Gardiens des Panthéons : Ahauréliane Lorélys

Belle et Rebelle

Premièrement, tu es toujours en vie.

Voici la première pensée qui me vient en me réveillant. C'était déjà bien.

Mes douleurs, bien que incessamment présentes, me faisait cependant moins souffrir qu'à ma précédente « reconnection » avec le monde.

Comme la première fois, je pris plusieurs respirations avant d'ouvrir les yeux. D'abord normalement... puis écarquillés de surprise.

Essayant d'apaiser mon coeur partit au triple galop, j'observais les yeux vert-bleu foncé penchés au dessus de moi.

Ils appartenaient à un garçon debout à côté de mon lit, du style que les filles du lycée auraient pu qualifier de « beau gosse fatal », mais j'avoue que l'idée me passa haut dessus de la tête sur le moment.

Il était plutôt grand, quelque centimètres de plus que Krystopher, bien qu'ils semblaient avoir le même âge. Assez musclé, il avait les cheveux blond foncé, tirant sur le châtain clair, et une peau légèrement mate.

Par réflexe, je me mis assise. Dans la précipitation de mon geste, et comme je n'étais pas encore totalement maitresse de mes mouvements, je lui griffais la joue. Doucement, une goutte de sang se forma, perlant et roulant jusqu'au bas de son visage.

Me recroquevillant contre le mur, je m'adressais à l'inconnu :

- Qui es-tu ? Qu'est ce que tu fais la ? On est où ? Et où est Krystopher ?

Ma voix était cassante, pourtant mon ton restait clairement sur la défensive. Je n'avais pas confiance.

- Ouh, ça commence fort ! Lâcha t-il, un sourire étirant ses lèvres, essuyant à l'aide d'un mouchoir la fine larme rouge. J'adore ça...Surtout quand elles sont aussi battantes !

Sa voix était plutôt grave, ironique, mais douce. Sans relever son sarcasme, je le laissais répondre à ma question.

- Je m'appelle Jonethann Liverds, futur gardien au service de Palloundril ! Récita t-il, tout fier, presque comme un enfant heureux d'avoir déclamer son poème sans faute.

Pourtant ce n'est pas ce qui retint mon attention.

Gardien.

Etait-il possible qu'il soit comme moi ?

Je ne savais pas comment les Angéliens se reconnaissaient, puisqu'ils n'avaient apparement pas de marque spécifique pouvant les différencier.

Devais-je lui faire confiance ?

N'étant pas encore totalement rassurée, je lui fis signe de continuer.

- Si je me rappelle bien l'ordre de ton interrogatoire... Premièrement je suis là parce que c'est chez moi. Ce qui répond à ta deuxième question.

Il marqua une petite pause, le temps de me laisser digérer l'information, avant de reprendre :

- Pour ce qui est de ton petit ami le Gérium, si c'est bien de lui que tu parles... (Il grimaça, semblant chercher ses mots, ce qui ne me rassura pas du tout). Il est un peu plus amoché que toi. Après votre accident, malgré son état, il à essayé de combattre le monstre qui vous avait sauté dessus. Les Jolancre sont des sales bêtes déjà particulièrement durs à tuer quand tu es en bonne forme, alors après un crash comme le vôtre... Il savait très bien que c'était peine perdu, pourtant, à l'image d'un preux chevalier sauvant sa princesse adoré – ou d'un geste stupide d'égoïsme selon le point de vue- il a tout de même tenter de te protéger. Heureusement pour vous, j'étais dans le coin, alors je suis passé donner un coup de main, en bon futur gardien.

Le ton simple de sa dernière phrase était surement censé me rassurer, mais il ne fit que me glacer encore plus.

Dissimulant l'impact de sa déclaration, et l'angoisse de l'étendu des dégâts de Krystopher, en plus de la confiance encore bancale que je lui portais, je murmurais vaguement :

- Bon, premièrement, je veux le voir. Ensuite... c'est pas mon petit ami.

Mes mots me semblèrent pâteux, et je pensais à ce que Krys avait subi pour moi, alors que je le considérais il y a quelques jours encore comme un être hautain.

Après la mystérieuse disparition de Calypso il y a deux jours (qui au passage me fis penser que je devais absolument tout faire pour la retrouver...), l'accident avec Krystopher, je commençais vraiment à penser que je portais malheur à mon entourage.

Mon dernier commentaire fit étaler un sourire espiègle sur le visage de Jonethann. A l'instant, je pensais que si Kristie était là, elle serait sûrement en train de tomber dans les pommes en feignant être foudroyée par son charme. Cependant, cela ne me faisait ni chaud ni froid, et la seule personne à qui je pensais vraiment était le garçon qui venait de sacrifier sa vie pour la mienne. Il fallait absolument que je le vois. J'avais perdu ma plus proche amie, Krystopher étant tout ce qu'il me restait je ne pouvais le perdre lui aussi. Et puis, une certaine partie de moi me susurrait que je tenais à lui.

Jouant la carte de la sûreté, je ne fis pas remarquer à l'adolescent en face de moi le doute que je laissais encore planer sur lui.

- Merci d'être venus nous aider, répliquais-je, histoire de ne pas paraître ingrate. Je suppose qu'on ne serait pas vivant sans toi.

- Pas de quoi, glissa t-il, à ma surprise, sans trop d'égo.

Sentant la discussion sur la fin, Jonethann se leva du fauteuil installé près du lit, et pris la direction de la porte.

- Et désolé pour la griffe, m'excusais-je, cette fois sincèrement.

S'arrêtant à quelque pas de la porte, il se retourna, toujours avec ce sourire taquin sur les lèvres.

- C'est rien ! J'ai eu bien pire ! On n'est pas gardien en se tournant les pouces hein ? Et puis j'aime bien garder un souvenir des filles que j'ai croisé.

Ce dernier commentaire me fis rougir. Reprenant mes esprits, je le rappelais une deuxième fois, juste avant qu'il ne sorte :

- Quoi ? Fit-il, cette fois sans se retourner, ce qui me rassura, puisque j'étais sûre d'être encore gênée par sa dernière remarque.

- J'ai besoin de voir mon ami, il faut que...

- Non, me coupa t-il d'une voix sèche.

- Mais je...

- J'ai dit non. Tu n'es pas encore assez forte pour le voir. Dans quelques temps peut-être.

Sur ce, il partit pour de bon, ferma la porte derrière lui, me laissant seule avec un tas de questions, et surtout un tas d'angoisse.