Douleur.
C'est le premier et seul mot qui me viens à l'esprit alors que je reprenais brutalement conscience.
Toutes les infimes petites parties de moi me faisait souffrir, et le fait d'ouvrir les yeux me semblait plus difficile que de porter le mythique poids d'Atlas. Même pas la peine de penser pouvoir ne serais-ce que me relever.
Bon... Que pouvais-je bien faire ?
Au prix d'un effort sur-humain, j'essayais de me rappeler les conseils de Calypso face à un problème de ce genre.
Premièrement : rester en vie. Ca... c'était déjà mal partit. Malgré tout, la souffrance, tel un enfant tirant sur la manche d'un grand, me chuchotait « tu es en vie ». Oui, merci, j'avais remarqué !
Quoi d'autre ? Faire un bilan des blessures. J'avais déjà un mal de tête à m'exploser le crâne. Pouvait-on arrêter le marteau piqueur dans ma boite crânienne s'il vous plait ?
J'avais l'impression d'être sonné, groggie. Peut être avais-je reçu un coup dans la tête, une hémorragie était également plausible.
Autre mauvaise nouvelle, j'avais sûrement plusieurs os cassés. Même si tous me faisaient agréablement sentir comme passée sous un roulant compresseur, celui du tibia me lançait particulièrement.
Bilan de l'état physique :...
Disons que j'étais pas au mieux de ma forme.
Ensuite, savoir où l'on se trouve. Mon entrainement plus que rapide n'avais pas comprit le repérage dans l'espace... Acculé, je ne voyais qu'une seule solution. A contre coeur, après un grande respiration (qui m'arracha une grimace de douleur au passage) j'ouvris péniblement les yeux.
En temps normal, cligner des yeux est la chose la plus banale au monde, à un tel point que nous ne nous en rendons plus compte au bout d'un certain moment, et que notre corps réalise cette opération comme un automatisme.
Je crois qu'avoir du béton sur les paupières serait encore plus supportable que la sensation que je ressenti.
Ma première vision fut d'abord largement floue, éblouie par une source trop puissante de lumière juste au dessus de ma tête. Je les refermais précipitamment, avant de me forcer tout de même à m'habituer à la clarté de la pièce.
Je fixais devant moi le plafond haut et blanc, n'osant bouger, par peur de ressentir cette décharge de douleur intense auquel mon corps semblait me prédestinée.
Ma vue étant impuissante, je devais donc me servir de mes autres sens pour glaner des informations.
Délicatement, je détendis mon bras, effleurant de ma main le doux tissus sur lequel j'étais étendue.
Des draps. J'étais donc dans un lit ? Comment diable étais-arrivée là ? Perturbée et impuissante, je remontais le fil de ma mémoire. Quel était mon dernier souvenir ?
Je me souvenais de Calypso et moi discutant, d'un attaque de monstre bizarre... Je me souvenais d'un paysage défilant devant mes yeux... De plaines vertes, de quelques arbres. Quelques vaches broutant dans un pré. Mais qu'est-ce que je faisais ?!
Un crissement suraigüe de freins et de pneus retentit dans mes oreilles, et une image de choc, de tôle froissée, de verre brisé surgit dans mon esprit.
J'étais dans une voiture. Et il s'était passé quelque chose. Etais-je seule ? Non. Mais avec qui ? Là, c'était le trou noir.
Frustrée, je commençais à perdre patience contre moi même, et mon incapacité à me souvenir. Me concentrant fermement, j'aperçus enfin les contours flou d'une silhouette, mais impossible de l'identifier.
J'entendis alors un rire, masculin, mélodieux. Puis des mots, d'une voix grave, presque fêlée, pleine de sentiment, d'angoisse et d'appréhension. « Je suis désolé si je t'ai blessé... C'est contre moi... Que je te parle de quelque chose...Annabelle ».
Puis le choc. Puis le noir.
L'horreur de la scène s'infiltra dans mon esprit. Oubliant la douleur, je me redressais prestement. D'une voix rauque et cassée, je gémis :
- Krystopher !
Mue par l'angoisse qu'il lui soit arrivée pire que moi, je repoussais pitoyablement les couvertures qui me recouvraient, sans trop de sucess.
Tout me revenait enfin clairement. Krystopher, l'attaque des monstres à la maison, le départ pour Angéliane, la discussion dans la voiture, et l'accident.
Délivré de l'emprise des draps, je me jetais sur mes pieds. Mais à peine le poids de mon corps sur mes jambes, une douleur jusque là masquée par l'adrénaline m'écrasa, et je glissais impuissante.
Juste avant le contact froid du sol, deux bras puissants me rattrapèrent.
- Oh la ! Doucement ma belle ! Susurra une voix chaude.
Je voulu me débattre, mais épuisé par mon état, je n'arrivais qu'à griffer légèrement mon adversaire.
Au contact berçant des draps dans lesquels on me reposait, je sombrais dans les bras de Morphé.
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Gardiens des Panthéons : Ahauréliane Lorélys
FantasíaLa vie d'un adolescent n'est déjà pas facile : devoir déménager, changer de lycée, quitter ses amis.... Pourtant, Annabelle va bien vite comprendre que sa vie n'est pas comme toutes les autres. Tout va changer le jour où elle découvre un étrange méd...