Chapitre 18

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Parallèlement, la guerre battait son plein entre les habitants des forges, et les armées de samouraïs d'Asano.

En effet, au moment ou le dieu Cerf disparaissait à la vue du clan de Moro, une bataille faisait rage à quelques lieues des forges. Une bataille qui, d'un côté, opposait Dame Eboshi et ses arquebusiers, et de l'autre côté, plusieurs clans entiers de valeureux samouraïs qui n'avaient pas l'intention d'abandonner face aux puissantes armes à feu de l'adversaire. Ceux-ci se préparaient précisément à amorcer une nouvelle attaque.

A cet instant précis, une masse de samouraïs enragés aux sabres levés se précipita en courant vers les ennemis, en leur décochant des dizaines et des dizaines de flèches. Les projectiles se mirent à pleuvoir sur les paravents rouges, soigneusement déployés devant les troupes des forges.

- Arquebusiers ! Préparez vous ! cria Eboshi.

Elle laissa les assaillants fous furieux s'approcher, histoire que les tirs soient plus précis et...

- FEU !!!!!!!!!

Une énorme explosion retentit dans un nuage de fumée et de poussière. Quand il s'évapora, ce ne fut plus une nuée de guerriers en fureur sur le versant opposé, mais des hommes mort de peur et hébétés, certains ayant perdu un bras ou une jambe. Terrifiés, ceux qui était encore en un seul morceau essayaient de fuir, les traits emplis d'horreur.

- Rechargez, rechargez !! hurla Gonza.

A quelque mètres de lui, Dame Eboshi, armée d'une arquebuse faisait des ravages dans les clans de samouraïs en face d'elle, visant tout particulièrement les meneurs, et les chefs de groupes. Ceux-ci, tout dispersés qu'ils étaient, avaient à peine le temps de crier un strident « à l'attaque !! », qu'ils s'écroulaient de leur chevaux, le corps en feu. Des explosions suivies de nuages de fumée grise retentissaient de partout.

Entre les samouraïs acharnés et le clan Tatara des forges, une caravanes de bœufs avançait désespérément de toutes ses forces, pour tenter de s'éloigner des lignes de tirs. Aux multiples explosions qui produisaient un bruit épouvantable, s'ajoutait le vacarme des beuglement des bœufs affolées.

- Rassemblez les bêtes bande d'idiots !!!!! cria un homme. Viiite !!!!!

Sur une colline herbeuse qui dominait la bataille, Jiko fit soudainement son apparition, vêtu d'une tunique blanche, d'une veste rouge, et portant un paravent et son éternelle hotte noire.

- Cette brave Dame Eboshi, elle tire bien mais elle se trompe de cible ... ! fit il remarquer en observant l'affrontement avec attention.

Un homme habillé de la même façon que le petit bonze apparut à ses côtés. Jiko se tourna vers lui.

- Partez devant, et allez vous cacher dans les falaises.

L'homme acquiesça d'un signe de tête et repartit, bientôt imité par le petit homme. Celui-ci suivit un court moment la crête de la colline, faisant bruisser les hautes herbes. A quelques mètres en parallèle, à côté de quatre arbres solitaires, une vingtaine d'hommes portant des paravents rouges émergèrent soudainement de la végétation. Sans que le bonze ne leur ait indiqué quoi que ce soit, ils se mirent à le suivre.

Plus bas, dans le vallon, la caravane de bœufs avançait toujours avec empressement.

- Avancez, dépêchez-vous il faut s'éloigner des lignes de tirs !!!

Escortée de deux forgeronnes, une arquebuse dans chaque main, Dame Eboshi, ayant dissuadé une grande partie des samouraïs de continuer leur assaut, par ses massacres, se repliait vers les forges.

Pendant ce temps sur le chemin de ronde de la forteresse, l'agitation se fit sentir.

- Les voilà ! cria une jeune femme sur la tourelle de guet derrière l'entrée. Ils rentrent aux fort !!

En effet, précédant la caravane, Eboshi et ses hommes revenaient vers les forges au milieu de la caravane de bœufs, suivant le sentier à flanc de coteau qui y menait. Une joie fébrile s'empara des forgerons.

Accroupi sur un roc, regardant les bœufs avancer dans un concert de meuglements, Jiko attendait. Deux hommes vêtus de cape de fourrure qui marchaient nonchalamment un instant plus tôt se précipitèrent devant lui.

« - Le dispositif est prêt ! l'informa le premier à voix basse.

- Excellent, excellent, grommela le petit homme en esquissant un sourire. Beau travail mon garçon. Fait passer le mot, nous n'allons pas tarder à intervenir.

- A vos ordres ! »

L'éclaireur s'inclina et repartit, suivi de son compagnon. Jiko leva la tête et sauta de son rocher. Il venait d'apercevoir Dame Eboshi qui marchait, derrière ses hommes, et, ralentissant sa progression, le petit homme vint se ranger à côté d'elle.

« - Salut à toi, Jiko, déclara la jeune femme sans tourner la tête.

- C'est incroyable, commença le bonze avec ce demi-sourire mystérieux et ironique qui ne le quittait jamais. La cours est aux abois. J'ai l'empereur sur le dos, et vous vous jouez à la guéguerre avec des samouraïs de misère.

- Ces « samouraïs de misère », comme tu dis, sont manipulés par Asano...

- Je le connais bien... ! C'est une homme très puissant... ! Oui...!

- Il veut la moitié de mon fer en échange de sa protection, continua Eboshi. »

Jiko émit un petit rire.

- Sa cupidité dépasse l'entendement, ...

Il lui jeta un regard en biais, son éternel sourire narquois flottant sur les lèvres, et plissa les yeux.

- Moi à votre place, heu... j'accepterais ! Vous avez d'autres chats à fouetter, Dame Eboshi... Dans la forêt les sangliers se rassemblent, prêts à combattre. Rappelez-vous votre promesse... Dès que nous aurons la tête de l'esprit de la forêt, vous vous occuperez d'Asano. Donnez tout votre fer pour l'instant et combattez qui vous voulez après.

Entre temps, la caravane était arrivée devant l'entrée, et la plupart des bêtes et hommes avaient déjà pénétrés à l'intérieur de la forteresse. Sur la principale tour de guet qui était gardée par une dizaine de femmes, des cris se firent entendre.

- Dame Eboshi rentrez vite ! Des samouraïs d'Asano arrivent au galop !!!!!!!

La jeune femme se retourna calmement, imitée par Jiko. En effet, sur le sentier qui menait aux forges, la où la caravane se tenait précédemment, trois hommes montés sur des chevaux approchaient au grand galop. Le premier était vêtu d'un costume raffiné vert et rouge, d'un chapeau de paille pointu sur la tête. Il était escorté de deux autres hommes, qui, eux étaient armés, et portaient chacun un étendard surmonté du drapeau national.

- Tiens quelle coïncidence, remarqua Jiko. Un messager de notre ami Asano.

Sans la moindre trace d'inquiétude, Dame Eboshi se tourna vers l'entrée et se remit en marche.

« - Soyez dignes ! fit-elle. Il nous faut l'accueillir comme il convient.

- Oui madaame !! crièrent joyeusement les jeunes femmes. »

Jiko rentra au petit trot derrière Eboshi.

- Heureuses de vous revoir madame !!

Le petit bonze n'avait pas sitôt franchi le pas de l'entrée, que l'immense porte de rondins se referma bruyamment derrière lui, le faisant sursauter.

- Oh ! ... s'écria t-il, surpris. C'est ça que vous appelez l'accueillir comme il convient ????



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