Invisiblement beau

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- Bonjour jeunes filles ! Pourquoi êtes-vous en retard aujourd'hui ?

Et voilà, à peine arrivées, notre professeur d'SVT nous tombaient déjà dessus. Quel jour de chance !

Eh bien... Je suis sortie de chez moi, j'ai eu un malaise, j'ai failli me faire écraser par une voiture, mais bien sûr une personne invisible m'a sauvé avant que je finisse aplatie, j'en déduis donc que je suis à moitié folle. Enfin ma meilleure amie semble possédée, elle voit des choses qui n'existent pas, et est donc par conséquent aussi folle que moi !

- Une panne de réveil, veuillez nous excusez du retard madame.

Mon instinct me disait que la prof n'aurait pas vraiment accepté ma réponse. Restons donc dans le classique du réveil en panne, c'était plus prudent si je voulais pouvoir assister au cours, et éviter de me ridiculiser devant toute la classe.

Décidément, aujourd'hui, c'était plutôt ma chance et mon cerveau qui étaient en panne.

La prof nous fixa un moment. Elle savait très bien que nous n'étions pas du genre à ne pas entendre le réveil, mais elle savait aussi que nous étions de bonnes élèves et que nous ne mentions pas pour rien. Elle devait sûrement chercher la véritable raison pour laquelle nous étions en retard pour son cours. Pour ça, je lui souhaite bonne chance.

Après un moment qui me paru une éternité, elle nous fit un petit signe de la tête, nous donnant l'autorisation de nous assoir.

Sans attendre plus, j'engageais le pas devant Calypso, et je partis m'assoir.

Cet interrogatoire visuel m'avait donné la nausée.

Enfin assise, les cours sortit de mon sac, la professeur sembla nous oublier, et commença enfin sa leçon.


Ce n'est pas que le cours ne m'intéressait pas, (qui n'a jamais rêver qu'on lui parle de toutes les couches de terres et de roches qui composent la terre sous nos pieds ?), mais je n'arrivais décidément pas à me concentrer. Et le mal qui me vrillait la tête n'arrangeait en rien la chose. J'essayais de ne pas y penser, de rester attentive aux paroles.

Plus je me concentrais, plus j'entendais les paroles de la prof déformées, elles n'étaient pas cohérentes, je n'y comprenais absolument plus rien... Ce qui m'étonnait beaucoup, puisque je comprenais plutôt facilement les cours d'SVT, c'était même une des matières que je maîtrisais le plus, même si j'étais bonne dans l'ensemble des cours.

Je regardais le reste de la classe, cherchant à savoir si j'étais la seule à ressentir ce malaise. La plus part n'en avaient que faire du professeur, mais quelque uns suivaient le cours, et semblaient comprendre facilement, du moins il n'y avait pas de marque d'incompréhensions sur leurs visages.

Je fermais les yeux pendant un petit laps de temps, histoire de me calmer et de respirer un grand coup.

Quand je les rouvris, il me sembla que toute la pièce tournait autour de moi. Les murs se rapprochaient dangereusement, prenant des formes bizarres. Encore un peu et ils allaient m'écraser.

Juste au moment où j'allais pousser un cri, une puissante douleur au thorax me pris. Je n'arrivais plus à respirer, comme pris dans un étau qui se resserrait plus j'essayais de me débattre. Je m'affalais par terre, à demi consciente, avec l'impression qu'un rouleau compresseur m'avait prise pour une feuille.

Je lâchais une plainte sourde, n'émettant qu'un petit gazouillis qui me semble-t-il fut perçu comme un appelle à l'aide, puisque Caly vient bientôt s'accroupir à mes côtés.

Autour de moi, j'entendais vaguement le bourdonnement de voix des autres élèves. En temps normale, je déteste attirer l'attention, mais là, c'était la dernière de mes préoccupations.

J'entendis Caly parler au professeur, après m'avoir rapidement examiné. Par une force que je ne lui connaissais pas, elle me souleva de terre, et passa mon bras au-dessus de son épaule. Je grognais de douleur, et essayais par tous les moyens de me faire comprendre et de lui dire de me laisser par terre.

Insensible à mes plaintes, elle me traina jusqu'à la porte, et commença à me porter dans les couloirs du lycée.

Je ne savais pas où elle voulait m'emmener, sûrement à l'infirmerie. Je ne reconnaissait pas le chemin. C'est à peine si je reconnaissais le carrelage de mon lycée.

Il me sembla que je perdis conscience jusqu'au moment où je sentis qu'on me déposait sur une surface glaciale. Le sol des toilettes des filles. Pourquoi Calypso m'avait elle emmené ici ?

La douleur lancinante qui me vrillait la tête m'empêchait de réfléchir correctement.

Calypso se pencha vers moi, plaça ses deux mains sur mes tempes, et ferma les yeux. Trop épuisé pour en rire, je me laissais faire.

La douleur commença par se calmer. Je pensais être enfin tranquille, quand elle revient plus grande que jamais. Je hurlais de douleur. J'étais persuadée que ma tête allait exploser d'un moment à l'autre.

Aussi soudain qu'elle était venue, je ne ressentis plus rien, plus aucune douleur. Je m'attendais à ce que cela reprenne, mais rien.

Après quelques minutes à attendre, je me risquais à ouvrir les yeux.

La première chose que je vis, c'était Calypso qui m'observait, inquiète.

   -  Il est temps que tu te montres Krystopher.

   -  Quoi ? murmurais-je, d'une voix rauque, pensant qu'elle me parlait.

L'instant qui suivit m'a définitivement convaincue que j'étais folle.

Près du mur, une forme vaguement humaine apparut. Pendant quelques secondes, elle demeura floue, comme de l'eau dans laquelle on venait d'envoyer un caillou, mais elle devenait de plus en plus nette. Après quelques minutes, j'avais devant moi un adolescent de quelques années l'ainé de Caly.

A part son apparition, plus qu'original, il avait l'air tout à fait humain.

Il était plutôt grand, peut-être un demi-décimètre de plus que moi ou Caly, avec une belle carrure masculine, des épaules large et une taille svelte, les bras assez musclés. Il avait des cheveux bruns légèrement ondulés et courts.

Seuls ses yeux étaient anormaux. Ils étaient d'une couleur indéfinissable, si bien qu'on avait l'impression qu'ils changeaient de couleur. Sauf que ce n'était pas qu'une impression. Ils changeaient réellement de couleur.

Son regard était impénétrable, fixé sur moi. A quoi il pensait, je ne le savais pas, mais je pouvais presque voir les rouages de son esprit qui tournaient.

Je souriais bêtement en le regardant, puis en regardant Calypso, avant de bégayer une phrase du genre « Je croyais que j'avais passé l'âge de rêver du prince charmant » avant de m'effondrer par terre, cette fois bien inconsciente.

Gardiens des Panthéons : Ahauréliane LorélysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant