Pendant ce temps, les deux loups sur lesquels étaient accrochés Ashitaka et San couraient à toute vitesse vers le haut de la colline. Sur leur côté gauche, le titan bleu et indigo avançait. Même en étant presque arrivé au sommet, nos quatre amis étaient à peine à la hauteur du bassin de la forme nocturne du dieu.
Ils atteignirent bientôt la crête. Toute la montagne étant dénudé d'arbres et de végétation, on pouvait distinguer le grand lac dans la vallée, ainsi que les forges qui brûlaient derrière eux. Mais les deux jeunes gens n'y prêtaient pas attention. Il fallait retrouver Jiko et les porteurs du réceptacle dans lequel se trouvait la tête. Ils couraient sinon à une catastrophe sans doute bien plus terrible encore, que toutes celles qu'ils avaient vécus jusqu'ici.
Ashitaka, qui se tenait juché sur le premier loup, jeta un coup d'œil sur le côté. La masse sombre arrivait déjà sur eux, et plusieurs de ses langues menaçaient de toucher les pattes des loups qui ne ralentissaient pas leur allure et arrivaient à passer de justesse. Ou plutôt ils pouvaient passer maintenant, mais là bas, même en suivant la crête, les vagues montantes risquaient fort de les devancer. Même avec la surprenante vitesse des deux louveteaux, ils allaient être bloqués. Heureusement, ce qu'ils chercha s'avéra être plus proche que l'endroit ou les langues de substance sombre atteignaient le haut de la colline. San, qui était revenue à la hauteur du jeune homme, tendit soudain le bras vers le bas.
- Là ! s'écria t-elle. Les voilà !
Puis sans attendre Ashitaka qui tournait la tête, elle commença à descendre le versant avec le deuxième loup. Le prince la suivit aussitôt et tout deux dévalèrent la colline vers leur cible.
En effet, c'était bien Jiko et les trois même hommes qui montaient lentement vers le sommet tandis qu'autour d'eux, plusieurs virées de matière grises les dépassaient. Ils n'allaient pas tarder à être rattrapés par ces vagues, mais continuaient fébrilement de progresser. A l'allure de la silhouette qu'ils portaient, on pouvait aisément deviner qu'ils portaient le lourd récipient métallique qui renfermait la tête du dieu Cerf. Malgré le poids du fardeau, ils marchait à une allure soutenue, haletant et suant. Apercevant un mouvement sur la droite, le petit bonze tourna la tête et, ouvrant une mine effarée il accéléra. Portant la jeune sauvage et Ashitaka, les deux louveteaux blancs arrivaient sur eux à toute vitesse, se riant des langues noires et translucides qui tentaient de les intercepter pour leur barrer le passage. San en tête, ils sautèrent par dessus une des gêneuses. Plus aucun obstacle ne les séparait des quatre hommes. Après quelques foulées supplémentaires, les loups stoppèrent, la langue pendante. Sans perdre un instant, le jeune fille et le guerrier sautèrent à terre en même temps et se précipitèrent vers Jiko et ses hommes.
- Sauvez-vous ! intima San aux deux louveteaux tout en courant.
Sans discuter, ils s'éloignèrent. Ashitaka déboula vers le réceptacle et en un glissement contrôlé, il s'arrêta net devant les porteurs qui le regardaient d'un air catastrophé. San se plaça de l'autre côté avec la ferme intention de ne laisser passer personne.
- Arrêtez ! ordonna le prince tout en tendant les bras en croix pour appuyer ses paroles.
Leurs adversaires - qui n'avaient pas l'air de vouloir s'arrêter du tout – avancèrent encore de quelques pas avant de stopper. Jiko battit des jambes et faillit tomber en arrière avant de se rétablir et de prendre un air faussement joyeux, alors qu'il aurait plutôt voulu terrasser ces gamins dérangeants et s'enfuir sans perdre de temps.
- Ah ! Quelle heureuse surprise ! haleta t-il sans penser un mot de ce qu'il disait. Vous êtes vivants !
Le jeu du bonze était si piètre qu'il n'aurait pu tromper personne. Sans se laisser duper, Ashitaka le regarda froidement.
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Princesse Mononoke - Le livre
FantasyL'histoire retranscrite en livre du jeune Ashitaka et de la princesse des esprits dans le Japon ancien...