Tous ces bruits allaient finir par la rendre dingue. Elle n'avait plus qu'une envie qu'ils se taisent tous et lui fichent la paix. Comme si le fait d'entendre des millions de voix bruisser, crier et hurler simultanément ne suffisait pas, le chant de milliers d'oiseaux, le son produit par le vent et les vagues s'écrasant contre les falaises Ecossaise venaient s'ajouter à cette satanée cacophonie, si bien qu'un mal de tête carabiné lui vrillait le crâne.
D'ailleurs, la chance étant toujours de son côté, elle sentait quelque chose bouger sous sa peau. Cette sensation l'effraya plus bien que tous le reste. L'impression de ne plus être seule dans son corps était aussi déroutant qu'inquiétant.
La crainte de l'inconnu était présente. Car ce qu'elle ressentait à cet instant ne pouvait que difficilement s'apparenter à la peur. Elle la connaissait trop bien pour la confondre avec d'autres sentiments. Quand on avait connu la peur...la terreur, on ne pouvait plus jamais se défaire de ce sentiment. Il demeurait profondément ancré, n'attendant que la bonne occasion pour resurgir et prendre le dessus.
Elle inspira, regardant autour d'elle à défaut de pouvoir ignorer la chose se mouvant en elle. Ce n'était pas sa chambre...Jamais elle ne dormait dans un lit, plus depuis douze ans. Lit était synonyme d'impuissance, de douleur pour elle. Elle préférait mille fois se lever le dos en compote après avoir passer la nuit dans son hamac plutôt de ressentir cette peur paralysante qui la clouait dans un lit.
Même si elle se savait en parfaite sécurité ici, elle ne pouvait sortir de ce lit. Son corps refusait de lui obéir, comme si chacun de ses muscles portaient en eux ces sentiments d'un passé impossible à oublier. Dans ces moments là, elle avait la sensation d'être devenue une téthraplégique prisonnière de son corps.
C'était ainsi qu'elle avait affronté chaque nuit de calvaire, refoulant de plus en plus loin son esprit, fermant son cœur tandis que son corps subissait dans un silence ponctué des râles de ce monstre.
Elle déglutit à plusieurs reprises, essayant de chasser ses souvenirs sans grand succès. Il fallait qu'elle sorte de ce maudit lit. Sauf qu'elle ne pouvait pas le faire sans aide. L'idée de hurler lui vint à l'esprit. Or elle n'était plus une enfant terrifié...Ok, elle était devenue une adulte terrifiée, ce qui n'était absolument pas génial.
Elle allait prendre son courage à deux mains, cette réflexion lui fit d'ailleurs rouler des yeux. Si elle avait seulement pu prendre effectivement son courage à deux mains, elle ne serait pas coincée dans cette posture bien trop vulnérable à son gout.
En outre, elle détestait le fait d'avoir oublier les événements qui l'avaient conduite à cet état. Le sentiment d'avoir oublié quelque chose de réellement important la taraudait, malheureusement, plus elle essayait de se remémorer ces souvenirs plus ils demeuraient cachés derrière une porte barré de lourdes chaine cadenassées.
Dans ces moment là, elle savait que plus, elle s'échinerait à découvrir ce que cacher cette porte, plus ses efforts resteraient vains. Rien ne pouvait plus l'exaspérer que ça. Lorsque l'on frappa soudain à la porte, elle entrevit la possibilité d'enfin pouvoir s'enfuir. Elle n'eut pas le temps de répondre que Dante pénétra dans la chambre accompagné par l'auteur de son récent désespoir : Drake.
Celui-ci eut le culot incroyable de lui décocher un sourire charmeur comme si ce superman de pacotille n'avait rien strictement rien à se reprocher. Avoir tenter puis finalement abandonner l'idée de la tuer pour une raison qui lui échappait totalement n'avait strictement pas l'air de peser sur sa conscience !
Quant à Dante, son mutisme et le voile assombrissant son regard amplifia la sensation de malaise lié à la perte de ses récents souvenirs. Il tenait dans sa main, une feuille de papier froissée. Il échangea un regard rageur avec Drake dont le froncement de sourcil ne lui avait pas échappé.
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Sombres Héritages-5
FantasyPour avoir tué la prêtresse de la déesse du Destin, Drake a été maudit pour l'éternité. Contraint de supporter chaque jour de son existence l'ombre malfaisante de la femme ayant causé l'anéantissement des siens ; sa raison vacille et ses forces semb...