Je reprenais doucement conscience de mon corps, sans toutefois ouvrir mes yeux.
Ils semblaient collés par du béton, aussi n'avais-je pas la force, ni l'envie non plus, de les ouvrir.
J'étais consciente, mais rien ne passait dans mon cerveau. Vide, sans réflexion, sans même l'idée qu'il pouvait penser. Libre. Libre de ne rien faire, de ne penser à rien. A un tout sans rien, mais surtout un tout sans souffrance, et sans douleur. Sans cette chose lancinante qui vous brûle la poitrine, qui arrache millimètre par millimètre votre intérieur, qui vous ronge et vous détruit à petit feu, mais vous laissant toujours conscient, afin de vous montrer à quelque point ça fait mal...
Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Un rien... mais si, quelque chose... Le vide. Est-ce que c'est quelque chose le vide ?
Un bruit de pas retentit dans un couloir, résonnant dans un écho fuyant.
Des pas légers, des pas non alourdi par ce vide qui menace de vous mordre, et de vous jeter dans un puits sans fonds de douleur.
Les pas s'approchent. Du palier, ils viennent au pas de la porte, avant d'entrer dans la pièce, pour finalement s'arrêter devant mon lit. Si j'étais bel et bien dans un lit.
Une main chaude se posa en douceur sur mon front.
- Pars, je ne veux voir personne. Laisser-moi dans mon vide, lui seul me comprend.
Pourtant mes lèvres restaient insensiblement closent, à l'instar de mes yeux.
Pourquoi donc utiliser mes dernières forces, si par miracle j'en avais encore une once, pour souffrir encore plus ?
Raisigné à me combler de ma solitude, je me bornais à rester dans mon mutisme. A force d'ignorance, de cette main posée à côté de moi, je retombais dans ce sommeil si doux et pourtant si brûlant, qui était mien pour ce qui me semblait une éternité.
Nouvelle prise de conscience. Cette fois-ci, j'ouvris les yeux en premier lieu.
Une douleur derrière la tête me parvint, mais je n'y prêtai pas attention.
Mes yeux, malgré la pièce plongée dans l'ombre, eurent du mal à s'adapter au peu de lumière qui persistait dans tout ce noir.
Faisant fi de ma douleur et de mes membres courbaturés, je m'assis sur le bord du lit, les pieds effleurant le sol.
J'avais vaguement conscience que j'avais froid, n'étant vêtue que d'un simple short et d'un débardeur. Mais comme la douleur de mon corps, je n'y prit guère attention.
Sans réfléchir, je posais mes pieds au sol, et avant de m'en rendre compte, j'étais déjà devant la porte.
Je n'avais aucune idée d'où je pouvais bien être. Je ne me rappelais plus de grand-chose, sauf de deux yeux noirs qui me fixaient, juste avant que... juste avant ... Mon esprit refusa de continuer plus loin.
Au plus grand des hasards, je commençais à déambuler dans ce grand couloir, qui ne m'était en rien familier.
Mes pieds, comme un mécanisme, avançaient, sans même que mon cerveau daigne les commander.
Je voyais bien le sol en bois, je l'entendais craquer sus mes pieds, je voyais les murs et les portes qui m'entouraient, mais c'était comme si mon cerveau voyait les choses, mais refusait de les analyser.
Au bout d'un temps, sans que je ne sache combien exactement, j'arrivais devant une porte, semblable aux quinze autres que je venais de croiser depuis le début de ma « balade ».
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Gardiens des Panthéons : Ahauréliane Lorélys
FantasyLa vie d'un adolescent n'est déjà pas facile : devoir déménager, changer de lycée, quitter ses amis.... Pourtant, Annabelle va bien vite comprendre que sa vie n'est pas comme toutes les autres. Tout va changer le jour où elle découvre un étrange méd...