Chapitre 38 (Fin)

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Dans le lac, plus personne ne parlait ou ne criait. Tout les villageois contemplaient le miracle qui s'offrait à leur yeux, émerveillés. L'espoir renaissait. C'était le commencement, et non la fin.

- Ben ça alors ! murmura Kohroku. Le dieu Cerf a fait fleurir toute la montagne...

A côté de lui, une jeune lépreuse, le visage découvert, ouvrit de grands yeux en voyant sa main. Plus aucune trace de la maladie ne restait sur elle. La pureté du Shishi Gami avait nettoyé la nature et guérit les maladies.

Pendant ce temps, Yakkuru montait au petit trot sur un versant au milieu de l'herbe fleurie. Il arriva sur un replat proche de la crête et se dirigea vers un rocher qui émergeait de la végétation. Les deux louveteaux étaient assis dessus, à côté d'un curieux récipient rouillé... qui ressemblait fort au réceptacle qui avait servi à renfermer la tête du dieu Cerf. Dans l'herbe devant les deux animaux blancs, on distinguait une forme bleue. A l'approche de l'élan rouge les loups hochèrent la tête et semblèrent sourire, visiblement heureux de le revoir. Yakkuru les regarda puis s'approcha de la forme couchée au milieu des plantes. Là, il baissa son cou pour venir mordiller affectueusement... les cheveux d'Ashitaka qui reposait là, toujours enlacé avec San. Reprenant connaissance grâce à la manifestation de son compagnon, le jeune homme leva la tête avant de regarder de tout les côtés avec un ahurissement joyeux. Autour d'eux, s'étendaient de longues plantes aux feuilles verdoyantes. Le prince se tourna vers la jeune fille qui était allongée prés de lui et la secoua doucement.

- San, San, regarde ! murmura t-il fébrilement avec une joie non dissimulée.

Celle ci se réveilla lentement et vit Ashitaka qui la regardait en souriant. Tout deux n'avaient plus aucune trace de la tâche brune qui les avaient enveloppé auparavant. Le maléfice n'était plus là. Ils se levèrent alors, émergeant du tapis herbeux en observant les alentours sans croire ce qu'il voyaient. Ils se précipitèrent vers un promontoire qui offrait une vue sur les vallées et découvrirent le magnifique paysage nouveau qui se dévoilait à leurs yeux. Toutes les collines étaient verdoyantes, et leurs falaises étincelantes. Beaucoup étaient morts dans la catastrophe, Moro, Okkoto, les sangliers de l'île du sud, de nombreux forgerons et presque toute la caravane... Ils ne reviendraient plus jamais, et maintenant, c'était à ceux qui avaient survécus de continuer à vivre.

Les cheveux volant doucement dans la brise légère, le jeune homme regarda la nature resplendissante qui se tenait devant eux avec une expression grave et heureuse à la fois. San, elle avait les traits emplis de joie et de tristesse, ces deux sentiments se bousculant dans ses yeux sans que l'un prenne plus de place que l'autre.

- ... Même si la nature entière a repoussé, ce ne sera plus jamais sa forêt, souffla la princesse.

Elle avait parlé d'une voix douloureuse.

- Le grand esprit de la forêt est mort ! reprit-elle d'une voix qui s'efforçait de ne pas trembler.

Le jeune guerrier se tourna vers elle.

- Le dieu Cerf ne peut pas mourir, affirma t-il avec force. Il est la vie éternelle. Il est la mort aussi, mais son esprit est plus fort.

Il regarda sa main. De la tâche, il ne restait plus que des traces un peu plus foncées sur sa peau.

- Il a décidé que nous devions vivre, fit-il gravement.

Peu après, les deux jeunes gens se firent leurs adieux. San monta sur le premier louveteau. Le deuxième se mit derrière eux. Sans leur mère, ils allaient continuer à vivre aux côté de San, vivant la mort de la déesse ensemble. La jeune fille se tourna vers le jeune guerrier qui se tenait à côté d'eux, près de Yakkuru.

Princesse Mononoke - Le livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant