Qui croire sans savoir...

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Après notre discussion avec Krystopher, je suis allé me réfugier dans le calme de ma chambre.

Allais-je vraiment aller là-bas ? Là où j'étais née, là où étaient tout les autres semblables à moi, où se trouvaient peut être mes véritables parents ? En avais-je vraiment envie ? Même si je connaissais maintenant beaucoup de chose sur ce monde mystérieux, je n'y avais pas véritablement été confronté. Disons que je maîtrisais la théorie mais que la pratique n'était pas vraiment au rendez vous. Et que ça me faisait peur.

Et si j'étais née simple mortelle ? Une petit fille comme les autres, sans rien d'extraordinaire sinon que d'être commun. J'aurais continuer ma petite vie monotone. A dévorer des livres, rêvant d'aventure. J'aurais continuer mes études et trouver un bon petit boulot, un appartement. J'aurais rencontrer un garçon mignon, puis on se serait marier, on aurait eu des enfants, un chien pour compléter. J'aurais eu plaisir à les élevés, à construire ma petite vie de famille. Les enfants grandiraient et moi et mon mari ont vieilliraient, jusqu'à atteindre le bout de son chemin de vie. Tout ça en pensant que je ratais quelque chose, passer à côté de ma véritable nature, en vivant avec un manque, sans cette petite étincelle qui nous fait vivre pleinement. Et bien, que j'en avais de la chance ! 

Assise à me morfondre sur moi même, je fus surprise par un coup à la porte. Attendant respectueusement quelques instants, la poignée se tourna et Krystopher apparu dans le pas de la porte. Il hésita un peu puis avança pour se retrouver au milieu de la pièce.

- On part demain matin. Tu seras prête ?

Je levais la tête, et pour la millième fois je le regardais. Son visage fin, ses traits délicats, son corps musclé juste comme il faut, ses cheveux indomptables et ses yeux tels des puits sans fin...

Mon dieu pourquoi je me prenais à le regarder encore ?

Je ne répondis pas, mais je sus qu'il avait compris. Compris que non, je ne l'étais pas, mais qu'il fallait le faire et que je le ferais.

- Ecoute, commence t-il d'une voix tendu, je sais que c'est un moment difficile pour toi... Enfin j'imagine.. j'essaie.. Bref. Mais je ne suis qu'un Gérium, je connais pas l'éducation des Gardiens, et...

- Tu es aussi un homme Krys ! explosais-je. Je n'en pouvais plus, craquant et laissant aller mes sentiments. Mes sentiments de doute, de peine, de douleur, tout ce que j'avais enduré et gardé au fond de moi... Tu n'es peut être pas exactement humain, mais tu ressens des choses aussi ! Tes parents t'ont appris des principes, tu as un coeur, un esprit !

Je crie, je ne fais pas attention si mes mots lui font mal ou non. J'ai juste besoin que ça sorte. J'avais l'impression d'être en dehors de moi, de voir la scène en tant que spectateur et non comme la fille hystérique qui était en train de vider son sac.

- Je n'arrive pas à croire que Catania, ta mère, ne t'aies pas apprit à écouter ton coeur parfois, comme elle l'a fait pour moi ! Je refuse de croire qu'elle ne t'as pas au moins appris que tu avais un coeur !(l'évocation de ma mère brise un peu plus mon coeur, et les larmes commencent à couler). Alors arrête de te cacher, parce que pour l'instant tu n'es qu'un lâche Krystopher !

Je ne sais pas si c'est moi qui me suis rapproché de lui, mais nos corps se retrouvent à quelque centimètre l'un de l'autre.

Je vis ses yeux briller, emplis d'un énorme tristesse. Alors je prends enfin conscience des mots que je viens de lui adresser, et de la violence de mon discours. Il est planté devant moi, sans rien dire alors que je viens de lui lancer au visage les pires choses possibles.

- Pardon Krys, je ne... je ne pense pas ce que j'ai dit, je... Ma voix est entrecoupé de sanglots, je ne sais même pas s'il peut me comprendre.

Soudain je sens son souffle chaud, et ses lèvres contre les miennes. Un simple contact, rien qu'un effleurement.

Je lève mes yeux embuées vers les siens, et je lis de l'effroi et de la peur. Avant que je puisse réagir, il tourne les talons et quitte la pièce. Me lançant à sa poursuite, j'attrape son bras, mais par une secousse il se libère de mon emprise.

- Krystopher attends ! m'époumonais-je dans les escaliers, mais déjà il disparaissait derrière le mur.

Me voilà encore seule, avec le sentiment d'être abandonner. Glissant contre le mur, je restais sur le sol, sans même la force de pleurer encore.



De retour dans ma chambre, je reprenais ma place dans le lit. L'esprit lourd et fatigué, je ne pouvais m'empêcher de penser et repenser à tout les problèmes qui me tombaient dessus en cascade.

Sans évoquer la perte de Catania, et la disparition de Calypso, voilà que l'histoire incompréhensible avec Krystopher continuait. 

Aussi étrange que cela pouvait être, une partie au fond de moi n'arrivait pas à lui en vouloir. Comme un pressentiment, elle lui trouvait toujours une excuse. Ressentant encore la délicatesse de ses lèvres, elle me suppliait de comprendre. Comment pouvait-il être mauvais, alors qu'il avait pris soin de moi la nuit où j'étais venu le voir, faible et fragile ? C'était d'ailleurs après cette fameuse nuit que tout avait commencé à se dégrader.

L'autre partie me hurlait que j'étais naïve. Qu'il ne faisait que jouer avec moi, me balançant de gauche à droite, une pelote de laine dans les pattes d'un chat. Elle me crachait qu'il voulait juste me détruire, jaloux du fait que Catania avait plus été une mère pour moi que lui. Qu'à cause de moi elle était morte. Est-ce ma faut si les monstres en avaient après moi, si elle avait du se sacrifier pour moi ? Etais-je vraiment responsable de sa morte, et Krys avait-il raison de m'en vouloir ?

Et toutes ces pensées tournaient et retournaient, valsaient, et s'entredéchiraient dans ma tête.

J'avais l'impression que ma tête allait exploser. Impossible de me calmer, mes sentiments prenant le contrôle de mon corps. Sans réfléchir, mon poing vola vers le mur. A peine l'avais-frôler, que je su que mon idée était des plus idiotes. Une douleur fulgurante se propage dans tout mon bras. Je lâchais une plainte sourde en m'asseyant dans le lit, ma main gonflant et devenant rouge violacé. Me roulant en boule sur le matelas, je passais outre la douleur. Je ne savais même pas laquelle était la plus forte, celle mentale ou physique. Fermant les yeux, je me laissais glisser dans un sommeil sombre et agité.

Gardiens des Panthéons : Ahauréliane LorélysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant