnage d'un roman, et encore moins comme une héroïne... Aussi, face à cette annonce qui aurait dû me plonger dans un profond sentiment de responsabilité à deux balles, je réagis de la pire des manières : je fus prise d'un incroyablement scandaleux fou rire.

- Moi... articulai-je entre deux éclats de rire... votre seul espoir ?

J'étais carrément pliée en deux, les poings tapant la table :

- Vous êtes pas dans la merde...

La doctoresse ne semblait pas du tout partager mon hilarité et elle m'observait d'un air sévère. Mais qu'est-ce que j'en avais à faire ? Déjà, elle venait de m'avouer qu'elle travaillait pour la CIA mais qu'elle n'avait jamais daigné m'aider du temps où je me faisais perpétuellement agresser, ensuite, elle expliquait qu'il ne restait à cette agence mondialement connue qu'un seul espoir pour contrer Schooltime et que c'était moi.

Sérieux ?

Moi ? La gamine qui avait réussi dès son arrivée à entrer dans le collimateur du plus grand psychopathe de l'école ? Moi ? Celle qui s'était liée d'amitié avec une drogueuse et qui était tombée amoureuse de celui qui était prêt à la livrer aux méchants ? Non vraiment, il devait y avoir erreur sur la personne, parce que s'ils me faisaient confiance, on allait tous finir six pieds sous terre.

Je parvins à me calmer après une lutte acharnée pour retrouver ma respiration et c'est à cet instant que la doctoresse décida de reprendre la parole :

- Je comprends votre étonnement...

Étonnement ? C'est peu dire !

- … Mais sachez que si vous allez jouer un rôle clé dans notre mission, vous aurez tout notre soutien et vous n'avancerez pas seule, comme vous avez pu devoir le faire par le passé.

- Madame, par le passé, vous m'avez déjà fait jouer un rôle clé dans votre mission, si je puis me permettre : la seule différence, c'est que je n'étais pas au courant. J'étais censée être encadrée par ma tante, Mme Cralhem, Diego Flores et même vous je crois bien.

Je marquai une pause puis allai droit au but :

- Est-ce que je peux me permettre aussi de vous rappeler qu'au final, j'ai dû tuer un prof à moi toute seule, survivre à l'explosion du CDI puis m'enfuir le plus vite possible avant qu'on profite de cette explosion pour déguiser mon assassinat ? Sans oublier que ma tante, votre agent, a disparu depuis ces évènements derniers sans laisser la moindre trace et que cette année, les examens reprennent.

Il y eut un petit silence et je sentis que je l'avais légèrement agacée. Mais quoi ? Je ne faisais qu'énoncer des faits. Comment pouvais-je me fier à cette agence de malheur qui n'avait jamais été capable d'assurer ma sécurité ?

- Je comprends que vous ayez quelques réticences à travailler à nos côtés...

Ou la, tu commences mal l'amie..

- … Il est vrai que nous avons eu tort de vous utiliser comme nous l'avons fait sans vous mettre au courant et que cela a pu causer quelques problèmes...

- Quelques problèmes ? Éclatai-je sans pouvoir le contrôler.

Je me levai et tapai le plat de mes mains sur la table dans un bruit mat :

AVRIL [Édité chez Hachette]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant