Princesse Mononoke - Le livre

Chapitre 19

A l'extérieur, les trois hommes d'Asano arrivaient près du pont recouvert de terre devant l'entrée, attendus de pied ferme par les jeunes femmes, postées sur la tour de guet. Le trio s'arrêta dans un concert de hennissements.

- Salut à vous, Dames des forges ! déclara le premier homme d'une voix forte. Vous avez combattu avec noblesse, et vos hommes avec bravoure ! Je vous apporte un message de mon seigneur et maître Asano ! Faites ouvrir vos portes !

Le sourire aux lèvres, les jeunes femmes ne bougèrent pas.

« - On t'entends très bien de là où on est ! cria l'une.

- Notre maîtresse a repris cette montagne aux sangliers, elle lui appartient ! renchérit Toki.

- Votre seigneur et maître n'en voulait pas à l'époque !

- Et aujourd'hui il change d'avis ? ...

- Insolentes ! rugit le messager. Je vous conseille de vous adresser à moi avec respect !

- Pff ! Il ose parler de respect ! ironisa Toki de manière à ce que les trois acolytes d'Asano l'entendent.

- Les hommes comme toi nous ont traités comme de la boue depuis notre naissance !!

- Bèèèèèèèèèèh !! firent-elle en cœur.

- Vous voulez du fer, voilà du plomb !!! déclara une jeune fille en pointant son arquebuse vers le trio. »

Elle tira aussitôt, produisant une énorme explosion qui se répercuta sur les versants alentour. Le projectile vint s'écraser juste devant le messager, projetant une gerbe de terre en l'air. Les trois hommes, furieux et insultés, prirent la fuite au galop et disparurent au tournant du chemin. Satisfaites de l'effet produit, les jeune femmes éclatèrent de rire.

Les forges bourdonnaient de leur animation coutumière. Assis à côté d'Eboshi sur le rebord d'une sorte de terrasse sur pilotis qui accolait un bâtiment, Jiko éclata d'un petit rire amusé.

- Ah, les filles, hé, hé, elles m'épatent, elles m'épatent... ! Plus dangereuses que des vipères, démons ou samouraïs, rien ne leur fait peur ! Elles sont bien braves vos petites forgeronnes Dame Eboshiii !

Sans répondre aux éloges exaltés du petit homme, la jeune femme examinait une grande lamelle de bambou écrite, un demi-sourire aux lèvres.

« - Impressionnante, cette lettre impériale, déclara t-elle au milieu du brouhaha autour d'eux.

- Oui, elle m'a permit de recruter les meilleurs éclaireurs du pays, expliqua Jiko avec une drôle d'expression narquoise. Je vous rappelle que c'est un dieu que nous chassons, pas une simple bête !... »

Mais Eboshi ne l'écoutait déjà plus.

- Les filles ! héla t-elle en direction de deux jeunes femmes. Approchez.

Le bonze ouvrit une mimique étonnée si comique, que n'importe qui l'aurait aperçu n'aurait pu s'empêcher de rire. Les deux petites forgeronnes, portant chacune un bac, s'arrêtèrent devant leur maîtresse.

« - Que désirez-vous madame ?

- Avez-vous la moindre idée de la provenance de cette lettre ? leur demanda t-elle en leur montrant le document. Elle vient de l'empereur en personne.

- De l'empereur en personne ? fit naïvement la première, le regard surpris.

- C'est qui l'empereur en personne ? interrogea la seconde.

- Le grand Mikado, répondit calmement Eboshi.

- Un grand cadeau ? C'est gentil ! s'exclama la première, démontrant leur immense ignorance. »