Chapitre 28 - Plus rien

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Clint et Jeff n'étaient pas là. Mais il y'avait Alby. Debout devant moi et bien réveillé.

Chacun de mes muscles se contractèrent, tendus dans un mélange confus de joie, d'interrogation et d'appréhension. Je n'avais aucune idée de ce que je devais faire, et encore moins de ce que j'étais censée dire.

Mais notre leader me réservait encore bien des surprises.

J'eus l'occasion de le comprendre lorsqu'il s'effondra au sol, le corps secoué de convulsions, et qu'il se mit à presser ses propres phalanges contre sa gorge, comme s'il cherchait à couper tout apport en oxygène à son organisme. Je lâchai un cri avant de me précipiter au sol pour tenter de l'arrêter dans cette action.

Et heureusement, après quelques instants de lutte acharnée qui me parurent être de longues heures, je réussis non sans difficulté à le faire lâcher prise. Je tombai sur les genoux, et il se redressa lentement, appuyant son dos contre les pieds d'un des lits de la pièce, haletant et reprenant bruyamment son souffle. Je posai une main sur ma poitrine, comme pour calmer le rythme effréné que mon cœur avait entamé sous le coup de la panique. J'avalai difficilement ma salive, puis je m'approchai d'Alby.

Ironiquement, il avait les yeux rouges de quelqu'un qui n'aurait pas dormi pendant plusieurs semaines, malgré qu'il n'ait récemment fait que cela, dormir.

« Qu'est-ce qui t'a pris ? » questionnai-je en posant ma main tremblante sur son épaule.

Il me regarda dans les yeux, son visage teinté d'une expression de peur intense mêlée à une sorte de... tristesse ?

« J-je je sais p-pas, je n-ne contrôlais r-rien de ce que j-je f-faisais... » bégaya-t-il, paraissant encore choqué par son propre acte.

Malgré son expression effarée, son taux de choc ne se mesurait très clairement pas au mien. Je n'avais jamais vu notre leader comme ça. Il était toujours resté impassible, posé et neutre, cherchant les solutions aux problèmes en essayant de ne pas stresser. La personne que j'avais devant moi semblait ... faible et effrayée, une toute autre personne.

Je posais le plus délicatement possible mes doigts sur les marques qui s'étalaient sur la peau de son cou.

« Ça te fait mal ? » interrogeai-je en voyant la grimace qu'il faisait, mon âme de Med-Jack reprenant le dessus.

Il secoua la tête.

« Tant que tu touches pas ça va. » répondit-il.

J'acquiesçai.

« Tu... » commençai-je. « Est-ce que... tu te rappelles de ta piqûre ? »

Il hésita, mais ne répondit pas.

« Si je te dis ça c'est parce que t'avais plein de spasmes, et on a cru que tu t'en sortirais pas et... » poursuivis-je, mais je m'arrêtai en pleine phrase, étonnée par le regard qu'il avait.

Un regard vague, vidé de tout type d'émotion.

« Alby ? » tentai-je, vraiment inquiète.

Mes yeux croisèrent les siens. Mouillés de larmes.

« Alby dis-moi, qu'est-ce qui ne va pas ? » répétai-je, sans comprendre sa réaction.

« Je me rappelle de ce qu'il y'avait avant le labyrinthe. » lâcha-t-il alors.

Ma bouche s'ouvrit, pour se refermer automatiquement. Je ne savais pas quoi répondre. Une multitude de questions se formaient dans ma tête. « Alors, c'est ça qui arrive quand on survit à la piqûre d'un griffeur ? » « Est-ce que tes souvenirs sont plus utiles que les miens ? » « Quel est le mécanisme qui déclenche la réapparition des souvenirs ? ».

Au cœur du Labyrinthe (Newt)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant