XXVI.Rose

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Nous sommes sortis de la salle de réunion et mon père me dit :

-Venez dans mon bureau, j'ai quelque chose à vous dire.

Je voyais rien qu'à son visage que ça n'allait pas. Je le suis donc jusque dans son bureau et après avoir fermé la porte, il s'assoit et commence à me parler sur un ton grave :

-Je ne voulais pas te le dire pour t'inquiéter mais...les temps ne nous réservent pas de très bons jours...

-Pourquoi, que se passe-t-il ?

-Comme tu as sûrement pu l'entendre, l'économie n'est pas à son fort mais ce n'est pas ça le plus grave...

-Qu'est-ce qui peut être plus grave ?

-Moi.

-Quoi toi ?

-Je commence à fatiguer à cause de mon âge et les médecins ont dit que mon cœur n'allait pas tenir éternellement dans ces conditions.

Mon cœur à moi, loupe un battement. Je voyais que mon père commençait à avoir les cheveux grisonnants, des rides et quelques traits de fatigue, mais je ne pensais pas que c'était à ce point.

-Qu'est-ce qu'il faut faire pour que tu ailles mieux ?

-Du repos.

-Mais l'établissement ?

-J'ai la succession juste devant moi.

Je ne savais pas quoi dire, ce n'était pas du tout dans mes projets, je comptais partir à Londres étudier les plus grandes littératures et ainsi pouvoir être l'un des professeurs les plus renommés de notre pays, mais je n'avais dans le même temps pas envie de le laisser seul dans cette situation.

-Je sais que c'est assez gros tout ce qui se passe, mais tu serais excellente si tu arrives au niveau de ma carrière, j'ai toujours cru en toi, tu es capable d'accomplir de grandes choses.

-Je le sais papa, merci mais tu ne penses pas que c'est...un peu tôt ? Tu as mis beaucoup plus de temps quand tu étais avec maman et puis vous avez toujours travaillé ensemble depuis le secondaire. Moi cela fait à peine un mois que je suis ici, je ne me sens pas encore capable de diriger tout un bâtiment à fonction économique et encore moins d'assurer les réunions.

-Mais tu as tout ton temps pour apprendre, je voulais juste t'en informer.

-Merci.

-Fais-moi voir les notes que tu as prises s'il te plaît, que je puisse me les remémorer en détails.

-Tiens.

Je lui tends le calepin et il m'autorise ensuite à sortir du bureau pour que je puisse accéder au mien. Lorsque j'arrive, je vois Mathieu accoudé sur le comptoir.

-Qu'est-ce que tu veux ?

-Rien je veux juste te voir.

-Tu m'as déjà assez vue aujourd'hui, tu ne crois pas, dis-je en le taquinant.

-Oui, mais là je suis venu pour te parler de quelque chose.

-Quoi donc ?

-Tu as appris combien de langues ?

Tout d'un coup j'avais du mal à avaler.

-Pourquoi cette question ?

-Parce que je t'ai observée pendant la réunion et j'ai remarqué que tu ne te débrouillais pas si mal que ça pour traduire ce que disaient ces jeunes gens dans la salle.

-Je suis simplement douée.

-Tu crois sincèrement que je vais me contenter de cette réponse ?

-Oui.

Je rassemble mes affaires car j'allais retourner à l'université mais Mathieu me dit :

-Tout finit par être su.

Je souris en levant les yeux au ciel et pars rejoindre l'université. À la fin du cours d'anglais, le professeur vient me voir et m'annonce :

-J'ai réussi à vous trouver un voyage en Angleterre d'une durée de huit jours. Tout est déjà réglé, l'appartement, les repas, le transport, vous n'avez plus qu'à payer ce que vous voulez.

-C'est très aimable à vous, quand débute ce voyage ?

-Dans dix jours. Si vous n'acceptez pas, dîtes le moi assez tôt que je puisse l'accorder à quelqu'un d'autre.

-Non, j'accepte, j'ai toujours rêvé d'aller en Angleterre.

-Fort bien, sûr ce bonne journée mademoiselle.

Je sors de la salle et me dirige vers le parking afin de prendre ma voiture et de rentrer chez moi. Lorsque j'arrive, je me prépare une tasse de thé vert, prends un livre de John Green et m'installe dans le canapé avec comme accompagnement des cookies avec des pépites de chocolat. Alors que j'étais plongée dans le récit, mon téléphone vibre et je vois qu'il s'agissait d'un message de Mathieu.

« Ma petite fleur peut-elle sortir de son vase ? »

"Disons que je suis confortablement installée dans mon canapé avec ma tisane, mes cookies et mon livre. Donc est-ce que mon homme d'affaires peut sortir de son bureau ? »

« Ne bouge pas, j'arrive ! »

Je ne réponds pas et reprends ma lecture avec beaucoup de difficultés. Je n'arrivais plus à me concentrer, tout ce qui me venait à l'esprit c'était Mathieu. Son visage, son corps, tous les détails me revenaient en tête. Après dix minutes, j'entends la sonnette de la porte. Je me dirige sans trop de précipitation vers celle-ci pour ouvrir à mon invité.

-Me revoilà !

-Viens rentre.

Je ferme la porte et lui dis :

-Pose tes affaires où tu veux.

-Je comprends que tu n'avais pas envie de bouger, dit-il en regardant ce que j'avais laissé sur le canapé.

-Oui, j'aime bien me détendre de cette manière.

Je pousse tout pour ranger un peu afin que nous puissions nous asseoir sur le canapé sans écraser quoi que ce soit. Lorsque nous sommes installés, je ne sais pas comment je dois me tenir, si je dois aller dans ses bras ou non, venir sur ses genoux...

-Que veux-tu faire ?

-Je ne sais pas trop, me répond-t-il, et toi qu'as-tu envie de faire ?

Sans réfléchir, je me mets sur lui à califourchon et je le plaque contre le dossier du meuble.

-Tu n'y vas pas par quatre chemins à ce que je vois.

-Tais-toi et embrasse-moi.

Je ne sais comment ça s'est passé tellement les événements se sont enchaînés rapidement mais ce que je sais c'est que je me retrouvais maintenant avec lui dans ma chambre, sur mon lit, nu. Ma tête était contre son torse et sa main passait dans mes cheveux provoquant une sensation de bien-être. Il fallait que je me l'avoue, je ne pouvais pas me passer de lui, mais ce n'est que Rose qu'il voit. Que se passera-t-il lorsqu'il découvrira la Rose, fille de M.Jefferson ?

Affaires LittérairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant