J'ai le coeur en morceau...

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Epuisée par ma crise de rage, je m'étais assoupie, le dos contre la porte, assise en tailleur, la tête posée sur la main, ce qui me valu une paires de bonnes courbatures au réveille.

Un plateau repas était posé sur la table de chevet, preuve du passage de Jonethann (comment avait il pu rentrer sans me réveiller ?).

Une montée de colère envers lui, et contre mon impuissance, me pris, mais je la repoussais promptement. Il fallait que je reste calme pour trouver une solution, m'énerver ne me ferais que réitérer les échecs cuisants de mes premières tentatives.

La vue du repas ne me tenta pas trop, mais de toute façon ce n'était pas comme si je pouvais faire autre chose, et puis je devais reprendre des forces.

Sans me presser, je me levais, étirait mon corps endolori, et me dirigeais vers mon déjeuner.

Il n'était pas très copieux, mais de tout façon je n'avais pas vraiment faim. Il y avait une espèce de soupe encore fumante, un morceau de pain et de fromage, et une grosse pomme. Un vers d'eau et une cruche bien fraîche accompagnait le tout.

Je grignotait un peu de tout sans grande conviction, plus par obligation que par envie. Je ne réussis pas à terminer la soupe ni le fromage.

Malgré le repas plutôt maigre, je me sentais un peu mieux après manger.

La pièce n'offrais pas grande occupation, me laissant tout le temps de ruminer.

Monsieur le prétentieux commençait sérieusement à me taper sur les nerfs avec ses airs de papa protecteur. Qu'il le veuille non, je ferais ce que j'ai envie de faire.

Et je voulais voir celui à qui je devais d'être encore en vie. Enfin du moins premièrement je devais sortir de cette prison.

Ces journées loin de lui étaient une véritable torture, surtout en sachant qu'il allait vraiment mal (assez pour qu'on refuse que je le vois).

Tout ça à cause de moi... S'il n'avait pas voulu me sauver lors de l'attaque des monstres chez moi, il aurait encore une mère. Il aurait encore une Tourielle avec qui travailler. Et il serait en bien meilleur forme qu'aujourd'hui...

Mais il avait décidé de me sauver : sa mère était morte, son amie disparue, et sa vit tenait à un fil.

J'apportais vraiment malheur au gens qui voulait m'aider. Tout ça pour un monde que je ne connaissais pas, qui m'est tombé dessus il y a à peine deux semaines. Tout ça parce que j'étais seule, nulle et maudite.

Et tu oses de lamenter encore et encore, alors que tes amis ont besoin de toi ? Tu te vois victime, alors que c'est eux qui le sont ! N'inverse pas les rôles !

La voix tout droit sortit de ma voix me réprimait, certes forcement, mais elle avait raison. Je n'avais pas le droit de me laisser sombrer aussi facilement, alors que mes amis avait besoin d'aide. Si j'avais raison, et que je leur portais réellement malheur, si j'étais responsable de leur situation, je leur devaient au moins de les sauver de là où je les avaient mis et réparer mes erreurs.

Me levant d'un pas résignée, je me plaçais devant la porte, mon premier obstacle. Bien entendu, elle était toujours verrouillée, impossible donc de sortir à première vue. Il y avait la fenêtre, mais j'étais nulle en escalade, et pas vraiment en forme.

Il y avait bien une idée, mais elle était vraiment vraiment stupide... En même temps... Avais-je le choix ?

Me positionnant bien face à la porte, me respirait calmement, me préparant mentalement à faire que chose de terriblement idiot, en plus de dangereux.

J'avais beau savoir que ça ne se passerais pas comme dans les films, lorsque le beau gosse de l'histoire venait sauver la pauvre fille en détresse, je n'avait pas vraiment confiance en mon plan, mais je n'avais rien d'autre. Et je ne pouvais accepter de ne rien tenter.

Prenant de l'élan, je m'élançait alors sur la porte, me préparant à subir le choc.

Deux secondes avant l'impact, j'entendis un léger déclic. Comprenant ce dont il s'agissant, je voulu me stopper, mais il était déjà trop tard...

La porte s'ouvrit pile au moment ou je l'atteignait, et avec l'élan de mon geste, je percutais de plein fouet la personne de l'autre côté.

Affalée contre Jonethann (puisque c'était encore et toujours lui), nous étions tombés à la renverse, mon corps sur le sien, nos jambes entremêlées.

Grâce à ses réflexes, il était tombé en arrière, mais s'était stabilisé avec ses coudes, légèrement relevé, du faite que mon visage était à a peine deux centimètres du sien.

Il m'observa pendant ce qui me paru une éternité, puis d'un mouvement agile, inversa la situation, me retournant et se plaçant au dessus de moi. Cependant, contrairement à moi, il resta au dessus, les coudes le long de mon corps, en position de gainage.

Il partit dans un grand éclat de rire, puis se releva, me tendant la main pour que je fasse de même.

Tétanisé, je ne pus la prendre.

Voyant que je ne bougeait pas, il se baissa, me prenant par la taille et me remis debout, me tenant contre lui. De nouveau contre son corps, je sentait son coeur, sa respiration, son torse à travers le fin t-shirt. Entendre le rythme cardiaque d'une personne était normalement rassurant, mais j'étais plus gênée qu'autre chose sur le moment. Ses mains toujours posées sur mes hanches, je sentis un frisson me parcourir le long de la colonne.

Me défaisant de son emprise, je reculais de quelques pas, appréciant l'espace entre nous deux.

Il me regarda m'éloigner, sans broncher.

- Que me vaut cette... Empressement à me voir ? Targua t-il pour briser le silence.

- Je voulais juste... Ma voix tremblait et était beaucoup plus hésitante que voulu.

- Un câlin ? Railla t-il. Fallait me le dire avant !!

Bon sang mais allait-il le perdre son sourire arrogant ?

- Non ! Dis-je d'un air offensé, croisant mes bras sur mon abdomen. Je voulais juste voir Krys ! Tu es arrivé pile au moment où...

Je laissais ma phrase en suspend, consciente de la débilité de mon geste... J'avais quoi dernièrement à toujours me mettre dans des positions délicates avec les mecs ?!

- Juste avant que... ? Répéta Jonethann, bien qu'au courant de ce que j'avais voulu faire.

Essayant de sauter ce moment gênant, je relançais :

- Je t'ai prévenu ! Tant que je ne le verrais, pas n'arrêterais pas ! Tu ferais mieux de me laisser faire !

Un éclair de tristesse passa alors dans ses yeux.

Pas bon ça.

A moins qu'il veuille m'attendrir ?

Sur la défensive, j'attendais sa réponse.

- Bon, tu tiens vraiment à le voir hein ? Je te préviens juste que c'était pour toi que je le faisais, parce que je sais que tu n'es définitivement pas prête physiquement et mentalement pour ça, mais puisque Madame a décidé et qu'elle n'en fait qu'à sa tête !! Je ne veut pas que tu me reproche d'avoir voulu te faire souffrir. Rappelle toi juste que je n'étais pas d'accord avec ça, une fois que tu l'auras vu. Parce que j'ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère, j'en ai déjà assez avec un !!

Je ne comprenais rien à ce qu'il me disait. Bon sang mais dans quel état était Krys pour qu'il s'en inquiète autant ?

Relevant la tête, j'observait l'attitude de Jonethann. Malgré ses mots, il n'avait pas l'air de vouloir bouger.

- Maintenant, dis-je, d'une voix parfaite calme, posée et déterminée. Je veux le voir maintenant.

Levant les yeux au ciel, il marmonna une chose que je ne compris pas, mais je ne pense pas que c'était une éloge de ma personne. Il tourna les talons, et je du presque courir pour ne pas le perdre de vu.


Gardiens des Panthéons : Ahauréliane LorélysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant