Gardiens des Panthéons : Ahauréliane Lorélys

Krystopher

- Euh... Anna ? Tu es de retour avec nous ?

J'entendis vaguement la voix de Calypso dans ma tête, mais j'étais comme plongée dans un sommeil lointain.

Au prix d'un effort surhumain, j'ouvris difficilement les paupières.

Deux yeux dorés brillant d'une intensité particulière me fixaient, a à peine cinq centimètres de mon visage.

Je me reculais brusquement, me cognant violemment contre le rebord du lavabo en voulant me relever. Une douleur à la tête me prit alors, et je levais ma main pour la poser là où j'avais mal.

Un rire grave retentit dans la petite pièce.

- Tu avais moins peur de ton prince charmant tout à l'heure ! fanfaronna une voix masculine.

Je levais les yeux vers l'auteur de ces paroles. C'était le garçon aux yeux dorés qui m'observait tout à l'heure.

- Qui es-tu ?

Ma voix me surpris moi-même, bien plus faible et plus tremblante que je ne l'aurais voulu.

- Et bien selon toi, avant que tu ne t'évanouisses, dans un geste très théâtral d'ailleurs, j'étais le parfait représentant de...

- Un ami, le coupa Calypso, lui lançant un regard furibond.

Ils se confrontèrent du regard pendant quelques instants, puis Krystopher sembla abandonner le duel visuel, et préféra porter son attention sur quelque chose accroché à sa ceinture. Quelque chose qui ressemblait vaguement à... Une épée. Ça y ressemblait beaucoup, mais c'était impossible que ça en soit une, je devais confondre avec autre chose. Je n'avais pas les idées claires, et mon cerveau devait me jouer des tours.

Je l'observais discrètement. Ses mèches brunes formaient un halo sombre autour de sa tête. Ses lèvres pleines semblaient boudeuses, presque comme celle d'un enfant qu'on viendrait de punir pour une bêtise qu'il aurait faite.

Le t-shirt noir qu'il portait soulignait délicatement le haut de ses muscles, comme ses épaules et son torse. Il montrait aussi l'étroitesse de sa taille, plus fine que le haut de son corps. Son jean foncé ajusté laissait paraître des jambes longues, tout en finesse et en muscles.

Il semblait captivé par ce qu'il faisait, plongé dans la concentration. Il nettoyait quelque chose dont je n'arrivais pas à voir ce à quoi ça pouvait servir. Ses mains habiles semblaient douces et délicates avec l'objet, presque comme s'il le caressait.

J'étais tellement concentré à l'observer, que je n'avais pas remarqué qu'il me regardait aussi. Nos regards se croisèrent. Pendant une fraction de seconde, je crus voir l'ombre d'un sourire sarcastique étirer ses lèvres. Je détournais les yeux, gênés, non sans maudire la partie en moi qui demandais encore à l'observer. Reprends-toi ma pauvre fille, me dis-je.

Je reportais mon attention sur Calypso qui semblait venir de finir un long monologue dont je n'avais pas entendu un mot.

- Tu as un peu près compris ce que je t'ai dit ?

Je regardais Calypso avec un regard perdu.

- Non... A vrai dire, je n'ai pas vraiment entendu tout ce que tu as dit... J'ai... J'avais trop mal à la tête et j'ai eu du mal à me concentrer.

Je ne pus me retenir de jeter un coup d'œil derrière ma meilleure amie, pour quêter la réaction du garçon. Il nettoyait toujours son objet, l'air de rien. Peut-être qu'il ne m'avait pas entendu.

Alors comme ça on a du mal à se concentrer... ?  murmura une voix dans ma tête, dont je priais qu'elle vienne de subconscient.

Je le regardais toujours, stupéfaite. Il n'avait pas bougé, et continuait à nettoyer son objet favori.