IX.Mathieu

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J'attendais la secrétaire devant son bureau. Au bout de dix minutes d'attente elle arrive, toujours dans sa démarche si fluide et naturelle. Elle me regarde et me sourit et je n'ai pu m'empêcher de le lui rendre. Elle arrive enfin à ma hauteur et elle dit :

-C'est donc vous qui êtes chargé d'être mon tuteur.

-C'est exact.

-Écoutez, M.Jefferson veut que tout se passe pour le mieux pour moi mais je ne suis pas sûre que cela soit nécessaire que vous perdiez votre temps avec moi.

-Je suis désolée mademoiselle... ?

-Rose, mon nom est Rose.

-Moi c'est Mathieu, comme vous avez sûrement dû le voir sur la porte de mon bureau.

-Effectivement.

-Donc Rose, peut-être que vous prétendez être à la hauteur, et je n'en doute pas, mais si M.Jefferson me l'a demandé, je suis obligé de le faire.

-Je vois, tant pis j'aurais au moins essayé de me débarrasser de vous.

-Comment ça ? Ma présence vous déplaît-elle à ce point ?

-Ce n'est pas ça, c'est juste que je suis plutôt du genre solitaire vous voyez ?

-Et bien cela va devoir changer, car vous allez devoir me supporter, et dieu sait que ce n'est pas une mince affaire.

Elle rit, ce qui me fait rire également.

-Et bien Rose savez-vous ce que l'on fait vraiment ici ?

-Non pas vraiment, je sais que cela relève de la fonction économique mais sinon je n'en sais pas plus.

-C'est déjà pas mal, en fait notre travail consiste juste à collaborer avec les autres banques des autres pays du monde afin de faire rentrer le plus d'argent possible.

-C'est vrai que vous avez l'air d'avoir les moyens pour posséder un tel établissement.

-Oui en effet nous les avons. Ensuite vous devez savoir que c'est surtout avec moi que vous travaillerez.

-Pourquoi cela ?

-Parce que c'est moi qui planifie tout ici, enfin tout, du moins c'est moi qui arrange les rendez-vous et les contrats et c'est ensuite vous qui officialisez le tout en faisant nos programmes.

-Je vois, je pensais que mon travail se résumait à distribuer vos emplois du temps et à attendre que l'on me demande quelque chose mais je suis ravie de savoir que j'ai quand même un peu plus d'importance.

Je regarde l'heure et vois qu'il est plus de midi.

-Vous avez quelque chose de prévu pour le déjeuné, je demande à Rose ?

-Non je n'ai rien de prévu.

-Ça vous direz de venir déjeuner avec moi ? Ce n'est pas un rendez-vous galant, rassurez-vous, c'est juste histoire de faire plus ample connaissance entre collègue.

-Très bien, où m'emmenez-vous ?

-Vous connaissez un peu le coin ?

-Je connais un restaurant, c'est le préféré de Jules, mon compagnon.

Je ne sais pourquoi, mais malgré que je m'attendais à ce qu'elle ait quelqu'un dans sa vie, je n'ai pu m'empêcher de ressentir du regret.

-Comment s'appelle-t-il ?

-L'inconnu, tous les jours le menu change et propose toujours des plats uniques au monde.

-Je vois que monsieur a du goût car c'est là que j'aimerais vous emmener.

-Très bien, laissez-moi simplement mettre mon manteau et je vous accompagne.

C'était un petit veston cintré noir qui lui allait à la perfection. Nous nous sommes ensuite dirigés vers le lieu que nous avions convenu, qui se trouvait à dix minutes à pied. Rose regardait droit devant et ses mains étaient dans les poches de son manteau. Je remarque également que les gens nous regardaient en souriant. Que pensaient-ils ? Que nous étions ensemble ? À peine avais-je pensé à cette idée, que des frissons me parcouraient tout le corps. Je n'avais jamais ressenti une chose pareille en présence d'une femme, pas même avec Émilie. Lorsque nous arrivons devant le restaurant, je lui ouvre la porte comme le ferait tout gentleman. Un des serveurs nous montre une table dans un des coins de la salle. Nous pourrons avoir un peu d'intimité. Je tire une chaise et Rose s'assoit tandis que moi je m'assois en face d'elle.

-Quel âge avez-vous Rose ?

-J'ai vingt-quatre ans et vous ?

Vingt-quatre ?! Elle est jeune.

-Vingt-sept. C'est donc votre premier emploi ?

-Disons que j'ai essayé de me trouver des petits boulots d'été afin d'entrer à l'université.

-Vous êtes encore étudiante ?

-Et oui, c'est pour cela que lorsqu'à deux heures j'aurais terminé, j'irais rejoindre le campus universitaire.

-Quelle orientation avez-vous choisi ?

-Je fais des études de lettres.

-Qu'aimeriez-vous faire ensuite ?

-Professeur de littérature.

-Vous aimez lire ?

-Quelle question, je n'aime pas lire, je vis pour lire.

-Quel genre de livre lisez-vous ?

-En ce moment, c'est la New Romance qui est en vogue. Je m'y suis mise et j'ai trouvé cela pas mal, mais je préfère les livres un peu tirés par les cheveux comme le fantastique ou les romans philosophiques.

-Vous avez l'air d'être cultivée et studieuse.

-Pas tant que ça, c'est juste que ma filière me plaît et que je n'ai pas l'impression de travailler un seul instant.

Nous avons mangé nos plats et sommes sortis du restaurant.

-Vous auriez-pu me laisser payer, dit Rose indignée.

-C'est moi qui vous invite, vous êtes têtue !

-Il est vrai, mais j'aurais au moins pu payer ma part.

Elle a continué comme ça jusqu'à ce que nous soyons devant les grilles de notre lieu de travail.

-Et bien Mathieu, il est temps pour moi de vous laisser.

-Bonne fin de journée alors et à demain.

Nous nous serrons la main et nos chemins se sont séparés.

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