Le lendemain, quand le jeune homme se réveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel. Plus aucune trace de Moro et de San. Cette fois il était seul, toujours au même endroit dans le repaire, enveloppé de peau d'ours. Reprenant ses sens, il se leva rapidement et sortit sur le promontoire rocheux. Dans le ciel bleu, couraient quelques nuages. Les oiseaux chantaient. Comme tout était différent, le jour et la nuit !
Lentement, Ashitaka revint à l'intérieur de la caverne vide, les traits sombres. Il aperçut soudain ses affaire, pliées soigneusement sur le sol : sa cagoule de tissu rouge, son sabre, et ses quelques maigres possessions, rassemblées dans un petit sachet rouge. Il les contempla, puis tourna la tête vers l'entrée en esquissant un demi-sourire.
En fin de matinée, le prince émergeait dans la forêt par une excavation rocheuse. C'était une sorte de tunnel naturel qui menait directement au repaire de Moro et sa meute. Il s'arrêta à l'entrée, et regarda autour de lui. La forêt resplendissait de verdure sous le soleil. Les oiseaux et les cigales gazouillaient à pleine voix dans les arbres et les hautes herbes. Et déjà, la forêt, pourtant grouillante de vie, paraissait étonnamment calme et sereine. Aucune petite bise n'agitait les feuilles des arbres. C'était une belle journée.
Le jeune homme, sentant une présence à quelques mètres, baissa la tête. Son élan Yakkuru, qui l'attendait un peu plus bas, leva la tête à son approche. L'animal fit quelques pas dans sa direction, en l'observant de ses grand yeux bruns inquiets.
- Yakkuru ! s'écria joyeusement le prince. Tu as dû avoir peur pour moi !
Il s'élança vers son élan, oubliant qu'il venait tout juste de sortir de sa convalescence et qu'il n'était pas encore en état de faire des acrobaties. Il dérapa sur le bord du bloc de la sortie du passage souterrain, et se retrouva deux mètres plus bas, pour s'étaler brutalement dans l'herbe au pieds de l'animal ; fort heureusement, il ne se fit aucun mal malgré son atterrissage peu élégant. Arborant une mine surprise il se regarda, comme si il n'attendait pas cette lâcheté de la part de ses muscles.
- Mes jambes sont aussi faibles que celles d'un faon, fit-il en riant à Yakkuru qui s'était penché vers lui.
Soudain, ayant le sentiment que quelqu'un les observait, il fronça les sourcils et tourna la tête. Non loin de là, dressé sur un gros rocher, un des deux louveteaux de Moro semblait les attendre. Devinant les intentions de l'animal blanc, Ashitaka se mit debout. L'élan lui présenta son dos en baissant la tête. S'agrippant à une des puissantes cornes, le jeune homme se hissa à cru sur le dos de sa monture. Sans cesser de les regarder, le loup se leva et se mit en marche vers la vallée, d'où l'on entendait les roulements du torrent.
Suivi du prince juché sur Yakkuru, la bête, obéissant à un ordre muet, commença à sauter lentement de bloc en bloc, pour permettre à l'élan de le suivre. Parfois se retournant et s'arrêtant pour s'assurer que le duo le suivait bien.
Suivant leur guide de loin car celui-ci, s'il s'arrêtait souvent, avait le pied sûr et une allure rapide, Ashitaka et son fidèle animal rejoignirent bientôt un bon sentier, ombragé par des arbres verdoyants. Étonné et un peu inquiet, le jeune homme regardait autour de lui avec attention, fouillant les fourrés des yeux.
- Quel silence... se morigéna t-il à lui même. Où sont nos amis les sylvains ?
Il n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps à cette question, car ils émergèrent de la forêt quelques instants plus tard. Yakkuru s'arrêta sur un rocher. Ils venaient de déboucher sur le lit presque asséché d'une rivière, encombré par de gros blocs et quelques branches mortes. On percevait nettement les écoulements clairs de l'eau qui devait circuler sous ces rocs.
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Princesse Mononoke - Le livre
FantastikL'histoire retranscrite en livre du jeune Ashitaka et de la princesse des esprits dans le Japon ancien...