Folle de rage, Lanikai apparentait le bureau de Riwan comme un lion en cage. Elle ne décolérait pas depuis que ce rat infâme d'Eridan avait épargné la vie de cette moins que rien de Riona Moore.
Elle avait pourtant tout planifié, manipulé cet imbécile de Kennan à sa guise sans qu'il ne se doute de la supercherie. Il était tombé à pied joint dans le panneau, croyant réellement qu'elle tiendrait sa promesse de lever la malédiction de Drake.
Jamais, elle ne revenait en arrière !
Elle l'avait maudit, pas parce qu'elle se souciait d'Astéria, ni même parce que cela la forcerait à trouver une autre prêtresse pouvant servir ses intérêts. Elle l'avait maudit afin de l'utiliser pour ce jour où Ross reviendrait.
Elle l'avait lié avec la petite-fille de ce cafard arrogant uniquement pour le punir et l'empêcher de divulguer ses projets. Si Ross venait à parler, elle pouvait dire adieu à sa place parmi le panthéon Kaldèrian...Elle pouvait dire adieu à la vie, même.
Khorèn ne lui pardonnerait jamais les révélations de Ross et le reste...Tout ce temps passait à attendre le jour où tous ces imbéciles du panthéon lui mangerait dans la main, était si près qu'elle ne pouvait permettre à quiconque de ruiner ses projets.
Elle aurait pu forcé la main de ce stupide animal en utilisant sa précieuse sœur, néanmoins, cette carte était bien trop dangereuse. Si elle agissait selon ses désirs en prenant la vie de Jade Eridan et de son enfant, elle se mettrait immédiatement à dos, ses sœurs. Zaline ne permettrait jamais cela sans déclencher une guerre dont elle n'aurait évidemment pas la moindre chance de l'emporter. Zaline n'était pas Déesse de la Guerre pour rien. Autrefois, elle avait détruit des civilisations, des mondes et des galaxies entières sans ciller et ce d'un unique claquement de doigt, lorsque les événements n'évoluaient pas assez rapidement à son gout. Non, se mettre la Déesse de la guerre à dos, c'était plus qu'une mauvaise idée.
Il lui restait tout de même quelques cordes à son arc. Après la défaction de Drake, elle avait rendu son corps à sa servante, la mobilité nécessaire pour la servir selon ses désirs et accessoirement assez de pouvoir pour faire de la vie de Drake un enfer permanant. A ces réjouissances, elle avait ajouté un petit bonus qui l'amusait énormément. Les âmes maudites harcelant le Drakion auraient désormais le pouvoir de le blesser physiquement.
A ce régime là, il ne tiendrait pas très longtemps et bientôt, il viendrait la supplier de l'aider. En échange, elle exigerait la vie de cette Riona. Il n'aurait plus le choix.
Quelle est la raison de ce sourire éblouissant, chère amie ?
Lanikai examina l'Astrani d'un air appréciateur. Il avait changé depuis leur première rencontre. Il ressemblait enfin à un homme et non plus à un adolescent dégingandé du moins selon ses critères très sélectifs. Sa chevelure d'un bleu légèrement moins soutenu que la sienne flottait sur ses larges épaules. Dans ses prunelles d'un noir infernal luisaient une cruauté égale à la sienne. C'était un détail, mais un détail non négligeable à ses yeux. Il était devenu bel homme.
Bien sûr, il n'égalerait jamais son Adriel. Personne ne l'aurait pu. Elle avait donné son cœur au premier roi d'Altasia et son amour à sens unique n'avait eu de cesse de la faire souffrir. Or le responsable de ses souffrances n'avait jamais été puni.
Toutes les dettes se payent un jour, Cher ami. Il suffit simplement de se montrer patient, répliqua Lanikai dont les lèvres cerise s'incurvèrent en un sourire machiavélique.
Certaines méritent que l'on prenne le temps nécessaire, agréa Riwan en songeant à Drake.
Lanikai s'installa sur la méridienne tendue de velours pourpre face à l'immense fenêtre ouverte sur le balcon donnant sur la mer de saphir. Ses longs cheveux soyeux cascadaient le long de ses épaules fines. Sa robe d'azur attachée sur son épaule droite par une fibule en or représentant l'Infini, le symbole du Destin, ondoyait autour de son corps gracile. Dire que la Déesse était une beauté serait en dessous la vérité. Elle était d'une beauté vénéneuse, exactement comme les fleurs Vysche dont la beauté n'avait d'égale que le danger mortel.
Une lueur amusée dansait dans son regard bleu cerclé d'argent. Soudain, un froid polaire le transperça de part en part. Son sourire narquois parvenait à figer jusqu'au tréfonds de son âme. Or, il haïssait cette vulnérabilité. Il désirait ardemment devenir son égal. Toutefois, ce n'était pas en buvant ces quelques malheureuses fioles de sang qu'elle lui offrait à chacune de ses visites qu'il deviendrait un Dieu.
St James en était devenu un, pourquoi pas lui.
Cet animal a bénéficié des largesses de mes sœurs, ni plus ni moins, s'indigna-t-elle. Il n'en demeure pas moins que lorsque le panthéon s'écroulera, des postes seront à pourvoir dans notre nouvel ordre divin. Peut-être te recommanderai-je à notre nouveau roi quand le moment viendra, ajouta-t-elle d'un air entendu.
D'ors et déjà, vous pouvez considérer vos ordres comme exécutés, chère amie.
Eridan ! Je veux que cet animal de malheur détruise l'héritière de Kalahan !
Ne devrions-nous pas avant tout mettre la main sur le manuscrit ? lui suggéra Riwan d'une voix mielleuse.
Je ne peux laisser le manuscrit tomber entre leurs mains, marmonna Lanikai énervée. Il faut à tout prix le récupérer !
Il faudrait avant tout éliminer Ross.
Ce maudit traitre garde le manuscrit et d'innombrable secret qui seraient préjudiciable à l'éxécution de nos projets. Il doit mourir.
Naturellement. Je me charge de localiser ce scélérat et de le réduire au silence.
La fille est à l'heure où nous parlerons bien plus dangereuse que ce pantin de Ross.
Riwan s'approcha de Lanikai, effleura lentement sa chevelure et susurra au creux de son oreille :
La fille ne sera bientôt plus au cœur de nos préoccupations.
J'aime cette propension à anticiper tous mes désirs, cela mérite une récompense.
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Sombres Héritages-5
FantasyPour avoir tué la prêtresse de la déesse du Destin, Drake a été maudit pour l'éternité. Contraint de supporter chaque jour de son existence l'ombre malfaisante de la femme ayant causé l'anéantissement des siens ; sa raison vacille et ses forces semb...