Chapitre 3

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Le lendemain, à l'aube, le jeune homme et son élan avançaient au milieu d'une vaste contrée désertique. Traversant plaines et montagnes, marécages et rivières, plateau et forêts, ils suivaient la progression du soleil en direction de l'ouest, partageant leur maigre nourriture.

Après un jour et une nuit de route, ils arrivèrent dans l'Ouest du pays, une région en guerre. Juché sur Yakkuru, Ashitaka déboucha sur un versant herbeux, qui dominait une sorte de plaine, formée de collines boisées. Au milieu, une rivière serpentait entre des champs, et une grosse fumée noire montait d'un village éparpillé autour du cours d'eau. Curieux de découvrir la contrée, le jeune guerrier se mit à descendre vers la plaine.

Bientôt, il émergea de la forêt qui recouvrait le bas du versant. Il vit alors des cultures organisées en terrasses qui bordaient des petits groupes de maisons aux toits de chaume. On apercevait distinctement des hommes et des femmes courant dans tous les sens, comme éperdus. En regardant plus attentivement, le prince vit qu'ils étaient habillés différemment, et que certains semblaient poursuivre les autres. C'était des samouraïs, armés d'arcs et de lances qui pillaient les villageois et les tuaient. Les malheureux paysans se défendaient comme ils pouvaient, avec tout ce qu'ils trouvaient sous la main. Une bataille ?

Ashitaka assistait de loin au massacre quand tout à coup il tourna la tête. D'autres samouraïs arrivaient derrière lui !

«- Regardez, un cavalier ! cria l'un d'eux.

- Sa tête va partir !»

Les flèches sifflèrent autour du prince. Il talonna sa monture et partit au galop, glissant une flèche lui aussi dans son arc. A une cinquantaine de mètres de lui, des cris retentirent. C'était une jeune femme qui allait se faire massacrer. Voyant cela, il tira. Deux membres du meurtrier s'arrachèrent et se fichèrent dans un arbre. Ashitaka grimaça et ferma les yeux.

- Mon bras me brûle !

Puis il regarda sur le côté. Deux cavaliers le visaient.

« - Plus vite ! Il va nous filer entre les doigts !

- Bandes de lâches ! Ne vous mettez pas en travers de mon chemin ! cria le jeune homme. Vous allez voir ! »

Un samouraï tira, mais le prince évita le projectile et riposta aussitôt. La tête du cavalier fut projetée en l'air et Ashitaka fila.

- Le démon ! rugit le second samouraï en regardant le corps décapité de son camarade.

Le jeune guerrier s'arrêta un peu plus loin, à côté d'une petite source dans la forêt. Il regarda son bras, sombre. La tache s'était élargie. Les pierres de la Chamane n'avaient pas mentis. Il réalisa pour la première fois que la malédiction décuplait ses capacités guerrières.

Quelques heures après, le jeune homme arriva dans un autre village, empli d'animation. Les bruits familiers retentissaient partout : casseroles, marteau, pilon, cris d'enfants... Les habitants étaient retournés à leurs activités quotidiennes. Quelques voyageurs s'arrêtaient devant les marchands de riz, et une fois rassasiés, ils repartaient.

Accroupi devant une grande marmite de riz, un petit homme grassouillet* mangeait goulûment dans son bol.

- Ce n'est pas du riz ça, c'est un bouillon d'eau chaude ! grogna-t-il.

Soudain, dans la ruelle, un petit attroupement se forma. Les villageois et vendeurs tournèrent la tête. Le petit homme fit de même.

- Oh mais c'est lui ! fit il.

Il s'empressa de finir d'avaler sa soupe, glissa son bol dans sa tunique et s'approcha.

Ashitaka était en train d'acheter du riz à une jeune vendeuse.

Princesse Mononoke - Le livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant