Chapitre 11

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A une cinquantaine de mètres de là, Ashitaka, se leva, les points serrés devant tant de haine. Fixant le mouvement des villageois sur la place, il prit un regard féroce et se mit en marche. Au milieu de la ruelle, Gonza était toujours assis sur le sol, entouré de deux hommes.

« - Ça va Gonza ? Rien de cassé ? demanda l'un d'eux, inquiet.

- ... Oh, fichez-moi la paix ! s'énerva le capitaine en se frottant la tête. Circulez ! »

Les deux hommes s'empressèrent de partir. Grimaçant, Gonza se releva. En voyant arriver Ashitaka, son visage changea soudainement d'expression.

- Mais ?! ... fit-t-il.

Le jeune guerrier avançait sans le voir, imperturbable, les yeux fixés sur un point à l'horizon. Pendant qu'il marchait, sa malédiction se manifesta alors dans des proportions encore jamais vues. Son bras droit fut entouré d'une lueur bleue, irréelle ou jaillirent de longs tentacules noirs translucides. Il offrait à présent un spectacle effrayant.

- Ton bras ! ... fit Gonza, les yeux ronds. Tu fais donc partie de leur tribu, traître !!?

Sans réagir, le prince continua de marcher vers l'homme.

- Reste où tu es ! ordonna Gonza en brandissant son sabre devant lui.

Ashitaka ne ralentit pas. Il attrapa soudain la lame, et la tordit avec une force décuplée, aussi facilement que si elle avait été de caoutchouc.

- Laisse-moi passer ! siffla-t-il sur un ton auquel il valait mieux ne pas résister.

Aveuglés par leur colère, les villageois resserraient le cercle meurtrier de lances, hurlant et criant de rage. Tout à coup, une pression se fit sentir sur un bord. Le jeune homme apparut, poussant violemment ceux qui se trouvaient sur son passage sans se soucier de l'émoi qu'il causait. L'agitation cessa, chaque villageois paralysé de stupeur et regardant l'étranger qui s'avançait d'un pas ferme vers les deux femmes qui combattaient au centre. Au moment ou la princesse allait de nouveau charger vers Eboshi, il s'interposa et saisit d'un geste brusque, le bras de la jeune fille d'une main, son sabre bloquant celui de Dame Eboshi. La petite sauvage, folle de colère se mit à pousser des cris de colère en essayant de se dégager de l'étreinte qui l'empêchait d'avancer. Mais le prince ne bougea pas d'un millimètre.

« - Tu as tort de faire ça !! persifla Eboshi qui résistait de toutes ses forces avec sa lame.

- Lâchez ce sabre. répliqua Ashitaka, inflexible. La vie de cette fille m'appartient. »

La princesse, folle de rage, se jeta sur le bras du jeune homme et y planta ses dents.

« - Tu y tient à cette petite louve, tu voudrais l'épouser ? ironisa la jeune femme, furieuse.

- Un démon vous possède vous aussi, rétorqua Ashitaka sans relever l'impertinence. Plus terrible que celui de la princesse. »

L'étrange phénomène de la lueur bleue et des tentacules flottantes entoura alors de nouveau le bras du jeune homme. La princesse qui était toujours en train de le mordre ouvrit de grands yeux horrifiés et s'écarta précipitamment, paralysée de terreur. Les habitants furent cloués d'horreur sur place.

- Regardez bien !! cria le jeune prince, flanqué d'un côté d'Eboshi tremblante de rage, et de l'autre de la jeune Mononoke qui faisait des bonds désespérés pour s'enfuir. Regardez tous, à quoi nous ressemblons lorsque la haine s'empare de nous !! Moi elle me ronge le bras... Et elle finira par me dévorer vivant ! La colère et la peur décuplent les forces du mal !!

La petite princesse essayait toujours de se dégager de l'étreinte du jeune homme qui la maintenait solidement. Son regard était emprunt de terreur, paralysé, fixé sur le bras maléfique.

Princesse Mononoke - Le livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant