Après avoir marché quelques heures, le petit groupe émergea de la forêt sur une étendue d'herbes folles et verdoyantes.
- Kiyahaha !!! Tu avais raison ! s'exclama le premier homme, fébrile de joie. On a fini par sortir de cette forêt !
Ils s'arrêtèrent. Ashitaka regardait avec étonnement le paysage qui se peignait devant leurs yeux.
Cerné de montagnes aux facettes variées, un grand lac étendait ses eaux bleues dans la vallée élargie qui se rétrécissait vers le bout de ce dernier. Sur ses rives gauches, un versant recouvert d'une épaisse forêt s'élançait vers les hauteurs tandis qu'à droite le versant était dénudé d'arbres et une falaise serpentait sur son flanc. A l'horizon, on pouvait apercevoir de somptueuses montagnes, dont les sommets étaient parfois semés de glaciers étincelants. A une des extrémités du lac, sur une presque-île artificielle dont les bords raides plongeaient dans l'eau, étaient édifiés des bâtiments de toutes tailles, surmontés d'immenses toits de bois pour les plus gros d'entre eux. Il s'en échappait des jets de fumée orangés et de vapeur. Le tout était protégé par une ligne de fortification de troncs qui courait autour de l'île, soigneusement garnie de postes de gardes à intervalles réguliers, et de meurtrières en tous genres. Celle-ci était reliée à la terre par un pont également en bois où l'on pouvait voir une caravane de bœufs arriver. En dessous du mur fortifié, des rangées de piques de bois acérées pointaient vers le ciel. Sur le versant au dessus, des cascades artificielles avaient été construites sur des canalisations. Des hommes y creusaient fébrilement. Plus bas, des habitants coupaient, triaient et amassaient des grands tas de bois. L'ensemble était très animé. Toutes sortes de bruits s'en échappaient, tintements métalliques, soufflets et autres, y indiquant un trafic intense.
« - C'est une véritable forteresse, dit enfin Ashitaka.
- Ce sont les forges* de Dame Eboshi ! affirma le premier homme avec une certaine admiration joyeuse. On y transforme le minerai en fer. »
Le jeune prince se couvrit le visage et se mit en marche vers les forges.
Sur la rive du lac, en face du village fortifié, quelques hommes avaient allumé un petit feu. Deux barques étaient amarrées à côté d'eux. Sans doute des pêcheurs, vivant aux forges, qui passaient la journée là.
- Ooohéééé !!!! entendirent t-il soudain crier.
Inquiets et surpris, ils se levèrent.
« - Ooohéééé youhouuu !!!!! reprit la même voix.
- Des cavaliers qui sortent du bois ! s'écria l'un d'eux.
- C'est la démone ! fit un autre.
- Ohéé ! C'est moi !! Kohroku !! Kohroku le bouvier ! continua un cavalier.
***
Dans les forges, l'agitation se fit sentir. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre : des humains étaient sortis vivants du bois ! Les villageois abandonnaient leurs activités toutes affaires cessantes pour se précipiter sur la petite rive côtoyant le pont à l'entrée de la forteresse.
« - C'est vrai ! affirmait un arquebusier à ses camarades. Il arrive par le lac !
- C'est incroyable comment a-t-il fait ?
- Ce n'est pas possible !
- Extraordinaire !... »
Les habitants, impatients de voir les survivants de leurs yeux couraient à l'extérieur des maisons dans un vacarme de cris et de voix pour se précipiter au dehors du village. Assis sur le plancher extérieur d'une habitation, un homme renfrogné se tenait, la tête penché sur une lamelle de bambou. C'était le second de la jeune femme, dans la caravane qui avait affronté les loups. Il était vêtu d'un épais pantalon brun ainsi qu'un haut gris foncé fermé sur son poitrail. Une écharpe bleue lui entourait le cou, soulignant une barbe de plusieurs jours qui lui mangeait la moitié du menton. Même assis, il possédait encore une stature et une carrure plutôt impressionnantes.
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Princesse Mononoke - Le livre
FantasyL'histoire retranscrite en livre du jeune Ashitaka et de la princesse des esprits dans le Japon ancien...