Chapitre 23

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Le jeune homme n'avait pas seulement à prévenir Eboshi du danger que couraient les forges ; à présent il devait également faire tout son possible pour empêcher la tragédie qui se préparait. Il incita Yakkuru à aller à sa vitesse maximale, car le temps était compté.

Hélas, les obstacles risquaient d'être nombreux. La forteresse étant encerclée de tous les côtés, il était évident qu'un grand nombre de sentinelles avaient été placées en faction. Et ces sentinelles devaient veiller, afin d'éviter qu'un éventuel messager ait l'affront de s'enfuir du village pour partir en quête de renfort.

Malheureusement, sur une colline dominant les plages du lac autour de la forteresse, se tenait un groupe de samouraïs, occupant certainement le rôle de guetteurs, car ils observaient les alentours d'un air circonspect. L'un ne manqua pas d'apercevoir l'élan et le prince - il faut le dire, bien visibles - qui progressaient au grand galop au bord de l'eau.

- Archer !! ordonna-t-il à un de ses acolytes. Arrête ce cavalier !

L'homme banda immédiatement son arc, et tira une flèche sifflante vers le ciel.

Sur le rive sableuse, Ashitaka, méfiant, se retourna et vit avec horreur, plusieurs hommes à cheval qui venaient d'apparaître sur la colline au dessus de lui. D'un coup d'œil, il les jaugea. Un... deux, trois... quatre. Ils étaient quatre. Ce n'était pas là un grand nombre, mais, étant situés plus haut que le jeune guerrier, ils possédaient un considérable avantage sur lui. Comme pour le lui montrer, il lancèrent leurs montures au galop. En vérité, la situation était devenue catastrophique.

- ... Ils vont me couper la route ! souffla le jeune homme, l'haleine courte. Fonce Yakkuru !!!!!!!

L'élan commença l'ascension du versant, bondissant avec une force peu commune de rocher en rocher. Il fallait monter pour se trouver à la même hauteur que les ennemis, afin d'éviter que ce soit eux même qui descendent cueillir tranquillement le duo. C'était risqué, certes, mais aucune autre solution possible ne se présentait. Et l'intelligent animal avait compris, sans même que son maître ait eu besoin de le lui communiquer.

Fort heureusement pour eux, ils passèrent de justesse sans se faire attraper, et bientôt, se trouvèrent à une vingtaine de mètres devant leurs poursuivants. Mais la partie était encore loin d'être gagnée, les assaillants étant très rapides, même pour un animal aussi bien dressé que l'élan rouge d'Ashitaka. Celui-ci progressait à grands bonds efficaces sur le versant devenu presque horizontal.

Les quatre cavaliers semblait comprendre que leurs montures ne faisaient pas le poids par rapport à leur adversaire, mais n'avait apparemment pas l'intention d'abandonner. Le meneur qui galopait en tête tendit le bras vers la gauche, et le groupe se divisa en deux.

Yakkuru et le prince se trouvaient maintenant à une cinquantaine de mètres devant les deux samouraïs restant.

Quelque temps après, Ashitaka et son élan arrivèrent sur le sommet herbeux de la colline. Indécis, l'animal stoppa, s'ébroua et effectua un demi-tour sur lui-même avant de repartir à toute allure sur la crête. Sur son dos, Ashitaka avait les yeux rivés sur une épaisse fumée noire qui s'élevait derrière un monticule. Yakkuru continua à galoper, la fumée se rapprochant de plus en plus. Mais il s'arrêta net au sommet du monticule, failli se cabrer et rejeta la tête en arrière avec une évidente gêne.

Le jeune homme n'y fit pas attention. Il regardait le sol couvert de cendres encore fumantes qui venait de se dévoiler à leurs yeux. Inquiet et écœuré, le prince porta la main devant son nez.

- ... Cette odeur de chair brûlée... !

C'est alors que, soudain, un sifflement déchira l'air. Ashitaka se retourna aussitôt. Trop tard. Un bruit mat retentit et le jeune homme eut a peine le temps d'apercevoir la flèche atteindre sa cible. Son élan se cabra, et en quelques secondes, il était brutalement précipité a terre sans même avoir pu apercevoir l'archer qui avait tiré le trait. Ils roulèrent ensemble sur le sol. Ashitaka s'arrêta quelques mètres plus loin. Il se releva avec une rapidité stupéfiante et, sans lâcher son arc qu'il avait saisi une fraction de seconde avant sa chute, il se précipita vers l'animal.

Princesse Mononoke - Le livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant