Assise sur un rocher, Riona admirait l'océan dont les vagues s'écrasaient sur les parois de la falaise, accentuant le bruit déjà assourdissant lui vrillant les tympans. Elle avait beau faire ces stupides exercices de respiration sensés la calmer et faire le vide en elle, les bruits ne disparaissaient pas, pire ils montaient d'un cran. Elle frissonnait à mesure que la chose sous sa peau se mouvait tranquillement comme si elle visitait sa nouvelle maison.
Elle se frotta le visage en soupirant. Quant elle songeait à Dante, à toute la douleur qu'exprimait son visage lorsqu'il avait brandi cette fichue lettre, elle sentait son cœur exploser en morceau. Jamais, elle n'avait voulu le faire souffrir...Pas plus autrefois que maintenant, seulement à cette époque là, elle souffrait tant que la mort lui avait semblé salvatrice...la seule solution à tous ses problèmes. Elle s'était laissée emporter par son égoïsme, oubliant Dante, oubliant l'endroit où il croupissait par sa faute. Son sentiment de culpabilité ne l'avait plus jamais quitté et elle redoublait d'un cran dès que le passé resurgissait comme un fait exprès.
Dante avait perdu plusieurs années de sa vie pour l'arracher à l'enfer et son remerciement avait été de vouloir en finir avec sa misérable existence.
Mais aujourd'hui, elle était différente. Certes, elle souffrait toujours, peut-être même plus encore qu'auparavant. Adulte, elle comprenait ce qu'enfant, elle avait refoulé par faute de savoir. La douleur était plus intense, pourtant, elle n'aurait pas échangé sa vie contre une mort si douce puisse-t-elle être. Elle tenait trop à son frère pour lui faire de la peine en attentant à sa vie. D'ailleurs, même si tout n'était pas rose, il y'avait des choses dans sa vie qui méritait qu'elle lutte pour elles. Alors non, elle n'avait pas essayé de mourir, elle en était persuadée. C'était cette certitude qui la poussait à vouloir découvrir la vérité. Si seulement, elle pouvait se remémorer les événements...Malheureusement, elle ne parvenait pas à aligner deux pensées tant les voix hurlaient dans son crâne. Un peu plus et elle allait finir par s'arracher les cheveux comme une démente.
Qu'est-ce qui lui arrivait bon sang ?
Depuis son réveil, le monde, son monde ne tournait plus rond. Elle n'avait d'ailleurs plus la sensation d'être elle-même. Elle aurait tant voulu que sa vie soit aussi calme que les eaux d'un lac, à peine troubler par quelques jets de pierre. Au lieu de cela, sa vie ressemblait à ces vagues se fracassant violemment contre la falaise. Elle devrait s'en accoutumer...Un jour y parviendrait-elle peut-être.
Elle inspira longuement tandis que le vent caressait son visage, s'attardant dans sa chevelure telle une main douce et tendre. C'était étrange...Cette sensation de chaleur...Comme si son corps brûlait de l'intérieur, se reproduisait sans pour autant la gêner. Elle se sentait d'ailleurs si bien. Les voix ne hurlaient plus, c'était à peine si elle entendait encore leurs murmures. D'ailleurs même son envahisseur semblait calme, presque tranquille. Elle perçut une sorte d'émotion venant d'elle...Elle ne parvenait pas à l'identifier, n'avait aucun point de comparaison avec ce sentiment. Elle était troublée et à la fois envahie par une insensée sensation de bonheur... alors qu'elle ignorait véritablement le sens du bonheur....Ne l'avait pas connu assez longtemps pour l'apprécier et savoir le reconnaitre. Pourquoi éprouvait-elle ça, surtout maintenant ? Logiquement, elle était sensée être dévastée, au trente sixième dessous à l'idée d'avoir encore une fois déçu son frère, non ?
Tu dérailles complètement ma pauvre Riona, marmonna-t-elle en regardant le ciel se couvrir de nuages sombres.
Il faisait doux en ce mois de juin dans les Highlands, cependant, elle avait l'impression de s'être enflammée comme une torche. Cette chaleur n'était pas vraiment désagréable, surtout pour quelqu'un comme elle qui avait constamment froid.
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Sombres Héritages-5
FantasyPour avoir tué la prêtresse de la déesse du Destin, Drake a été maudit pour l'éternité. Contraint de supporter chaque jour de son existence l'ombre malfaisante de la femme ayant causé l'anéantissement des siens ; sa raison vacille et ses forces semb...