Princesse Mononoke - Le livre

Chapitre 22

Quelques minutes plus tard, le soleil disparut, laissant la place à de gros nuages gris, et un air lourd qui prédisait l'orage. Presque simultanément, le tonnerre éclata tandis qu'un vent frais se mettait à souffler, et les premières gouttes d'eau tombèrent. Des gouttes d'eau qui se transformèrent très vite en une véritable averse.

Au milieu du brouillard, Ashitaka, juché sur Yakkuru avançait lentement sur le sol humide. Le visage sombre et la tête basse, il avançait vers les forges. Seul. Un volute de brouillard se dégagea doucement, laissant apparaître le soleil quelques instants. Entendant une lointaine explosion, le jeune guerrier tourna la tête, et entrevit le haut d'une colline boisée qui le dominait. Puis le brouillard revint, et le prince, bourrelé de remords de ne pas pouvoir aider San même si celle-ci ne le souhaitait pas, baissa la tête à nouveau.

Soudain, une nouvelle explosion plus forte, cette fois retentit. Ashitaka, ne pouvant se résoudre à l'ignorer se retourna de nouveau sur l'élan. Il sentait ce qui se déroulait, là bas. Il sentait le cri déchirant de dizaines de sangliers projetés en l'air dans un mélange de feu et rocs. Il savait que San luttait en ce moment pour avancer de toutes ses forces avec ses loups, les rochers lui giflant le visage. Une lueur féroce s'alluma dans ses yeux. Que se passait-il, là bas, pendant que lui s'éloignait ? Une bataille devait faire rage, la princesse était peu être en danger ou en mauvaise posture, et lui tournait le dos à toutes ses monstruosités.

Tout à coup, le jeune homme tressaillit, et ses yeux se dirigèrent droit devant lui. D'autres explosions venaient de lui parvenir, mais dans le sens complètement opposé à celles qui étaient dues à l'affrontement contre les sangliers. Des cris et des exclamations désordonnées se faisaient entendre, suivies de tirs. Les nuages qui rendaient impossible toute localisation se dispersèrent, dévoilant le lac du fort. Yakkuru pivota.

- Ça vient des forges ! observa le prince avec une vive inquiétude.

Comme pour lui donner raison, les derniers volutes de brouillard sur le lac se dissipèrent et la forteresse apparut. Horreur ! Elle semblait être prise d'assaut de tout les côtés.

- Allons voir, s'écria Ashitaka en conservant son sang-froid.

Sur la rive de l'étendue d'eau, des hommes qui étaient dissimulés derrière un monticule herbeux se levèrent, apparaissant soudainement au cavalier qui arrivaient à toute vitesse sur eux.

« - Halte ! Qui va là ? cria l'un d'eux en plantant sa lance dans le sol.

- Des samouraïs ! constata le jeune homme avec horreur sans pour autant ralentir sa course d'une seconde.

- Halte, j'ai dis !! »

Le jeune guerrier ne réfléchit qu'un instant. Il jeta un regard circulaire sur le lac, talonna Yakkuru pour lui enjoindre d'accélérer, et dégaina son sabre en un éclair.

- Je passe !!!! cria t-il.

La réaction de ces mots chez l'adversaire fut instantanée. Le samouraï qui l'avait invectivé saisit sa lance et fit un bond en avant en brandissant son arme devant lui tandis que ses congénères en faisait autant derrière lui.

- C'est ça, vient !!...

L'élan et Ashitaka avançait toujours à pleine vitesse. Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques mètres l'homme se prépara, ayant la claire intention de les arrêter. Mais c'était sous-estimer Yakkuru et son cavalier.

Le samouraï fit fuser sa lance avec précision vers les pattes de l'animal pour les lui briser, et donner une bonne leçon à ce gamin présomptueux. Il ne brisa rien du tout. La lame n'effleura même pas l'élan rouge, et encore plus rapide, celui-ci fit un superbe saut au dessus du groupe, toucha le bord de l'eau en un dernier appui, et bondit gracieusement dans le lac, Ashitaka sur son dos. Ils plongèrent ensemble, soulevant une gerbe d'eau.