Nous remontâmes les marches lentement. J'avais mal à la jambe et j'étais fatiguée mais je n'avais pas envie que Jeff me porte, je voulais me débrouiller toute seule. J'avais besoin de mon espace, mon autonomie. Le latino était derrière moi, laissant une petite distance entre nous afin de me permettre de respirer et de réfléchir, comme s'il sentait que j'en avais besoin.
Quand nous arrivâmes à l'étage des garçons, je m'arrêtai, prête à lui dire au revoir. Je n'avais pas très envie de m'attarder, pas très envie de parler. J'étais dans une sorte d'état second, un peu comme un zombie. La douleur, les larmes et la fatigue m'avaient achevée et tout ce dont j'avais besoin c'était d'une bonne et longue nuit de sommeil.
Jeff arriva très vite à ma hauteur et se planta devant moi, le regard assombrit pas des sentiments noirs, des sentiments qui n'étaient pas les siens, j'en avais parfaitement conscience. Il ne souffrait pas pour lui, il souffrait pour moi et c'était dur de ne pas lui faire confiance en voyant ça.
– Bon, je crois qu'on se quitte ici... soufflai-je d'une petite voix affaiblie, bonne nuit alors.
Je n'eus même pas la force de mettre dans mon intonation une once de gaieté, j'étais vraiment dans un sale état...
– Avri...
Les doigts de Jeff glissèrent sur mon avant-bras puis encerclèrent mon poignet. Il était doux, attentionné et je sentais que ce geste avait pour but de me prouver qu'il me soutenait... Mais j'étais trop crevée pour l'apprécier à sa juste valeur. Aussi, je tentai de retirer mon bras pour m'éloigner de lui.Le latino n'était apparemment pas du même avis : il resserra légèrement sa prise tandis que je le fusillai du regard :
– Jeff, c'est pas le moment. Je suis triste et j'ai envie de dormir, tu me laisser partir s'il te plaît ? Demandai-je blasée ;
– Non.
– Jeff, c'est VRAIMENT pas le moment, ça va commencer à m'énerver là.Et je tirai un peu plus fort pour me séparer de lui, ce qui fut totalement inefficace.
– Avri, je ne peux pas te laisser comme ça, je... ne peux pas t'abandonner dans cet état, je ne veux pas que... tu souffres... murmura-t-il les traits tirés par l'ennui.Sa compassion m'alla droit au cœur et je retrouvai instantanément mon calme :
– Je suis désolée de t'avoir inquiété... Mais t'inquiète pas, je suis plus solide que j'en ai l'air ! Je vais me remettre de toutes ces frayeurs !Il hocha la tête d'un air entendu, comme s'il savait que j'étais plus forte que j'en avais l'air, comme s'il savait que je n'aurais pas de mal à m'en remettre. Et cette image de lui, me montrant qu'il croyait en moi me ramena un peu de courage, un peu d'espoir et un peu de joie. S'il me faisait confiance, s'il croyait en moi, alors je me devais de lui prouver qu'il n'avait pas tord. J'avais les moyens de surmonter toutes ces épreuves et je n'allai pas me laisser abattre.
Cependant, alors que je lui souriais et essayais de m'écarter, il marqua une légère pression sur mon poignet qui m'amena directement dans ses bras.
– Bon sang mais qu'est-ce que tu fais ? M'enquis-je agacée ;
– Je ne veux pas te brusquer et je n'ai aucune arrière pensée en te demandant ça mais... tu voudrais bien dormir dans ma chambre ?Hein ?
– Hein ?
– Ne te méprends surtout pas ! Ce n'est pas une invitation pour coucher avec moi ou un truc du genre ! Je... ne me sens juste pas capable de te laisser comme ça, je ne veux pas qu'on soit séparés, pas maintenant... s'il te plaît !Son ton était suppliant et son regard semblait tout aussi implorant si bien que j'eus la terrible envie de lui répondre oui, mais :
– Et si on se faisait prendre ? Tu ne vas pas me dire que c'est si facile pour que deux élèves de sexe opposé dorment dans la même chambre ici ?– Ne t'inquiètes pas pour ça, les surveillants passent dans les couloirs à des heures précises, ils ne toquent jamais aux portes et ne rentrent jamais dans les chambres. Il ricana d'un air coquin puis continua, comme prit dans son élan : si tu savais le nombre de fi...
Il s'arrêta d'un coup face à mon regard haineux.
– Le nombre de quoi ? Répétai-je froidement ;
– Non, rien rien...
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AVRIL [Édité chez Hachette]
Teen FictionAvril intègre Schooltime, un internat au fin fond du Texas. Elle est nouvelle, timide, et se retrouver isolée de cette façon ne fait que l'impressionner plus encore. Cependant Avril est curieuse et, comprenant que l'internat dissimule un terrible se...