Chapitre 2

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Drake se redressa si brusquement qu'il dégringola de l'autel et heurta de plein fouet un morceau de pierre. Il sentit immédiatement l'odeur du sang se mêler à celle de la brise printanière. Il grimaça en portant une main sur son front. Du sang coulait en effet là où il s'était blessé. Il leva les yeux vers l'endroit d'où la voix féminine teintée d'une pointe d'agacement l'avait interpellé.

Une jeune femme brune l'observait d'un air qui semblait détaché, presque froid et pourtant, il y'avait dans ses iris d'un gris aussi sombre que les nuages annonçant un terrible orage, un soupçon de crainte. Ses lèvres d'un rouge vif assez surprenant formaient une moue sévère sous son petit nez en trompette.

Elle n'était pas bien grande, du moins comparé à lui. Elle ne devait pas mesurer plus d'un mètre soixante cinq-soixante dix. Dans sa veste en cuir marron, sa chemise et son pantalon beige et ses chaussures de randonnées, elle lui parut toute menue et donnait à la fois l'impression qu'elle cherchait à se masculiniser pour ne pas attirer l'attention sur elle. Il ne savait pas vraiment d'où lui venait cette impression, pourtant, il ne pouvait s'en départir.

Mise à part cela, elle était jolie à croquer avec ses lèvres purpurines, ses pommettes saillantes dans son visage à l'ovale parfait éclairé par une peau délicieusement dorée. Ses yeux gris, immenses dans son petit visage lui donnait un air de fragile poupée de porcelaine. Durant un bref instant, il la vit hési-ter entre venir vers lui et s'enfuir en courant. Son visage était un véritable livre ouvert. Elle allait partir. Il ne fallait pas être devin pour remarquer qu'elle avait peur de lui.

- Je vous prie de quitter ce site, Monsieur, insista-t-elle d'un ton plus ferme.

Il contourna l'autel, puis s'avança vers elle d'une démarche féline. En temps normal, il lui aurait souri pour la distraire, peut-être même lui aurait-il fait du charme pour la mettre dans sa poche. Sauf qu'il ne se sentait absolument pas d'humeur à badiner. Peu lui importait que cette étrange jeune femme parvenait à provoquer des sensations qu'il croyait, à tort manifestement, mortes. Il avait besoin de pouvoir aller et venir à sa guise à Callanish, sinon il deviendrait fou. Or s'il perdait les pédales, il serait foutu. Un dragon fou était un dragon mort...

Il s'arrêta à quelques centimètres d'elle dans l'espoir de lui inspirer assez de crainte pour la voir dé-taler sans demander son reste et lui laisser le champ libre.

A sa grande surprise, elle redressa fièrement le menton, le regarda droit dans les yeux et s'exclama :

- Si vous espérez me faire peur, c'est mal barré. J'ai déjà rencontré des types dans votre genre et croyez-moi, je sais parfaitement comment il faut les maîtriser !

Cette fois, Drake ne sut dissimuler sa surprise et il éclata franchement de rire. Ce petit bout de femme le défiait ouvertement et...Il trouvait ça si déroutant que s'en était rafraichissant. Pas une se-conde, elle n'avait cherché à le séduire pour le faire déguerpir d'ici. D'autres auraient d'abord essayé cette technique plutôt que de le remballer.

- Est-ce que vous vous fichez de moi ?

- Pas le moins du monde, Elyle, répondit-il d'une voix un peu rauque.

Les yeux plissés, elle le fixa comme si elle avait affaire à un simple d'esprit, puis elle soupira :

- Vraiment, est-ce que j'ai une tête de demeurée ?

- Non plus.

- Si vous payez ma tête vous amuse, je vous suggère de trouver une autre victime et de ficher le champ illico presto.

- Sinon quoi, Elyle ?

- Ecoutez, je n'ai aucune idée de qui vous êtes, ni même pourquoi vous êtes encore là alors que tout le monde sait que ce site est désormais fermé aux touristes et je n'ai pas la moindre envie de le savoir. Tout ce que je vous demande, c'est de partir et de me laisser faire mon travail tranquillement !

Sombres Héritages-5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant