Il faut qu'on parle...

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Le trajet se déroulait tranquillement. Je soupçonnais même mon conducteur d'avoir voulu m'angoisser pour rien en me mentant sur sa connaissance de conduite.

Malgré notre relation plus que tumultueuse, les évènements de la veille avaient vraiment signé une trêve entre nous. Il était temps de laisser derrière nous nos ressentiments et de se concentrer principalement sur le fait de rester en vie.

Et puis je devais bien avouer que, toujours aussi exaspérant, Krystopher m'avait prouvé qu'il était digne d'une certaine confiance. Sans lui je ne serais probablement (et surement même) pas vivante. De plus, j'avais bien compris qu'il n'était pas vraiment enchanté d'aller sur Angéliane, même si je ne savais pas pourquoi, cependant il n'y emmenait. Ce n'était pas encore une complicité spectaculaire, mais au moins pouvions nous rester dans le même espace plus de trente secondes sans nous hurler dessus.

La tête posée contre la vitre, j'observais silencieusement le paysage défiler devant moi. J'essayais de me détendre, de ne pas me laisser submerger par l'inquiétude d'aller sur Angéliane et les sentiments contradictoire qui m'envahissaient.

Quittant quelques secondes la route des yeux, Krystopher jeta un coup d'oeil vers moi.

- Comment tu t'es fait ça ?glissa t-il, le regard de nouveau devant lui.

Je mis un certain temps avant de comprendre qu'il parlait de mon poignet. Malgré la douleur, je l'avais presque oublié, pourtant il n'avait toujours pas dégonflé ni retrouvé sa couleur normale.

Prise de honte, je cherchais rapidement une excuse. Il n'avait déjà pas d'estime pour moi, mais si je lui disais que je m'amusais à taper dans les murs, je crois qu'il serait capable de stopper la voiture et de me laisser en plan sur le bord de la route.

Préférant ne pas m'enfoncer, je choisis plutôt de passer sa question sous silence.

Devant mon absence de réponse, il poussa un soupir d'exaspération et tendit son bras pour prendre le mien. Soulevant délicatement ma main, il examina longuement mon articulation. Au contact de sa peau contre la mienne, un frisson me parcouru la nuque. Plus par gêne que par inquiétude, je lui conseillais de garder les yeux sur la route s'il ne voulait pas nous faire faire un accident. Lâchant mon bras, il se détourna de moi, se reconcentrant sur la route, ou plutôt sur ses pensées.

Je crus qu'il allait me redemander comment je mettais fait cette blessure, mais il n'insista pas. Au contraire, il s'enquit de savoir comment j'allait.

Surprise qu'il s'inquiète pour ma santé, je répondis d'une voix un peu moins assurer que mes paroles :

- Ca va, je ne suis pas en coton, je peux survivre.

Cherchant un moyen de détourner l'attention de moi, je lui renvoyait la balle :

- Et toi ton épaule ? Je ne suis pas vraiment infirmière, mais je trouve que ça à l'air assez moche pour que tu t'en occupe sérieusement.

Un léger sourire aux lèvres, il répliqua, imitant ma voix :

- Ca va, je ne suis pas en coton.

Ne relevant pas sa remarque, ni son imitation grossière, je décidais m'en occuper moi même.

Ecartant doucement le haut de son t-shirt, je découvris son épaule. Les mains sur le volant et le regard lointain, il ne bougea pas. N'observant pas de résistance de sa part, je poursuivis.

La plaie s'étendait sur au moins cinq centimètres, et était plutôt profonde. Les bords commençaient déjà à se couvrir de pus vert gluant.

- Krys, je crois qu'il faut vraiment que tu te soigne. Ta plaie risque de s'infecter rapidement. Je peux m'en occuper si tu veux.

Gardiens des Panthéons : Ahauréliane LorélysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant