Chapitre 1

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L'espoir est le pire des maux, car il prolonge la souffrance de l'homme

Friedrich Nietzsche





Ile de Lewis, Hébrides extérieures, Ecosse.

Garant son Ranger Rover sur le parking du centre de visiteur du site de Callanish, Riona soupira de lassitude en avisant l'heure sur le tableau de bord : 18 heures. Malgré qu'elle se soit levée aux au-rores, elle était tombée dans les bouchons en sortant d'Edimbourg et là, avait enchaînée catastrophe sur catastrophe.

D'abord un pneu crevé, puis elle avait été coincée dans un accident de circulation en traversant Perth et enfin, elle avait raté de cinq minutes le ferry et avait du attendre une bonne heure pour pren-dre le dernier ferry pour Stornoway.

Elle enleva ses lunettes, se frotta les yeux et baya de nouveau. Bon sang, elle avait un mal de dos terrible. Pas étonnant après avoir passé presque 8 heures à traverser l'Ecosse. Douglas lui payerait ce calvaire au centuple !

D'ailleurs, elle mourrait d'envie de l'étrangler. A cause de lui, elle avait du renoncer à voir son frère et sa sœur. Cela faisait trois mois qu'elle ne les avait pas vu et ils lui manquaient.  Ils n'avaient jamais été si longtemps séparés depuis que Dante l'avait arraché de cette horrible famille d'accueil à Inverness.

Elle frissonna en songeant à ce passé encore trop présent dans sa mémoire. La sonnerie de son portable de la tira de ses pensées.

Sauvée par le gong !

Elle se calla contre son siège, baissa sa vitre pour profiter du grand air et décrocha avant que Douglas n'appelle police secours. Elle l'aurait bien laissé mariner un peu dans son jus pour le punir mais, elle ne pouvait lui en vouloir plus de cinq minutes. Ils se ressemblaient trop. Cette passion dévo-rante concernant les civilisations celtes et nordiques les avaient conduis tout naturellement à devenir archéologue. Douglas était devenu le plus jeune conservateur du  Royal Museum d'Edimbourg et il l'avait aussitôt embauché pour travailler sur le terrain.

Chose dont elle ne se plaignait absolument pas. Elle avait choisi sa voie, enfin, disons qu'elle avait suivi les traces de son ancien professeur pour qui elle éprouvait énormément d'admiration.

Elle adorait faire des fouilles au grand air, faire de nouvelle découverte et ce qui l'avait fortement motivée à accepter ce poste était la solitude. Elle avait toute la latitude nécessaire pour travailler sans avoir de compte à rendre. Bon techniquement, elle en devait à Douglas quand elle y pensait. Or en l'envoyant à Callanish, il s'était forcément douté qu'elle agirait à sa guise, non ?

-    Riona ! Nom d'un chien, j'ai cru que tu avais eu un accident quand Rory m'a appelé pour me dire que tu n'étais toujours pas arrivé.

Le ton soucieux de sa voix était sincère. Une raison de plus pour ne plus lui en vouloir.

-    Figure-toi qu'aujourd'hui n'était pas mon jour. Je te passe les détails mais mon voyage a pris un peu plus de temps. Mais je te rassure, je suis sur place et presque en un seul morceau.

-    Je suis navré, Riona...Je sais que Dante et Angèle te manquent et je...

-    C'est bon, n'en fait pas un drame. Je les verrai à mon retour. Ils savent que j'aime mes vieilles pierres.

-    Je te revaudrai ça.

-    N'oublie pas mes heures supplémentaires et on sera quitte, la taquina-t-elle.

-    Vraiment, je ne comprendrai jamais ton amour de l'archéologie. Tu aurais fait une banquière redoutable !

-    Mouais, autant nager dans un océan empli de requin mangeur d'homme à ce tarif là.

Sombres Héritages-5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant