chapitre 4

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Tout en avalant rapidement une tasse de café, Riona étudiait les photos prises la veille au soir avec son portable. Elle les avait imprimé directement en rentrant et avait tenté tant bien que mal de déchif-frer les symboles gravés sur les pierres, sans succès.

Terrassée de fatigue, elle s'était couchée en espérant reprendre des forces pour le lendemain. Mal-heureusement ce ne fut pas le cas. Son dos l'avait fait atrocement souffrir toute la nuit et elle avait du prendre un antalgique, chose qu'elle détestait. Les anti-douleurs avaient toujours eu un effet étrange sur elle. Ils agissaient comme du LSD et elle préférait s'accommoder de la douleur plutôt que de partir dans des trips hallucinogènes. Comme toujours, ses hallucinations la transportait toujours dans un passé qu'elle souhaitait oublier par-dessus tout.

Le coucou de l'horloge de la salle à manger interrompit le cour de ses pensées et revenant au pré-sent, elle fourra les photos dans son sac à dos tout en mordillant dans un petit pain au miel, puis quitta l'hôtel pour rejoindre Callanish. Elle avait hâte de commencer les fouilles et pourtant tout au fond d'elle, une voix étrange lui soufflait de quitter les lieux aussi vite que possible, qu'il n'y'avait rien d'autre que des ennuis pour elle.

D'ordinaire, elle écoutait toujours cette petite voix rationnelle qui l'avait sorti de situation péril-leuse. Quelques mois auparavant, elle avait échappé de justesse aux balles d'une bande de pilleurs de tombe durant des fouilles près de Machupichu. Elle s'en était tiré avec une balle dans le bras gauche, un peu plus et elle aurait été touchée en plein cœur. Sa voix lui avait ordonné de sauter dans la rivière, de ne pas avoir peur, qu'il ne lui arriverait rien de mal. D'abord réticente, elle avait hésité et avait ré-colté cette fichue balle. Par la suite, elle avait toujours écouté cette voix et elle avait défié la mort plu-sieurs fois. Douglas lui avait affirmé qu'elle devait avoir un ange gardien qui veillait sur elle pour avoir autant de chance.

Peut-être était-ce le cas ou pas.

Elle aurait aimé qu'elle se manifeste beaucoup plutôt, cela lui aurait évité énormément de souf-france, mais la vie lui avait appris une dure leçon : l'espoir était une illusion destiné à vous faire croire en n'importe quoi ou n'importe qui. La peur et la douleur, eux étaient bien plus réel que n'importe quels sentiments. On pouvait les ressentir si intensément, si profondément que cela pouvait vous faire oublier tous le reste.

C'est du passé.

Pas pour moi. Parfois j'aimerai juste fermer les yeux et être capable d'oublier, mais je n'y arrive pas. Quoi que je fasse, il est toujours là, ricanant dans le noir.

Oui, de plus en plus souvent, elle se parlait à elle-même. Premier symptôme de la démence. Mais elle s'en fichait, la plupart du temps, elle était seule et puis elle se moquait bien d'être traitée de dingue, dès l'instant où on la laissait tranquille.

Elle baya à s'en décrocher la mâchoire puis se gara sur le parking du centre des visiteurs. Il n'y avait qu'un seul autre véhicule, celui de Rory. Manifestement, l'affiche placardée sur la porte du centre avait du refroidi les touristes. Bah de toute façon, il y'avait beaucoup d'autres endroits à visiter sur cette île. Elle descendit de son vieux ranger rover et rejoignit Rory dont les traits semblaient plus détendus qu'hier soir.

- Salut, bien dormi ?

Rory lui décocha un sourire ravi et lui appris qu'il avait fait transporter tout son matériel sur le site de fouilles en lui assurant que personne ne viendrait la déranger. Il avait fait prévenir les agences de voyage et les guides de circuit touristique que Callanish était fermé au public pour une durée indéter-minée.

Elle le remercia et emprunta le chemin conduisant à Callanish. Elle se sentait grisée à l'idée de ce qu'elle finirait par découvrir là-bas alors que ses confrères n'avaient jamais jamais remarqué ces sym-boles et cet œil reposant sous les pierres de l'autel. Peut-être serait-ce la découverte de sa vie ? Peut-être qu'ainsi ces machos du département de la civilisation celte ne la regarderait plus de haut, ensuite.

Sombres Héritages-5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant