Sombres Héritages-5

chapitre 12

Son cœur battait tellement fort qu'elle entendait à peine le chant des oiseaux. La fraicheur du vent, heureusement, caressait ses joues brûlantes. Elle n'osa pas immédiatement le regarder. Elle ne parvenait pas à expliquer les sensations l'assaillant. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. C'était nouveau, inexplicable, terrifiant et pourtant, elle avait l'impression d'enfin vivre. Comme si toutes ses années n'avaient été qu'un long voyage dans l'obscurité et l'avait conduit à cet instant, au bout du tunnel où la lumière l'attendait.

- Je te raccompagne jusqu'au village.

- Je suis une grande fille, vous savez.

Il se gratta la tempe puis lui décocha un sourire désarment.

- Tu ne me faciliteras pas la tâche, pas vrai.

Un sentiment inconnu émergea dans sa poitrine face à son sourire et la gêne mêlée d'amusement dans sa belle voix grave dont elle ne parvenait pas à déterminer l'origine de l'accent. Au court de sa vie, elle n'avait jamais connu l'insouciance, la joie, le rire...Elle s'était toujours forcée devant les autres en se demandant ce qui dans cette vie pathétique pouvait leur procurer ces sentiments. Et aujourd'hui, elle venait de comprendre.

- Merci, Drake.

- Je n'ai rien fait...Enfin, pas encore.

Un rire s'échappa de sa gorge et aussitôt, elle écarquilla les yeux de surprise. Elle avait ri, sponta-nément...et en présence d'un homme, de surcroit. Dante avait peut-être raison. Peut-être pouvait-elle guérir. C'était même la première fois de sa vie qu'elle le pensait sincèrement...Qu'elle commençait à y croire. Cet homme-là avait un effet bénéfique sur elle.

- Je ne savais pas que tu connaissais Dale, commença Drake tout en marchant à ses côtés.

Elle l'étudia aussi discrètement que possible malgré leur proximité. Ses yeux d'un vert pâle envou-tant et ce grain de beauté sous son œil gauche accentuait son charme et lui donnait un petit coté mali-cieux. Il était d'une beauté presque stupéfiante et contrairement à beaucoup de bels hommes, il n'en jouait pas...Comme si son apparence le laissait indifférent. De nouveau, elle bloqua sur son sourire. Il avait de si belle dents, blanches, parfaitement alignées.

Tu deviens grave, ma pauvre, se morigéna-t-elle.

Comme il attendait une réponse, elle se ressaisit et répondit laconiquement :

- Il était mon professeur d'archéologique à l'université, mon mentor et je l'aimais beaucoup. Quand j'ai obtenu mon diplôme, nous sommes restés en contact.

- Vous avez l'air...proche.

- Il est comme un grand frère pour moi, lui avoua-t-elle en regardant le loch a'mhadaihd en con-trebas.

- Et cet homme tout à l'heure ? Vous êtes ensemble ?

Elle le regarda durant plusieurs minutes.

- Pourquoi, me poses-tu cette question ? Fit-elle, méfiante.

Il grommela un vieux juron dans sa langue natale et tout à coup, quelque chose changea dans le re-gard de la jeune femme et il eut la surprise de lire de...l'intérêt dans ses yeux.

En temps normal, ce n'était pas ce qu'il cherchait primordialement chez une femme mais chez celle-ci...Son intelligence alliée à son charme discret la rendait infiniment séduisante.

- Quelle langue parles-tu, Drake ?

- Ah...euh...c'est un vieux dialecte familial.

- Si Dante était avec nous, il te dirait que j'adore les vieux trucs ennuyeux et surtout les trucs morts. Il ne comprend pas qu'on puisse aimer creuser pendant des jours pour trouver des Maccabées vieux de milliers d'années ? Lui confia-t-elle tandis que ses lèvres d'un rose tendre s'incurvaient en un doux sourire qui atténuait l'expression sévère qu'elle s'efforçait de donner.