Chapitre 10

261 20 3
                                    

A l'extérieur, les deux loups s'approchaient en galopant de la forteresse, accompagnés de la jeune fille. Elle leva le bras, et ils accélérèrent soudain encore plus. Sur un des postes de guet qui se dressaient derrière la barrière de bois, une sentinelle donna l'alarme. Son cri alerta toute la forge.

- Aux loups, aux loups ! La princesse Mononoke arrive !

Quelques arquebusiers qui se trouvaient non loin de là se précipitèrent sur les remparts et tirèrent. Sur un geste de la princesse, les deux bêtes tournèrent brusquement vers les forges. Le trio passa dans la rivière asséchée à une vitesse folle et remonta aussitôt de l'autre côté. Sur le dos du premier loup, la jeune fille commença à se mettre sur ses jambes, se préparant à bondir. Les gros monceaux de bois taillés en pointe garnissaient tout le bas de la ligne de fortification, afin d'empêcher d'éventuels rôdeurs de pénétrer dans le village. L'animal blanc vint s'écraser sous ces piques, projetant ainsi la princesse en l'air.

Celle-ci s'élança vers le haut, la lance pointée devant elle. Elle allait s'écraser à quelques mètres en dessous du rempart et tomber dans le vide, mais son agilité tenait plus de l'animal que de l'humain, et elle planta son arme dans le bois au bon moment. S'y suspendant, elle se hissa rapidement dessus. Telle un chat elle sauta silencieusement au sommet de la fortification et se retrouva en équilibre fragile sur le rempart, juste devant le nez d'une sentinelle qui recula en arrière avec un cri de surprise et d'horreur. L'homme se reprit et, faisant tournoyer sa lance, la projeta vers l'endroit où la jeune fille se tenait en équilibre... où elle était censée se tenir en équilibre ! Avec une stupéfiante rapidité, la princesse avait de nouveau sauté sur le tronc d'à côté, échappant au coup qui aurait dû la couper en deux, au mieux la faire tomber dans le précipice. Elle bondissait de pique en pique au bord du vide, esquivant facilement chaque coup de lance qu'essayait de lui asséner le garde, fou de rage. Sautant à terre, la jeune fille profita d'une faille dans la garde de son adversaire et frappa sa lance. Un coup précis, efficace. L'homme n'avait aucune chance. Complètement déséquilibré, il tomba dans le vide. En ayant terminé avec lui, elle regarda autour d'elle, se mit à courir à une vitesse hallucinante vers le toit le plus proche et sauta dessus, juste au moment ou un arquebusier tirait. La jeune princesse continua de courir sur la charpente. Elle progressait incroyablement vite, bondissant de toit en toit, et poursuivie par le feu nourri des sentinelles.

Pendant ce temps, Ashitaka était accouru dans la zone des tirs. Il s'arrêta brusquement, voyant la jeune fille surgir sur le haut de la maison devant lui. Mais à ce moment là, un arquebusier qui avait ajusté précisément son arme tira sur le bois sous ses pieds. Le morceau de charpente s'écroula et déstabilisée, elle tomba de la cabane et vint atterrir souplement sur ses jambes presque sur le jeune homme qui eut l'ultime réflexe de s'écarter, évitant d'avoir le ventre transpercé. En effet, il n'eut même pas le temps de protester qu'elle l'attaquait avec une foudroyante rapidité de son poignard, le prenant pour un ennemi. Telle un feu follet, elle virevoltait, sautait, esquivait. Des villageois s'étaient approchés en courant, torches et sabres à la main.

« - La démone !

- Attention elle est dangereuse !

- Arrête ! protesta Ashitaka essoufflé qui était bien obligé de se défendre contre la brusque attaque infligée. Je ne veux pas te combattre je suis ton ami !! »

La jeune fille ne prêta aucune attention à ses paroles ou fit semblant de ne pas les entendre. Elle recula, traçant des moulinets dans l'air avec sa lame, puis d'une détente soudaine, bondit de nouveau sur un toit ! Les habitants des forges, fou de colère et d'inquiétude couraient dans tout les sens.

« - Elle est entrée toute seule !

- Elle vient pour Dame Eboshi !

- Arrêtez-la !

Princesse Mononoke - Le livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant