Sombres Héritages-5

chapitre 11

Le cœur lourd Drake fouilla dans le grand coffre contenant ses effets personnel, c'est-à-dire pas grand-chose. L'emblème d'Ainé qu'il avait gagné sur Altasia après son long et pénible apprentissage afin de succéder à son père. La Maymoralys, une pierre magique translucide de la taille d'un œuf leur permettant d'immortaliser des souvenirs. Il suffisait d'effleurer la pierre pour que l'image se matérialise tel un hologramme.

Le Kaldya de sa mère, Lara, bracelet fait d'or, d'Andorite et de Gradir offert par son père Noah en guise d'alliance. Le voir, lui rappelait le visage de sa tendre mère. Elle avait été la seule à refuser d'emblée la mascarade qu'aurait du être son mariage avec Astéria. Elle avait d'ailleurs fait des pieds et des mains pour que son père, Noah, lui laisse finalement le choix. Dire qu'il lui était reconnaissant, était un euphémisme.

Il l'avait tant aimé... Certains jours, il se demandait si le vide de son absence pourrait s'altérer. Pour cela il lui aurait fallu lâcher prise, chose qu'il ne se permettait pas. Il ne voulait pas l'oublier, il ne voulait pas qu'elle ne soit reléguée qu'au rang de souvenir.

Il ne voulait de surcroit pas imaginer les souffrances ayant été sienne lors de sa mort. La découverte de son corps était l'un des ses pires souvenirs. Deux ans après les faits, son cœur saignait toujours.

Il était responsable de sa mort, de ses souffrances, de son agonie. Lorsqu'il l'avait trouvé, elle était atrocement brûlée, et la vie commençait à la quitter. Il l'avait serré contre lui, pleurant et hurlant son désespoir. Elle l'avait soutenu, désiré une autre vie pour lui, que celle qu'on voulait lui imposer, s'était battue pour cela et elle en avait payé le prix. Son refus d'épouser Astéria avait engendré cette tragédie, la première d'une longue liste...Mais aussi la plus difficile, la plus douloureuse.

Il entendait encore le rire d'Astéria pendant qu'il pleurait sa mère bien-aimée. Cette folle l'avait as-sassiné et il avait juré de se venger. Peu lui importait à ce moment qu'elle fut une femme. Il n'était plus que colère, rancune et il avait besoin de cette vengeance pour se pardonner.

Malheureusement, elle avait tourné court et au lieu de la vengeance tant désirée, il avait du se battre pour sauver sa vie. Sa mère n'aurait jamais voulu qu'il abandonne sa vie. Elle croyait en lui, en ce que le destin lui réservait. Durant des mois, son désespoir avait été tel qu'il aurait fait n'importe quoi pour revenir en arrière. Epouser Astéria et préserver la vie de sa mère et celle de tous les innocents morts sur l'autel de son égoïsme. Il aurait sans doute été malheureux jusqu'à la fin de ses jours, toutefois, sa mort l'aurait liberté.

Aujourd'hui, même la mort ne pouvait lui venir en aide...Il devait vivre avec le poids de ses erreurs dans cette vie et dans l'autre. Il n'y avait rien de bon pour lui, ni maintenant, ni jamais. C'était sa punition, son destin.

Pourtant, il avait un mal de chien à l'accepter...Il ressentait au fond de lui le désire fou de se battre pour récupérer sa vie, pour avoir le droit de choisir de vivre ou mourir libre.

Il rangea la Maymoralys et le Kaldya dans une bourse en cuir et la fourra dans la poche de son pan-talon. Ces objets étaient ses biens les plus précieux et les avoir sur lui, faisaient renaitre l'espoir en lui. Il quitta sa chambre, ignorant délibérément Astéria marchant près de lui, riant de sa sensibilité ridicule à gorge déployée. Bizarrement, les autres semblaient plus calme, même si leurs présences le rendrait malade physiquement. Il avait toujours cette horrible sensation, celle de millions de mains glaciales pénétrant chacun de ses membres pour s'enfoncer dans sa chair et broyer ses os. La douleur d'un coup de glaive, d'une brûlure ou d'un membre cassé était une promenade de santé en comparaison.

- Seigneur, tu as vraiment l'air d'être au trente sixième dessous, fit la voix de l'unique femme dont il permettait une proximité sans que cela ne le mette en danger.