Dès l'instant où Riona entra dans la salle à manger, elle remarqua la plante ornant le centre de la table de la salle à manger, autour de laquelle était assis Dale St James, son ancien professeur d'archéologie, sa femme très enceinte Kara, Dante, Angèle et sa meilleure amie qu'elle n'avait pas vu depuis près de onze ans, Iris.
Elle ne parvenait pas à détourner les yeux de cette maudite plante sans frissonner de dégoût. Pour-tant cette malheureuse Immortelle n'y pouvait rien. Cette plante n'allait pas lui sauter à la gorge ou même l'empoisonner, n'est-ce pas ? Simplement, sa vue signifiait trop de chose pour elle, tout comme son message : le souvenir.
Comme si elle pouvait oublier ce jour. Comme si elle en était capable malgré toutes ces années à essayer.
Ce même jour et ce chaque année depuis le 24 juin 2001, commençait sept jours d'enfer et cette année ne serait pas différente des autres. Cette Immortelle en était la preuve. Elle refoula le sentiment de terreur l'envahissant, le dégout d'elle-même et le chagrin liés à cette période de sa vie qu'elle aurait tant voulu oublier.
Et dire qu'Angèle avait, en organisant cette soirée, espéré maintenir un peu de normalité dans leur vie, c'était râpé. Et tout ça juste à cause d'une plante, d'une simple plante...Dont l'odeur épicée rap-pelant le sucre candi, lui donnait la nausée. Elle détestait cette odeur, malheureusement, elle devrait s'en accommoder toute la soirée. Elle avait peut-être le cœur et l'âme en lambeaux, mais elle refusait de décevoir sa sœur, encore une fois.
Angèle s'était donné du mal pour les réunir. Depuis que Dale dirigeait la compagnie Drakken et son récent mariage, elle n'avait pas eu l'occasion ni de le voir, ni de lui rendre visite. Quant à Dante, volontairement, il cherchait l'isolement et la solitude en prétextant travailler dans son atelier à l'autre bout du manoir dont ils avaient tous les deux hérités de leurs parents. Angèle, elle, travaillait comme infirmière de bloc opératoire au Glasgow Nufflied Hospital et ses horaires étaient imprévisibles. Restée Iris...Elle ignorait tout de sa vie, uniquement parce qu'elle avait décidé de couper les ponts avec elle dès l'arrestation de Dante, onze ans auparavant. D'ailleurs, à cette époque, elle était bien trop dévastée pour réfléchir avec cohérence.
Aujourd'hui, elle reconnaissait à peine son unique amie en cette jeune femme à l'exubérante cheve-lure émeraude. Elle avait beaucoup changé physiquement en onze ans, mais son regard d'azur demeu-rait le même. Franc, souriant, si plein de tendresse et de gentillesse que son cœur se serra douloureu-sement dans sa poitrine. Elle dut lutter contre les larmes menaçant de jaillir tandis que d'horribles souvenirs s'imposaient à elle.
Elle était allongée dans son lit, recroquevillée sous ses couvertures et priait de toute son âme pour qu'il ne vienne pas encore lui faire ces choses répugnantes qui la faisaient tant souffrir. Le tonnerre grondait dehors à cause de l'orage et les éclairs illuminaient la chambre qu'elle partageait avec Iris. Elle dormait profondément. Ses courtes boucles brunes formaient une touffe sur son crâne et masquait en partie son visage.
Elle dormait toujours quand il venait. Il valait sûrement mieux...Un éclair déchira le ciel et elle le vit fermer la porte de la chambre, puis s'attarder vers le lit où dormait son amie. Il leva la main, un sourire sadique se dessina sur ses lèvres comme il faisait mine de caresser les cheveux d'Iris.
- Tu n'aimerais pas que je m'intéresse à elle, n'est-ce pas mon ange ?
A la pensée qu'il lui fasse subir les mêmes horreurs, son estomac se révulsait et elle prit sur elle pour ne pas hurler à s'en déchirer les cordes vocales. Il fallait qu'elle protège son amie. Il fallait qu'elle se taise jusqu'à ce que son frère revienne la chercher. Alors elle pourrait s'enfuir et emmener Iris avec elle. Elles seraient libres et ce cauchemar s'achèverait...
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Sombres Héritages-5
FantasyPour avoir tué la prêtresse de la déesse du Destin, Drake a été maudit pour l'éternité. Contraint de supporter chaque jour de son existence l'ombre malfaisante de la femme ayant causé l'anéantissement des siens ; sa raison vacille et ses forces semb...